Vous fumez?

Après la route et le cyclocross, le vice-champion olympique de VTT veut tâter de la piste.

Popeye sifflote en parcourant son agenda. Gert-Jan Theunisse, son ancien manager, a surnommé ainsi Filip Meirhaeghe à cause de sa musculature plus développée que les autres coureurs. Il se distingue aussi par ses déclarations matamoresques, même s’il est, au fond, modeste. La semaine prochaine, il devait participer aux Six Jours de Gand mais une inflammation du genou l’a contraint à déclarer forfait.

Avant, vous optiez pour le cyclocross. Pourquoi la piste?

Filip Meirhaeghe Je n’avais pas encore programmé de cyclocross quand Patrick Sercu m’a proposé les Six Jours. C’était un vieux rêve, puisque je suis Gantois. En cyclocross, cependant, on ne roule pas dans la fumée ni le soir et on n’est pas au lit à deux heures et demie. Sur piste, en revanche, on est à l’abri des intempéries et on peut travailler en souplesse et en vitesse.

Patrick Sercu a déclaré que vous seriez un plus pour son épreuve et que vous deviendriez le chouchou du public à la place d’Etienne De Wilde!

Matthew Gilmore m’a raconté que lors de sa première participation, il avait pris 39 tours dans la vue. Je suis connu dans la région mais je ne peux remplacer une valeur établie comme De Wilde d’un coup de cuillère à pot. La piste était son gagne-pain.

Pourquoi avez-vous choisi le VTT?

J’ai commencé à rouler à 16 ans sur la route. Ce n’est qu’ensuite que j’ai combiné le VTT avec la route et le cyclocross. Je cherchais un hobby. Je voyais ça comme un choix entre un sport des années ’50 et un hobby moderne.

Vous avez obtenu six victoires en Coupe du Monde, vous avez été champion d’Europe en 2000 et vice-champion olympique cette même année, ainsi que vice-champion du monde et numéro un mondial cette saison. Quelle performance appréciez-vous le plus?

Ma deuxième place à Sydney est la plus importante, même si la Coupe du Monde compte aussi. Je veux tout gagner. Il est difficile de choisir car 2000 et 2002 ont été fantastiques. J’ai été plus régulier cette année. J’ai figuré sur le podium dans quatre des cinq courses de Coupe du Monde et une fois cinquième.

Battant comme vous l’êtes, vous râlez d’avoir loupé deux médailles d’or…

Oui. L’année prochaine, je veux être au sommet pour le Mondial, sans laisser tomber la Coupe du Monde. Et la saison suivante, place aux Jeux.Moins flashy le VTT?

Le VTT semble avoir perdu de son lustre. Pourquoi?

Sa popularité n’est pas entamée, elle piétine un peu. Houffalize attire beaucoup de monde. La vente des VTT stagne mais ceux qui ont un vélo ne vont pas en acheter un neuf immédiatement. Sur le plan du sponsoring, la Belgique est en retard, à cause de la route et du cyclocross. En plus, le VTT dépendait presque exclusivement du sponsoring de fabricants de cycles. Toutefois, grâce aux Jeux, d’autres sociétés commencent à se manifester.

Votre victoire en Coupe du Monde vous a rapporté 3.750 euros!

Il faut devenir sportif pour le plaisir de livrer de bonnes prestations, pour vous-même. Je suis déjà heureux d’avoir pu transformer mon hobby en profession et je ne gagne pas mal ma vie. Je ne serai pas riche mais que doit dire un cycliste quand il voit les primes des tennismenou des golfeurs?

Cette saison, sur route, vous avez roulé avec des vélos Colnago et en VTT avec Specialized; des marques concurrentes.

Je n’avais rien sur papier du Crédit Agricole et je ne pouvais attendre. Du coup, jusqu’à la fin des Jeux, je vais rouler pour Specialized. Sur route, je serai sans doute dans l’équipe de Cipollini, qui va utiliser Specialized.

D’anciens spécialistes du VTT brillent sur route. Cadel Evans a eu le maillot rose au Giro et Miguel Martinez s’est distingué au Tour…

Si j’étais resté au Crédit Agricole, je roulerais sans doute le Giro. éa ne m’aurait pas déplu mais les Jeux d’Athènes constituent mon objectif en VTT.

A Sydney, vous êtes monté sur le podium durant la cérémonie de clôture (ce qui était interdit) pour vous faire remarquer?

La sécurité aurait dû m’en empêcher mais elle a été trop lente (il rit). Nous avions fait la fête une semaine, nous étions euphoriques. Peter Van den Abeele, Roel Paulissen et moi voulions faire quelque chose. Nous avons eu peur mais j’ai osé. Que pouvait-on me faire à part m’expulser du podium et du stade?

Vous avez eu une amie australienne et votre compagne actuelle, Susan, est américaine. N’aimeriez-vous pas les Belges?

Beaucoup de femmes belges sont apprêtées. Elles ne se montrent pas telles qu’elles sont vraiment. Susan et moi sommes bien. Nous avons des projets de mariage. Et plus tard, nous voulons des enfants. Plus tard. Enfin, d’après ce que je sais! (il éclate de rire).

Roel Van den Broeck

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire