Vue d’en haut

Après des mois de galère et d’incertitudes, la Limbourgeoise a de nouveau soif de succès.

Classée cinquième joueuse mondiale à une semaine du Masters, Kim Clijsters nage en plein bonheur. Son épaule ne la tracasse plus et ses récentes performances, parmi lesquelles sa victoire au tournoi de Filderstadt face à la Slovaque Daniela Hantuchova, prouvent qu’elle est pratiquement revenue à son niveau du début de saison qui l’avait vue participer aux demi-finales des Internationaux d’Australie.

Tout d’abord, comment va votre épaule?

Kim Clijsters: Très bien. En cette fin octobre, je suis un peu fatiguée parce que j’ai accumulé les rencontres depuis l’US Open. J’ai joué à Tokyo, à Zurich et à Filderstadt et maintenant à Luxembourg. Parfois jusque tard dans la soirée parce que j’étais également engagée en double. A part cela, tout va bien.

Faites-vous encore vos exercices quotidiens?

Oui et c’est absolument obligatoire! Si je saute une journée, je le ressens tout de suite.

Quand avez-vous vu votre médecin à ce sujet pour la dernière fois?

Après Wimbledon. Il était prévu que je refasse des radios après Flushing Meadows mais je n’en ai pas eu le temps. Je le répète: tout va bien. Aujourd’hui, je ne dois plus me retenir ni à l’entraînement, ni en match. Je n’ai aucune crainte pour la saison 2003.

Cette blessure aura gâché une bonne partie de votre saison. Comment l’avez-vous gérée?

Plutôt bien dans l’ensemble. Je me suis toujours efforcée de voir le bon côté des choses. Je ne jouais pas? Ce n’était pas si grave que cela. Le tennis n’est pas tout dans ma vie. J’en ai parlé avec beaucoup de joueuses et elles m’ont toutes dit que les blessures font partie de la vie d’une sportive de haut niveau.

En avez-vous parlé avec des anciennes?

Oui. Pam Shriver notamment, qui m’a dit que cela arrive à tout le monde. Les blessures permettent également de recharger les batteries, ce qui est important vu la longueur de la saison. John McEnroe lui aussi est venu me trouver.

Vraiment?

Oui et c’est lui qui a fait la démarche. C’était à l’US Open où il est commentateur pour la télévision américaine. Moi, je n’aurais jamais osé aller le trouver! Il représente beaucoup trop à mes yeux. Il m’a dit qu’on pouvait apprendre beaucoup d’une blessure.

Même si elle n’est pas encore tout à fait terminée, quel jugement portez-vous sur l’ensemble de votre saison 2002?

Je pense que vu les circonstances, elle a été très bonne. J’ai très bien démarré en Australie en atteignant les demi-finales à Melbourne puis mon épaule m’a obligée à déclarer forfait dans plusieurs tournois. Malgré cela, je parviens à me maintenir dans le top 10 mondial, ce qui est loin d’être évident car de nombreuses jeunes joueuses, particulièrement du bloc de l’Est, arrivent à grandes enjambées.Souvenirs 2002

Quel est votre meilleur souvenir 2002?

Il y en a plusieurs. Je citerai pêle-mêle les demi-finales en Australie, ma victoire contre Venus Williams à Hambourg et mon succès au tournoi de Filderstadt.

Et la victoire de Lleyton Hewitt à Wimbledon?

Oh ouimais je pensais que vous vouliez parler de ma saison à moi! Quand Lleyton a gagné au All England Club, ce fut un moment très spécial pour lui, mais aussi pour moi et pour tous les membres de sa famille.

Vous êtes en passe d’achever votre troisième saison chez les professionnelles. Les journées et les semaines vous apportent-elles encore de la nouveauté ou est-ce la routine qui prédomine?

Il m’arrive encore de disputer des tournois où je ne suis jamais allée. Cette année, Anvers aurait été parmi ceux-là et ne pouvoir m’aligner fut une cruelle déception. Zurich aussi fut nouveau et j’aime cela. Quant à la routine, il arrive qu’elle soit présente mais pas en ce qui concerne le tennis stricto sensu. Plutôt lorsqu’il s’agit de faire mes bagages pour sauter dans un avion. Là, oui, je commence à la sentir.

Votre vie conserve-t-elle encore un côté magique?

Enormément! Le monde dans lequel j’évolue m’émerveille encore. Je reste par exemple encore ébahie quand je croise des personnages comme Steffi Graf ou Andre Agassi. Ce sont des personnes pour qui j’ai énormément de respect. Steffi est venue me trouver dans les vestiaires à Miami. Elle était enceinte et nous avons conversé un long moment. Je suis restée sous le charme et lorsqu’elle est partie, je me suis sentie un peu euphorique.

Vos parents sont souvent présents à vos côtés, même à l’étranger…

C’est le bon côté de mon métier. Ma situation me permet de les faire venir où que je me trouve. Savez-vous par exemple que je vais toujours à l’aéroport, que ce soit pour les accueillir ou pour leur dire au revoir? J’ai besoin de leur soutien.

Que pensez-vous de l’actuelle domination des soeurs Williams? Ne commence-t-elle pas à devenir lassante pour le grand public?

Au début, Venus dominait le circuit. Maintenant c’est au tour de Serena. Ce n’est donc pas toujours la même fille que le public voit lever les trophées. Cela étant, leurs face à face répétés en Grand Chelem a de quoi lasser, c’est vrai. On commence d’ailleurs à sentir que le public nous soutient davantage que par le passé quand on les affronte. C’est à la fois normal et un peu injuste. Venus et Serena sont tellement fortes qu’il n’y a strictement rien à leur reprocher. Lindsay Davenport, Monica Seles, Jennifer Capriati, Justine Henin et moi-même pouvons toutes les battre mais elles sont plus constantes dans leurs résultats que nous. C’est pourquoi elles méritent amplement les deux premières places mondiales.Martina Hingis

Qui mérite selon vous la troisième place mondiale?

Si Lindsay Davenport n’avait pas été longtemps blessée, c’est elle qui occuperait le poste. Ensuite, nous sommes plusieurs à briguer la place. La lutte est très serrée et le sera encore plus à l’avenir pour les raisons déjà précitées.

Et Hingis dans tout ça, vous n’en parlez pas…

Martina éprouve les pires difficultés à revenir au plus haut niveau. La raison est simple: elle manque de puissance et son service est trop faible. Quand elle affronte des joueuses dotées d’un bon retour, elle est vite dépassée. Elle doit travailler très dur si elle veut revenir. C’est d’autant plus frustrant pour elle qu’elle était encore numéro un mondiale il n’y a pas si longtemps. Mais son jeu est toujours là. A l’entraînement, elle joue toujours très facile et ses balles frôlent constamment les lignes.

Nous sommes à une semaine du Masters, pensez-vous pouvoir le gagner?

C’est difficile à dire puisque comme chacun le sait, les soeurs Williams seront de la partie. Le fait que nous jouerons à Los Angeles, c’est à dire presque dans leur jardin, augmentera encore leur motivation. Le Masters est une compétition à part parce qu’elle vous oblige à entrer directement dans le tournoi. Il n’y a pas de temps mort. Moi, j’aime ça.

Justine Henin va bientôt se marier. Participerez-vous à la cérémonie?

Maleureusement non parce que je pars pour l’Australie deux jours avant. Nous avons déjà beaucoup parlé de ce sujet ensemble et elle est très excitée à l’idée d’épouser Pierre-Yves Hardenne. Je dois d’ailleurs encore lui acheter un cadeau mais je ne sais vraiment pas quoi lui offrir. C’est toujours la même chose. A chaque fois que je veux offrir quelque chose à Lleyton, je ne sais pas quoi choisir.

Le mariage justement, vous en pensez quoi en ce qui vous concerne?

Je veux me marier un jour et fonder une famille. C’est certain. Pour l’instant, je veux encore profiter de ma relation avec Lleyton comme une relation entre un petit ami et une copine. Je me marierai le jour où je pourrai passer mon temps libre avec mon mari. Ce qui est loin d’être le cas pour l’instant. Ma vie est trop chaotique.

Combien de temps encore pensez-vous jouer au tennis?

Difficile à dire. Je répète ce que j’ai déjà dit précédemment: je suis sûre que j’aurai arrêté avant mes 30 ans. Pour le reste, je crois que je jouerai encore pendant cinq ou six ans. Tout dépendra de mon état de forme, si je suis encore ou non dans le top 10.Kim Gevaert

Qui va récolter le titre de sportive de l’année en Belgique?

Franchement je n’en sais rien mais je peux déjà vous dire que ce ne sera pas moi. Je pense d’ailleurs que le choix ne sera pas très difficile.

Qui mérite les lauriers?

Kim Gevaert. Elle a réalisé des performances qui la placent en situation de grande favorite.

Absente à Sydney, serez-vous de la partie aux Jeux olympiques d’Athènes?

Trop tôt pour le dire. Tout ce que je sais c’est que le fait de devoir jouer sur terre battue juste avant l’US Open de New York qui se déroule comme chacun le sait sur ciment, est une mauvaise décision pour le tennis féminin. Il en va de même pour les hommes.

Vous ne semblez guère motivée à l’idée de défendre les couleurs belges…

J’ai dit et je répète que le tennis n’est pas, selon moi, un sport olympique comme peut l’être la natation. Les nageurs attendent cet événement pendant quatre ans. Nous pas. Nous avons les tournois du Grand Chelem, puis seulement viennent les JO. L’US Open est plus important qu’Athènes.

Comment voyez-vous la saison 2003?

Comme celle qui est en passe de s’achever, ni plus ni moins. Si les soeurs Williams, et Serena en particulier, ne se blessent pas et continuent de travailler comme elles le font, elles domineront encore la saison. Et derrière, la bagarre continuera d’être âpre.

Florient Etienne

« Les blessures font partie du métier »

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