Vous êtes Benoît XVI ou Prandelli ?

 » Le football n’est pas qu’une question de vie ou de mort, c’est bien plus que cela « . Ainsi parlait Bill Shankly au siècle dernier.  » Qu’est-ce que ce jeu-là ? Démoniaque et divin « , ajoutait Marguerite Duras. Et oui ! On n’est pas dans la merde. Foot, religion, guerre, vie, mort : tout est lié. Tout fout le camp.

Benoît XVI est en train de se faire dégommer parce qu’il a voulu plus de clarté dans sa paroisse. Parce qu’il a trop la vocation spirituelle et pas assez politique. Voilà, presque, qui nous le rendrait sympathique. Lui qui dirige le plus petit Etat du monde mais pèse sur les consciences de plus d’un milliard de convaincus. On ne peut s’empêcher de faire la comparaison avec notre pape à (malgré) nous. Sauf qu’avec Sepp Blatter, on a l’impression que sa vocation à lui est exactement inverse de celle du représentant de Dieu. Pourtant, le chef de la FIFA règne sur presque autant de pèlerins, pratiquants ou non.

Et puis y a l’évêque Michel dont l’Europe est le diocèse. En v’là un qui ne se pose pas toutes ces questions. Vaut mieux par les temps qui courent. Platini a offert un EURO à un pays qui n’en a pas et à un autre qui en a mais qui s’en sert mal. L’Ukraine est une dictature ; la Pologne, un géant qui a du mal à mettre ses idées en perspective avec sa grandeur. Pourtant, on se dit qu’il a bien fait Michel. Bien fait de tendre la main. De tendre un ballon (espérons-le) d’oxygène à ces deux pays.

On va très vite savoir si le terrain de jeu de cet EURO sera d’un vert j’espère. D’un bel espoir d’avenir ou du noir désespoir de ruelles glauques où l’infamie s’exprime. Cela dit, les deux se rejoignent parfois.

Au pays du Saint-Siège, les tremblements de terre, c’est au propre comme au figuré. L’Italie est en plein chaos, en pleine crise. Son équipe nationale de foot n’en sera que plus dangereuse. L’orgueil italien, ne s’exprime jamais aussi bien quand il porte le maillot bleu de la Squadra Azzurra.

1980 : scandale du Totonero mais campione del Mondo en 1982

2006 : Calciopoli mais idem avec, symbole des symboles, Méphisto Materazzi qui expédie le divin Zidane en enfer.

2012 : il y a le Calcioscommesse, mais on se dit que l’Italie a les arguments pour aller au bout de cet EURO. Que le fiasco de 2010 a été retenu. Qu’après les confessions, on peut atteindre la rédemption. Certes, un EURO est plus relevé qu’un Mondial. Justement, plus c’est haut, plus c’est bon pour des Italiens en quête de revanche. D’autant qu’à leur tête, il y a un homme d’exception. Cesare Prandelli résume tous les paradoxes de ce pays magnifique.

Sa valeur et ses valeurs vont faire de son équipe une véritable armada. Prêcher la bonne parole à travers le beau jeu, mais aussi avec les bonnes manières, comme il le faisait avec la Fiorentina.

Prandelli m’a offert un des plus beaux moments de mes pèlerinages un soir de Fiorentina-Bayern. Les locaux jouent super bien, gagnent 3-2 mais sont éliminés en huitièmes de la Ligue des Champions. Au coup de sifflet final, les joueurs s’effondrent sur la pelouse. Lourds de fatigue et ivres de déception. Ils se relèvent et attendent à l’entrée du tunnel les joueurs du Bayern qui communient leur joie avec leurs supporters. Plus de 10 minutes d’attente, pour faire une haie d’honneur et applaudir leurs adversaires et pas leurs ennemis. Honneur à toi Cesare. Toi qui a repris ce vieux rite britannique encore en vogue en rugby. Une heure plus tard, dans les couloirs du vieux stade Artemio Franchi, on lui demande  » Mister, vous arrivez à garder le sourire ?  » Il répond qu’il est déçu  » mais pas triste car j’ai vu un superbe match de football « . Merci, rien à ajouter. Enfin presque.

Benoit XVI a dit :  » Qu’est ce qui prouve que Dieu existe ? » Mais non, il n’a pas dit ça, c’est pour rire hein ! Cette question, c’est de la bonne foi. Celle qui croit en l’homme. Celle qui croit en Cesare Prandelli.

Prandelli résume tous les paradoxes de l’Italie

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