Vite un cordon sanitaire !

John Baete

L’Union Belge a peur de la loi, c’est un fait. Autrement, pourquoi aurait-elle accepté de remettre à plus tard les auditions des personnes incriminées dans les matches truqués et le début du tour final de D2 ? Certains avocats comme Luc Misson ont même claironné que leurs clients soupçonnés de trucages de matches ne relevaient pas de la juridiction de la fédération. Le constat s’impose : il est absolument impossible pour l’Union Belge de gouverner dans le contexte actuel. Et le drame, c’est que ça profite aux tricheurs et à ceux qui veulent se défiler par rapport aux règles. Quelqu’un jette de la boue dans le ventilateur et on est tous aspergés.

L’avenir du football professionnel passe donc par une adéquation parfaite de ses règlements avec le droit pour que le sport roi cesse d’être la victime de manipulateurs aussi malhonnêtes que mégalomanes. Aujourd’hui, tout le monde conteste sans fin n’importe quelle décision fédérale. Cela en devient risible. A l’heure où on parle de grandes réformes dans le football belge, le défi numéro un des nouvelles instances à créer et des dirigeants à nommer sera de mettre en place un cadre de règles inattaquables.

Si l’on prend en exemple la NBA, la ligue de basket professionnel américain, on se rend compte qu’elle va très loin dans ses sanctions. Un joueur qui se bat lors d’un match peut être suspendu une demi-saison (et ils jouent quasi trois matches par semaine là-bas !). Un dirigeant qui critique les arbitres peut se voir infliger une amende de… 200.000 dollars (cela vient d’arriver à Mark Cuban le proprio des Dallas Mavericks, qui en est à 1,2 million de dollars depuis qu’il a pris la tête du club en 2000), question de rappeler que fortune personnelle ne rime pas automatiquement avec bonne éducation et qu’il vaut mieux montrer l’exemple ou s’en aller. La NBA impose même à ses joueurs qui ne jouent pas (mais qui sont présents dans la salle) de se présenter en costume cravate dans les gradins. Sans parler des sanctions en cas de tricheries…

Si une ligue sportive pro parvient à aussi bien serrer les boulons pour le bien de son produit et le respect de l’éthique sportive dans un pays où la liberté individuelle est élevée au rang de culte (et où – forcément – les avocats spécialisés en droit civil amassent des fortunes en honoraires), ce doit être faisable en Belgique aussi.

Heureusement, il y a encore pas mal de beau monde dans le football belge qui prouve que les gentils gagnent aussi. Francky Dury, le coach de Zulte Waregem, en est l’exemple parfait. Elu Entraîneur de l’Année par les joueurs de D1 lors du referendum organisé depuis un quart de siècle par Sport/Foot Magazine, il a placé samedi soir au Stade Roi Baudouin une énorme cerise sur un gâteau déjà superbe. A peine promu en D1, voilà son club sixième du championnat et vainqueur de la Coupe de Belgique (ceci constituant un record !). En plus, en pratiquant un football léché et intelligent… jusqu’à ces dernières semaines, son noyau semi-pro étant cuit ! Et ce qui ne gâche rien, ce policier de profession principale (coach n’est donc que son second métier…) possède une dialectique où la modestie, l’esprit sportif et le courage sont respectés dans des proportions rêvées. Car le bonhomme n’est pas prêt à tous les compromis. N’avait-il pas, récemment, exprimé son énervement en termes choisis pour avoir été obligé de croiser des personnages qu’il juge peu recommandables dans les coulisses de l’émission Studio 1 de la RTBF ?

Dury aura été l’une des belles surprises de la saison et on a le droit d’être optimiste quand on voit débouler José Riga et son Mons en D1. C’est le même discours et c’est tant mieux pour un club qui, pour avoir mis en place des personnages clés chargés de faire le ménage à bien des égards, veut avoir toutes les garanties que le passé ayant provoqué la descente ne soit plus qu’un mauvais cauchemar.

john baete

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