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VOUS AVEZ DIT EXCENTRIQUES ?

Des joueurs qui doivent manger des testicules de mouton, un président qui embrasse les fesses de son attaquant et lui offre un chameau, un propriétaire qui boute le feu à son stade… En Angleterre, certains patrons sont plutôt spéciaux. Voici le Top 10.

Un homme plein de bon sens, qui gère le club en bon père de famille et qui a un projet sportif à long terme : c’est généralement ce que les supporters attendent de leur président/propriétaire. Mais, ces dix dernières années, le football anglais – de la Premier League à l’anonymat de la League Two, le quatrième niveau – a été envahi par des personnages excentriques. Certains ont été accueillis à bras ouverts avant d’être chassés quelques mois plus tard. D’autres sont partis comme des voleurs ou ont atterri en prison.

Certes, quelques clubs ont tiré un large bénéfice de l’apport de leur richissime propriétaire, comme Chelsea (Roman Abramovitch) et Manchester City (le cheikh Mansour bin Zayed Al Nahyan). Mais la grosse majorité a été confrontée à des  » atteintes au patrimoine  » (changement de nom ou de couleurs), a redescendu les échelons dans la hiérarchie à la vitesse de l’éclair ou a été plongée dans un trou financier. Petit tour d’horizon.

10 KEN BATES

CLUBS: Oldham Athletic (1965-1970), Wigan Athletic (1980-1982), Chelsea FC (1982-2003), Leeds United (2005-2013)

 » Tu es viré.  » Le message adressé par GFH Capital à Ken Bates, en juillet 2013, était aussi court qu’explicite. Sept mois plus tôt, le propriétaire de Leeds United, âgé de 82 ans, avait vendu le club pour 75 millions d’euros à la société d’investissement de Bahrein. Bates avait été autorisé à rester président (d’honneur) jusqu’à ce que le nouveau propriétaire découvre que l’Anglais avait encore signé rapidement un contrat avec 247 Jet, qui devait l’emmener en jet privé, pour 750.000 euros, de sa résidence monégasque à Leeds sur une période de trois ans. C’est de cette manière qu’a été mis fin à un demi-siècle de controverse.

Bates a débuté comme propriétaire, au milieu des années 60, à Oldham Athletic. Le prix des billets a d’emblée grimpé en flèche et les supporters ne l’ont jamais digéré. À Wigan Athletic, il a été porté aux nues dans un premier temps. Des vedettes ont été achetées par dizaines, et les Latics ont été promus, même si Bates avait acheté Chelsea quelques mois plus tôt. Les Blues végétaient à l’époque en D2. Il a payé une Livre symbolique pour se rendre propriétaire du club. 21 ans plus tard, Roman Abramovitch l’a racheté pour 86 millions et a effacé intégralement les dettes (100 millions).

Bates appelait les supporters des  » parasites  » et a consommé neuf managers du côté de Stamford Bridge. Même Matthew Harding, le vice-président qui a investi 40 millions et est décédé dans un accident d’hélicoptère en 1996, a été sali après sa mort.  » An evil man. Le club se porte mieux depuis que Harding n’est plus là…  » Aucun grand succès n’a cependant été remporté, alors que les dettes s’accumulaient. L’offre d’Abramovitch est tombée à point nommé, même si Bates voyait les choses autrement.  » Désormais, Chelsea sera géré par un groupe d’investisseurs sibériens.  »

Pendant le peu de temps où Bates a été président du stade de Wembley, au changement de millénaire, le Premier ministre Tony Blair en a aussi pris pour son grade.  » Je l’avais invité, lui et sa femme, et subitement il a demandé cinq tickets. I told him to fuck off !  » Les journalistes un peu trop critiques ? Il ne les supportait pas davantage.  » Je pars me réfugier dans ma villa à la campagne. Bien le bonjour chez vous.  »

À Leeds United, les enfants et les étudiants devaient payer le tarif plein ( » S’ils veulent venir au football, ils n’ont qu’à se trouver un boulot « ), et les personnes à mobilité réduite ne bénéficiaient plus d’une entrée gratuite pour leur accompagnateur. Malgré ça, les dettes ne diminuaient pas, au contraire. Le club a été mis en liquidation en 2007, Bates est resté au pouvoir avec le soutien de sociétés offshore. Jusqu’à ce qu’il vende le club en décembre 2012, et parte se réfugier dans le paradis fiscal de Monaco avec sa troisième épouse.

9 PETE WINKELMAN

CLUBS: Wimbledon FC (2000-2003), MK Dons ( 2004-aujourd’hui)

 » The Crazy Gang has beaten the Culture Club « , s’est écrié le commentateur de la BBC John Motson en mai 1988, lorsque Wimbledon FC – qui évoluait encore en D4, 11 ans plus tôt – a remporté la FA Cup au détriment de Liverpool. The Crazy Gang, un rassemblement de footballeurs à la technique rudimentaire : Vinnie Jones, Dennis Wise, John Fashanu… Ils sont restés des héros dans le sud de Londres, même après la disparition du club en 2003, après 114 ans d’existence.

Après le drame d’Hillsborough à Sheffield, Plough Lane a été fermé en 1991 et le club a dû déménager à Selhurst Park, l’antre de Crystal Palace. Ce ne fut pas un succès. Pas assez ancré dans la tradition, a constaté le président Sam Hammam, qui a envisagé de transférer le club à… Dublin.

Les supporters se sont révoltés et Hammam a vendu le club à deux investisseurs norvégiens, mais après avoir été relégués de Premier League, les Wombles ont accusé le coup financièrement et des personnages douteux ont fait leur apparition dans le comité de direction. Comme Pete Winkelman, qui avait fait carrière dans l’industrie de la musique (CBS) et qui s’intéressait surtout à son ami David Beckham « , dont il avait aidé la femme Victoria à enregistrer son album solo dans son studio.

 » Le monde du football est plus compliqué que le monde de la musique. Beaucoup plus émotionnel « , a expliqué Winkelman en 2001, lorsque les supporters se sont opposés au déménagement du club à Milton Keynes, à 90 kilomètres de Wimbledon. Les supporters étaient à ce point excédés qu’ils ont fondé l’AFC Wimbledon, qui a recommencé en… 9e division.

Winkelman a mis son plan à exécution, a déménagé le club en 2003 et l’a rebaptisé MK Dons FC, tout en changeant ses couleurs. Cette saison, l’AFC Wimbledon joue en League One, après être monté six fois en 14 saisons. Il joue, pour la première fois, dans la même division que son ennemi.  » Nous aurions dû rester à Wimbledon. Cette décision de déménager s’est révélée catastrophique « , a reconnu Winkelman.

8 FREDDY SHEPHERD

CLUB: Newcastle United (1997-2007)

 » La pire décision que j’ai prise, fut de faire venir Michael Owen – vainqueur du Ballon d’Or en 2001 – à St James’ Park « , a affirmé Freddy Shepherd en 2007, alors qu’il faisait le bilan de dix années à Newcastle United. Il a déboursé 25 millions d’euros pour faire venir l’ancien attaquant de Liverpool, mais celui-ci n’a inscrit que 30 buts en 79 matches sur les bords de la Tyne. Owen a gagné 176.000 euros par… semaine, pendant quatre saisons. Un contrat qui témoigne de la folie mégalomane de ce fils d’un chauffeur de poids lourd.

Freddy Shepherd, un self-made man qui s’est enrichi grâce au transport de marchandises et au développement de projets, s’est intéressé aux Magpies à la fin des années 80. Il était le bras droit du président John Hall et, à ce titre, a transféré Alan Shearer en 1996, en déboursant 19 millions d’euros, ce qui faisait à ce moment-là de Shearer le footballeur le plus cher au monde. Lorsque Sir John s’est retiré quelques années plus tard et que Shepherd est devenu président, tout s’est déglingué.

Il s’est fait piéger par Mazher Mahmood, un journaliste qui s’est présenté comme investisseur, déguisé en cheikh. Les deux hommes se sont ren-contrés dans un… bordel, où Shepherd a offensé les supportrices des Magpies.  » Ce sont des chiennes, comme beaucoup de femmes en Angleterre. J’aime les blondes, avec de gros seins et de belles cuisses. Les Noires ? Non, merci.  »

Sa rencontre avec le faux cheikh a fait la une du journal, qui ne s’est pas privé de relater toutes ses déclarations. Dont ses allusions aux  » supporters stupides, qui dépensent beaucoup d’argent pour du merchandising bien trop onéreux « , et ses critiques à l’encontre de l’icône Shearer,  » une version ennuyeuse de Mary Poppins.  »

Les supporters l’ont conspué, mais cela ne l’a pas empêché de prendre d’autres décisions impopulaires. En 2004, lorsqu’il a limogé le manager Bobby Robson, Shepherd s’est rendu compte qu’il allait entrer dans l’histoire comme  » l’homme qui a tué Bambi.  » Trois ans plus tard, il a vendu le club à Mike Ashley, plus imprévisible que la météo anglaise et tout aussi impopulaire.

7 SAM HAMMAM

CLUBS: Wimbledon FC (1977-2000), Cardiff City (2000-2010)

 » Dans l’une de mes clauses, il était écrit que je devais manger des testicules de mouton, sinon notre accord serait rompu « , a expliqué le défenseur central Spencer Prior, qui jouait en 2001 à Cardiff City, le club du propriétaire Sam Hammam. L’homme d’affaires libanais a fui Beyrouth en 1975, a emménagé à Wimbledon et acheté deux ans plus tard le club de Wimbledon FC pour 60.000 euros. C’était un petit club amateur du sud-ouest de Londres. En 1981, Hammam en est devenu le propriétaire et l’a hissé en Premier League, après quatre promotions. Le Libanais, un homme cultivé qui faisait souvent référence à John Keats et Lord Byron, se sentait comme un poisson dans l’eau au milieu du Crazy Gang.

Il a brûlé les vêtements des nouveaux arrivés, a obligé les joueurs à manger arabe après une défaite, a enfermé Robbie Earl dans une petite chambre jusqu’à ce qu’il ait signé son contrat et pouvait – en vertu d’une clause dans le contrat du manager Bobby Gould – modifier la composition de l’équipe jusqu’à 45 minutes du coup d’envoi. Et, lorsque Dean Holdsworth a atteint le total de 15 buts, il a tenu sa promesse et a embrassé les fesses dénudées de son attaquant, qui a aussi reçu un… chameau en cadeau. Incroyable mais vrai. En dépit des excentricités de son propriétaire, le succès du Wimbledon FC ne s’est pas démenti : en 1988, le Crazy Gang a remporté la FA Cup. Mais la relation avec les supporters s’est détériorée, surtout après le déménagement (forcé) à Selhurst Park, où il a régulièrement paradé aux côtés d’un… éléphant. Après ses projets de déménagement vers Dublin, son sort était scellé et il a vendu le club. Etape suivante : Cardiff City, un club gallois qui évoluait en D4 et qu’il a hissé en Championship en quatre saisons.

Mais, comme à Londres, il a commis l’erreur de s’attaquer à la tradition. Il a voulu changer le nom du club pour en faire les Cardiff Celts, et également les couleurs – bleu et blanc – qu’il a voulu transformer en vert, rouge et blanc, comme le drapeau gallois. Sacrilège ! En mai 2010, lorsqu’il était submergé par les dettes, Vincent Tan a mis fin à son calvaire.

6 JOHN BATCHELOR

CLUB: York City (2002-2003)

 » C’est ce que je fais toujours : I fuck companies ! « , a prévenu John Batchelor, lorsqu’il est apparu qu’il avait versé l’argent destiné au sponsoring de York City dans sa propre poche. Avec l’arrivée de Batchelor, les supporters de York sont passés de la peste au choléra. Son prédécesseur Douglas Craig avait vendu le club en 1990 à Michael Sinclair – un… prêtre – et vendu le stade pour des cacahuètes à un holding dont il était lui-même le propriétaire. Pour la vente du club, il avait demandé 14 millions. Lorsque York City est descendu en D3 et s’est retrouvé virtuellement en faillite, Batchelor s’est manifesté. Un homme à l’ego démesuré qui se faisait appeler John B&Q ou John Top-Gear. L’homme d’affaires/pilote de rallye/politicien a prétendu avoir payé 6 millions d’euros, mais on a découvert par la suite qu’il avait acheté le club pour une Livre symbolique. Batchelor a changé le nom en York City Soccer Club, afin de séduire d’éventuels investisseurs américains.

En vain. Le changement de nom n’a pas été un succès, d’autant qu’il a investi l’argent du sponsoring dans une belle villa ou dans son team de rallye. Lorsque la faillite est devenue inéluctable et qu’il a été à plusieurs reprises menacé de mort, il s’est réfugié dans la boisson et a démissionné après un peu plus d’un an. Il est décédé en 2010, lorsque son foie l’a lâché.

5 FLAVIO BRIATORE

CLUB: Queens Park Rangers (2007-2010)

 » Investir dans un club de football, ça peut être une bonne idée mais seulement si on cherche une manière de gaspiller son argent le plus rapidement possible « . C’est ainsi que Flavio Briatore a évalué sa période aux Queens Park Rangers, qu’il a achetés en 2007 avec le soutien financier du gourou de la F1, Bernie Ecclestone, et du multimilliardaire indien Lakshmi Mittal, propriétaire d’ArcelorMittal.

L’homme d’affaires italien n’avait pas très bonne réputation dans son pays, où il avait été condamné à deux peines de prison pour fraude et paris truqués, mais a réussi à intégrer le cercle des amis intimes de Luciano Benetton, qui l’a engagé comme directeur de ses magasins aux Etats-Unis et nommé directeur commercial de son team de F1.

Briatore a fait venir Michael Schumacher chez Benetton, qui a remporté le titre de champion du monde en 1994 et 1995 grâce à l’Allemand. Après la reprise par Renault, il a réédité cet exploit avec Fernando Alonso, jusqu’à ce que l’on découvre qu’il avait donné l’ordre à Nelson Piquet Junior de se cracher à Singapour afin de permettre à Alonso de gagner la course. Exit Briatore, donc, qui a tenté de se refaire une santé à QPR.

Il rêvait de jouer la Champions League à Loftus Road, a autorisé des cameramen à filmer dans le bureau de la direction et a usé neuf managers en trois ans.  » Si quelqu’un ne donne pas satisfaction, il faut s’en séparer’, s’est justifié l’Italien, très porté sur les beautés féminines. Il a notamment eu des relations avec les mannequins Naomi Campbell et Heidi Klum, qui lui a donné une fille.

4 VINCENT TAN

CLUB: Cardiff City FC ( 2010-aujourd’hui)

 » Le rouge, c’est la couleur de la joie, et celle qui se vend le mieux en Asie. Manchester United et Liverpool jouent aussi en rouge et ont plus de succès que Cardiff City « , a déclaré Vincent Tan en 2012, deux ans après avoir repris le club. Les Bluebirds qui joueraient en rouge ? Même la mère de l’homme d’affaires malaisien trouvait que ce n’était pas une bonne idée. Et elle a proposé un compromis : Cardiff City jouerait en bleu à domicile et en rouge à l’extérieur.

Le joli bluebird (merle bleu) qui figure sur l’écusson devait laisser la place à un dragon rouge, le symbole du Pays de Galles, selon Tan. Et, ajouta-t-il :  » Le merle bleu n’a pas porté chance à Cardiff jusqu’ici, car à l’exception d’une FA Cup en 1927, le club n’a encore rien gagné.  » Et ce n’était pas sa dernière excentricité. Le propriétaire, superstitieux à l’extrême, s’est mis à la recherche de joueurs dont la date de naissance comportait un 8, chiffre porte-bonheur, et s’est posé de  » sérieuses  » questions sur l’incapacité de son gardien David Marshall à… inscrire des buts !

En avril 2013, le club a été promu en Premier League pour la première fois depuis 51 ans, ce qui a incité le Malaisien à faire une nouvelle proposition.  » Peut-être devrions-nous changer le nom du club en Cardiff Dragons. Ce serait tout de même mieux que Cardiff City, non ?  » TAN OUT ! Les banderoles déployées dans le Cardiff City Stadium étaient on ne peut plus explicites. Et la colère des supporters a encore pris plus d’ampleur lorsque le manager Malky Mackay, très populaire, a été renvoyé.

Après avoir consommé sept managers, le club rejoue en D2. Entre-temps, le responsable des transferts a été remplacé par Alisher Apsalyamov, un Kazakh de 23 ans qui, quelques mois plus tôt, peignait encore les murs du stade.  » Lorsque je ressentirai que je ne suis plus apprécié ici, je partirai sur-le-champ « , a rigolé Tan.

3 MASSIMO CELLINO

CLUB: Leeds United ( 2014-aujourd’hui)

 » Si c’était à refaire, je ne rachèterais jamais le club. Je ne me sens même pas en sécurité, ici. Ma famille ne vient jamais me rejoindre à Leeds, elle a trop peur des supporters « , a déclaré Massimo Cellino au début de l’année passée, peu après que son fils Edoardo ait été suspendu et mis à l’amende (75.000 euros) par la fédération anglaise pour avoir offensé les supporters des Whites sur les réseaux sociaux.

Cellino fut, pendant 22 ans, l’homme fort de Cagliari, où il a usé pas moins de 36 ( ! ) entraîneurs, ce qui lui a valu dans les médias son surnom d’Il mangia-allenatori (celui qui mange les entraîneurs). Quelques mois avant qu’il ne vende le club sarde, en 2014, Cellino avait eu le coup de foudre pour Leeds United, un monument du football anglais tombé de son piédestal. À Elland Road, il n’a pas tardé à faire honneur à sa réputation de mangeur d’entraîneurs. Il est rapidement devenu, là aussi, The Manager Eater. Sa première victime, deux mois après son arrivée, fut Brian McDermott. Dave Hockaday a tenu six matches, Neil Redfearn, quatre matches. Son successeur slovène, Darko Milanic a dû plier bagage après six matches sur le petit banc. Depuis avril 2014, le compteur affiche 8.

Cellino, qui fut en son temps le plus jeune président de Serie A, a encore pris d’autres décisions étranges. À Elland Road, il a remplacé tous les sièges portant le numéro 17 – un chiffre porte-malheur, selon lui – par le 16B. Et, depuis son arrivée, le maillot numéro 17 n’est plus attribué. Au début de cette année, il a vendu 50 % des actions à Andrea Radrizzani, fondateur de MP&Silva qui détient les droits de la Jupiler Pro League.

2 GEORGE REYNOLDS

CLUB: Darlington FC (1999-2004)

 » Les supporters peuvent avoir leur avis, mais alors ils ne doivent pas s’étonner que j’en prenne un par le cou et que je lui rende visite à deux heures du matin « , a déclaré George Reynolds en 2003, quelques semaines après l’inauguration de la Reynolds Arena, le stade flambant neuf d’une capacité de 25.000 places de Darlington FC, un petit club de la Conference National – la 5e division – qui ne joue que devant 2.000 spectateurs en moyenne.

Reynolds a acheté le club en 1999 et rêvait de la Premier League. Ceux qui doutaient de ses ambitions étaient directement rappelés à l’ordre.  » Ma femme m’excite toujours autant, mais ce qui m’excite encore plus, c’est de prouver à mes détracteurs que j’ai raison « , a déclaré le millionnaire de Sunderland qui, à l’adolescence, a écopé de six mois de prison pour vol et commerce de cigarettes.

Reynolds n’a pas retenu la leçon et a continué à accumuler les peines de prison. Son  » palmarès  » était impressionnant : contrebande de montres, effraction de coffre-fort, détention d’explosifs, vol…  » La prison m’a été bénéfique. J’avais tout mon temps pour étudier et réfléchir à la manière de gagner de l’argent légalement.  »

En 2000, avec sa firme de cuisines, il a intégré pour la première fois la liste des Britanniques les plus riches, à la 112e place, avec une fortune estimée à 400 millions d’euros. Jet privé, yacht, hélicoptère, villa avec piscine, villa en Espagne et… un club de football.

Mais, quelques années plus tard, il s’est à nouveau retrouvé derrière les barreaux, pour fraude fiscale et blanchiment d’argent. Lorsqu’il a été arrêté, la police a découvert 750.000 euros dans le coffre de sa Mercedes grand luxe. Darlington FC ? Déclaré en faillite en 2012. Les supporters ont alors décidé de repartir sous un nouveau nom – Darlington 1883.

1 KEN RICHARDSON

CLUB: Doncaster Rovers (1993-1998)

 » Ken Richardson est le genre de type qui bousculerait un enfant s’il apercevait une petite pièce de monnaie sur le sol « . C’est ainsi que des détectives ont décrit le propriétaire des Doncaster Rovers lors d’une enquête sur un incendie qui a ravagé en partie le stade Belle Vue en 1995. Richardson, propriétaire d’une écurie et parieur qui prétend avoir gagné 150.000 euros par an au tiercé, a traîné derrière lui une fâcheuse réputation pendant trois décennies. Au début des années 80, il a été suspendu pour 25 ans, lorsqu’on a découvert qu’il avait fait courir un cheval sous un autre nom.

Il a joué au football au Bridlington Town FC, un petit club qu’il a doté d’une nouvelle tribune, d’un club-house et d’un nouvel éclairage. Etape suivante : Doncaster Rovers, où il a engagé des amis et promu le gérant du fan-shop – Mark Weaver – au poste de directeur général. Lorsque les résultats sportifs n’ont pas suivi, Weaver s’est assis lui-même dans le dug-out. L’homme d’affaires, qui a fait fortune avec une société qui fabriquait des sacs en papier et en plastique, rêvait depuis des années d’un nouveau stade, sans parvenir à réaliser son projet. Guère habitué à ce qu’on lui mette des bâtons dans les roues, il a payé 15.000 euros à un ancien soldat pour bouter le feu. Il y est parvenu, mais a été démasqué lorsque le gsm du pyromane a été retrouvé dans la tribune. Il comprenait un sms envoyé à Richardson : The job’s been done… L’homme a été condamné à quatre ans de prison.

Doncaster Rovers s’est retrouvé en faillite virtuelle, a dû demander des maillots à Sheffield United pour terminer le championnat et a ensuite disparu du paysage du football anglais en 1998.  » La prison est le seul endroit où Mister Richardson est à sa place « , a déclaré le juge lors de son réquisitoire.

PAR CHRIS TETAERT – PHOTOS BELGAIMAGE

 » Les supporters peuvent avoir leur avis, mais ils ne doivent alors pas s’étonner que j’en prenne un par le cou et que je lui rende visite à deux heures du matin.  » GEORGE REYNOLDS

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