Votre Personnalité TV Préférée

Le commentateur de la RTBF a recueilli le plus de suffrages.

Que vous inspire cette reconnaissance ?

Rodrigo Beenkens : Elle me touche pour deux raisons. D’abord, parce que ce sont des fans du football, essentiellement, qui se sont exprimés, et que le ballon rond est le premier sport qui m’a interpellé, avant que le métier ne m’oriente également vers le cyclisme. Ensuite parce qu’à l’époque, déjà, où vous étiez mensuel, votre magazine constituait la référence absolue pour moi. J’en possède d’ailleurs tous les numéros. Etre élu dans ces conditions est un véritable honneur.

En tant que commentateur, quels étaient vos modèles ?

J’ai eu la chance de connaître trois monuments aux styles ô combien différents. Il y avait là Arsène Vaillant, qui sentait le football comme nul autre de par son passé de joueur. Roger Laboureur, lui, se distinguait par son enthousiasme communicatif. Et puis il y avait Frank Baudoncq, qui jonglait bien avec les mots. Chacun à sa manière m’a marqué. Tout comme Théo Mathy, évidemment. A cette différence près qu’il était alors le seul à assurer les commentaires cyclisme sur la chaîne publique.

Qu’est-ce qu’un bon commentateur sportif pour vous ?

Celui qui parvient à faire vivre un événement tout en informant ceux qui l’écoutent. A cet égard, l’approche est différente selon qu’on commente telle ou telle discipline sportive. En cyclisme, mon champ visuel est le même que celui du téléspectateur. En football par contre, j’ai l’avantage d’avoir une vision globale de l’événement. Je peux dire aux gens ce qui se passe en dehors de la pelouse et je ne m’en prive pas.

Quelle différence y a-t-il entre le Rodrigo Beenkens de ses débuts et l’actuel, après 22 ans de métier ?

J’ai évidemment gagné en expérience et sans doute en assurance aussi. Même si j’ai encore quelque peu le trac avant d’entrer dans le vif du sujet. Mais dès que je suis sur antenne, c’est terminé. Je suis alors dans ma bulle, pleinement concentré sur ma tâche. S’il y a une constante, après toutes ces années, c’est que je me remets sans cesse en question. Je dispose d’ailleurs d’un critique sévère en la personne de mon fils, Gilles, qui va sur ses 16 ans.

Que vous inspire l’évolution du journalisme sportif durant ces deux décennies ?

Il faut bien avouer qu’à l’instar de bon nombre de collègues, je suis de plus en plus souvent confronté à des réalités qui m’éloignent du métier. Lancer la pub en est une et je ne m’y ferai jamais. Avec le temps, on nous demande toujours d’en faire plus, au point de passer parfois à côté de l’essentiel. Car hormis les commentaires, il faut aussi alimenter le site internet, la radio, etc. Quelquefois, je me demande si je fais encore mon job. Et je crains que ces dérives ne s’accentuent de plus en plus.

Au fil des ans, les consultants ne volent-ils pas toujours plus la vedette, aux hommes de métier ?

Je respecte cette mode, qui a indéniablement du bon dans certaines circonstances. Mais je déplore la systématisation du phénomène. En athlétisme, par exemple, lorsque diverses épreuves se déroulent conjointement, deux voix ne constituent pas un luxe superflu. Idem en cyclisme où il faut régulièrement tenir le crachoir durant des heures. En football, je suis moins convaincu de ce bien-fondé. J’ai fait quatre coupes du monde et travaillé 14 ans tout seul, sans la moindre assistance. Je ne vois pas, dès lors, pourquoi il faudrait recourir systématiquement à une autre personne. Même si j’ai toujours apprécié de faire équipe avec Marc Wilmots.

On vous devine bien documenté au seuil d’un événement. Combien de temps consacrez-vous à votre préparation ?

C’est difficilement quantifiable car beaucoup dépend de la nature de l’événement. Mais je suis généralement branché sur mon sujet jusqu’à la dernière limite. Pour Studio 1, il m’arrive de temps à autre d’écrire encore mon édito quand l’émission a commencé. Mon épouse me demande d’ailleurs parfois si c’est pour mon travail ou pour mon plaisir que je cogite continuellement ( il rit).

Comment vous y prenez-vous à la Coupe du Monde ?

Les nouvelles technologies me viennent en aide. Il en va là d’une fameuse différence aussi par rapport au passé. Avant, j’avais des fiches sur tout. Aujourd’hui, il existe internet pour se rafraîchir la mémoire. Et l’iPhone est un outil vraiment fantastique, en attendant la commercialisation de l’iPad en Belgique. Pour le reste, je dévore les journaux locaux. Mais ma principale source d’information en Afrique du Sud restent les yeux. Les anecdotes que je vis au quotidien, j’en fais part sur antenne.

Dans quel joueur présent au Mondial vous reconnaissez-vous ?

Je dirais Steven Gerrard, un joueur que l’on peut mettre à toutes les sauces et qui donne toujours le meilleur de lui-même. Sous cet angle, toutes proportions gardées, évidemment, on se ressemble. Car avant de commenter le cyclisme et le football, on m’avait fait faire le tour d’autres sports comme l’haltérophilie ou encore l’aviron à mes débuts. Ce qui ne m’a pas empêché de me livrer corps et âme et de me forger une solide dose de caractère.

Indépendamment de ces sports, y a-t-il une autre discipline que vous aimeriez un jour commenter ?

L’athlétisme, sans conteste, dans la mesure où il permet de faire vibrer un public, comme le football et le cyclisme. C’est un sport qui engendre de grandes émotions. Je me souviendrai par exemple à tout jamais du premier Mémorial Ivo Van Damme, lorsque John Walker, victorieux sur 1.500 mètres est tombé dans les bras du papa d’Ivo.

Cette année, vu que la Coupe du Monde et le Tour de France se chevauchent, vous allez faire l’impasse sur la Grande Boucle. Une meurtrissure ?

Tout à fait. C’est la toute première fois que je n’enchaînerai pas les deux épreuves. J’aurais évidemment pu prendre le train en marche, mais c’eût été irrespectueux envers mes collègues. Il fallait trancher et j’ai choisi le Mondial.

A Studio 1, vous vous bornez à un rôle de statisticien. Est-ce voulu que vous ne vous immisciez pas dans les débats ?

Studio 1, c’est avant tout un jeu de rôles. Chacun a son style et ces différences font le charme de l’émission. Mais aller au clash, ce n’est pas vraiment mon style. Je ne suis pas sûr du tout d’être réellement fait pour cette émission. Dans ces conditions, je ne sais pas encore si je vais la faire longue. l

Par Bruno Govers – Photo: Belga

Aller au clash à Studio 1, ce n’est pas mon style. Je ne sais pas encore si je vais la faire longue…

Commentaires, site internet, radio, etc. Quelquefois, je me demande si je fais encore mon job.

Je me reconnais en Steven Gerrard, que l’on peut mettre à toutes les sauces et qui donne toujours le meilleur de lui-même.

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