David Beckham ou Kakà sont les stars des temps modernes avec leurs pépées, leurs cages de millionaires et leurs looks d’enfer. Sapées comme des milords sortant dans des endroits branchés, ces icônes brillent de mille feux sur tous les petits écrans et au fil du papier glacé des magazines. Voilà le côté pile du métier réservé à quelques privilégiés, mais pour la plupart des footballeurs professionnels, le droit de vivre de leur métier se mérite dans l’anonymat des tâches quotidiennes. Pour obtenir la cerise sur le gâteau qu’est un match de football, il faut se dépasser loin des spotlights, bosser à l’entrainement où la concurrence est féroce, supporter le stress, être capable de revenir dans le coup après une blessure, gérer l’obligation de gagner et de briller tout en n’oubliant surtout pas les valeurs du collectif, être présent dans le débat médiatique, etc. Cinq valeurs affirmées de D1 évoquent chacun un aspect de leur métier.

D avid Beckham ou Kakà sont les stars des temps modernes avec leurs pépées, leurs cages de millionnaires et leurs looks d’enfer. Sapées comme des milords sortant dans des endroits branchés, ces icônes brillent de mille feux sur tous les petits écrans et au fil du papier glacé des magazines. Voilà le côté pile du métier réservé à quelques privilégiés, mais pour la plupart des footballeurs professionnels, le droit de vivre de leur métier se mérite dans l’anonymat des tâches quotidiennes. Pour obtenir la cerise sur le gâteau qu’est un match de football, il faut se dépasser loin des spot-lights, bosser à l’entraînement où la concurrence est féroce, supporter le stress, être capable de revenir dans le coup après une blessure, gérer l’obligation de gagner et de briller tout en n’oubliant surtout pas les valeurs du collectif, être présent dans le débat médiatique, etc.

Cinq valeurs affirmées de D1 évoquent chacun un aspect de leur métier.

Thomas Chatelle (Anderlecht) : Le mental

Le flanc droit des Mauves Thomas Chatelle est très clair :  » L’aspect psychologique fait partie des composantes essentielles du football. A la limite, il me paraît plus important encore, dans la mesure où ses ressources n’ont toujours pas été tout à fait exploitées. Pour schématiser, je dirais que le physique équivaut à la carrosserie, la technique aux options mais que le mental, lui, est le véritable moteur du joueur. C’est lui qui permet de monter en puissance, et de passer la surmultipliée au besoin.

En classes d’âge, ce sont bien sûr la technique et le physique, couplés à l’apprentissage tactique, qui font l’objet d’un travail assidu, contrairement au mental qui est pour ainsi dire affaire individuelle. Chez les uns, qui n’ont pas besoin d’être épaulés, il est tout simplement inné. D’autres sont susceptibles de l’acquérir et de le développer suite à un suivi approprié. C’était mon cas : jeune, j’avais parfois des errances, des moments de découragement en raison de la trame du match ou du répondant de mon adversaire direct. Au fil des ans, j’ai appris à rectifier en partie le tir, en ne cédant plus aussi facilement à ces moments de flottement. Mais au moment où je suis entré dans le football pro, à Gand, voilà dix ans, je me suis fait la réflexion qu’une aide extérieure ne serait peut-être pas superflue et je me suis tourné vers un psychologue.

Thibaut Vincent me suit depuis mes premiers pas chez les Buffalos. A raison d’une séance par semaine, généralement, en fonction du match à venir. Au tout début, l’approche se limitait à cette seule préparation d’un objectif mais depuis deux ou trois ans, il vient au stade aussi afin d’assister à ma prestation. De la sorte, il nous est loisible d’analyser, après coup, ce qui a fonctionné ou non. Partant de là, nous essayons d’y apporter les correctifs nécessaires afin de limiter la part de déchet.

Globalement, l’accent est mis surtout sur la gestion du stress. Quand on est enfant ou jeune adolescent, le foot se résume à une partie de plaisir. Mais dès l’instant où on en fait son métier, d’autres paramètres entrent en considération. On ne joue plus seulement pour le fun mais pour l’argent, les partenaires, les supporters, les dirigeants, etc. Ceci engendre une pression beaucoup plus grande, qu’il convient de contrôler.

L’un des points essentiels est la concentration : il faut être braqué à fond sur la tâche. L’implication doit être la même, qu’on défie un monstre sacré européen ou un sans-grade en championnat national. A l’analyse, cette transition n’est pas toujours aisée. La preuve par le nombre élevé de points que les ténors, même Anderlecht, perdent en Belgique après une joute continentale. On observe une sorte de décompression. A la limite, je me demande dans quelle mesure il ne serait pas préférable d’enchaîner un match contre un grand après une sortie en Ligue des Champions ou en Coupe de l’UEFA au lieu de se frotter à une opposition de moindre envergure. Les joueurs n’auraient pas l’occasion de se relâcher mais seraient focalisés sur l’affiche à venir.

La respiration est importante aussi. Elle permet un meilleur contrôle des mouvements, ce qui n’est pas négligeable à certains moments-clés. Comme lors de la transformation d’un coup de réparation, par exemple. Ce travail m’a été bénéfique et a contribué à ce que j’améliore de façon sensible mes performances. Personnellement, je suis très réceptif à ce suivi, dans les conditions où je le vis, du moins. En revanche, j’éprouverais davantage de difficultés à me confier à un psychologue rattaché au club, comme c’était le cas, à Anderlecht, avec Johan Desmadryl en début de saison. Se mettre à nu face à quelqu’un qui fait partie des cadres, ce n’est pas l’idéal d’après moi.

Un préparateur mental est utile aussi dans les coups durs. Tout comme les proches, d’ailleurs. Ils aident à surmonter les difficultés et autres tracas et, chez moi, ils n’ont pas manqué ces dernières années. Ces épreuves-là auront contribué à m’endurcir aussi. Loin de me décourager, elles m’ont poussé à me sublimer afin de revenir plus fort qu’avant « .

Frédéric Herpoel (Mons) : Les médias

Ces dernières années, l’intérêt médiatique pour le football ne cesse de croître. Les moindres faits et gestes atteignent la une des journaux. Les matches et autres talk shows consacrés au ballon rond font le plein de téléspectateurs. Est-il facile d’exister dans ce déluge médiatique ?

 » Je ne cherche pas à faire partie de tout ce brouhaha « , assure Frédéric Herpoel.  » La première chose qui me préoccupe, c’est le terrain. Ce sont les bonnes performances qui génèrent la médiatisation d’un joueur. La presse sportive réagit plus vite qu’avant. Il suffit parfois de trois fois rien pour qu’un joueur devienne la vedette de la semaine. Des inconnus apparaissent et disparaissent très vite de l’actualité. Quand je suis arrivé dans le vestiaire de l’équipe première d’Anderlecht, il n’y avait que des vedettes : Philippe Albert, Luc Nilis, Marc Degryse, Johan Walem, Bertrand Crasson, Michel De Wolf, etc. Je n’avais aucune expérience avec les médias : ils ne s’intéressaient pas à moi et c’était normal. Mais ces monstres sacrés côtoyaient tous les jours la presse. J’ai retenu des attitudes comme celle de Philippe Albert qui ne changeait pas d’un iota sous les spots. C’était un Ardennais sur le terrain et dans la vie de tous les jours. Cela valait tous les cours de communication.

On apprenait sur le tas. Certains étaient plus doués que d’autres. Les médias sont plus exigeants mais les relations avec la presse ne font pas encore partie des priorités des clubs : c’est un terrain en friche et les joueurs s’adaptent seuls. A Gand, il y avait infiniment moins de journalistes qu’à Anderlecht. Je retrouvais sans cesse les mêmes reporters en semaine au centre d’entraînement. On ne pouvait pas parler de pression. Après les matches, c’était un peu plus prononcé tout en restant très supportable. Je me suis quand même rendu compte que les médias flamands et francophones venaient facilement vers moi. Je m’exprime dans les deux langues mais cela n’explique pas tout. Je ne joue pas la comédie avec la presse. Je ne cherche pas à décrocher un autre rôle que le mien.

Je suis naturel et je ne frime pas. A la longue, c’est ce qui paye. On a dit que j’avais l’image d’un joueur trop modeste ou très gentil dans la presse. Est-ce que cela m’a coûté gros ? Non. Ma carrière prouve le contraire. Si c’était à refaire, je ne changerais pas mes relations avec la presse. Même pas en échange d’une présence dans un grand club. On ne force pas un transfert via la presse. Si certains clubs le pensent, c’est leur problème. Je suis un footballeur, le people, c’est pour David Beckham, pas pour moi. Je suis heureux comme je suis, avec ce que j’ai obtenu honnêtement. Je ne jouerai jamais à celui que je ne suis pas. Je parle volontiers de mon sport et je n’aime pas quand on s’intéresse à ma vie privée. Je me méfie toujours un peu des journalistes que je ne connais pas. Le poids des médias, je l’ai surtout senti en équipe nationale. Tout le pays s’intéresse aux Diables Rouges. Durant la Coupe du Monde 2002 au Japon, la tension fut parfois très perceptible. Un homme fort comme Marc Wilmots a su abriter l’équipe. Il en avait vu d’autres à Schalke 04 « .

Le gardien montois a aussi compris qu’un avis percutant ne passait pas inaperçu. En 2005, Aimé Anthuenis le snobe et il annonce dans la presse la fin de sa carrière internationale. Fin 2006-2007, il a croisé plus d’une fois le fer médiatique avec la direction de Gand. Enfin quand il a poussé une gueulante dans la presse, Mons a eu la tremblote :  » Je n’ai jamais dit que la vérité. A Gand, cela a fait du bruit. Et alors ? N’avais-je pas le droit de déclarer que ce club n’avait pas été correct avec moi ? On m’y a poignardé et menti après 10 ans de services. Si cela a eu de l’impact, c’est parce que je n’ai jamais roulé des mécaniques. C’était honnête. J’y ai été fort aussi dans la presse peu après mon arrivée au stade Tondreau. J’ai estimé qu’il était nécessaire de donner un coup de pied dans la fourmilière. Je peux vous dire que cela a été lu en haut lieu. S’il y a eu un électrochoc, tant mieux. J’avais le devoir de dire certaines vérités mais je n’ai jamais cherché à faire parler de moi. Je ne suis pas du style à faire le guignol. Mons doit rester en D1. La presse suit de près ce qui se passe dans le bas du classement et la critique est dure mais cela ne me gêne pas. C’est même une source de motivation « .

Alan Haydock (FC Brussels) : Les soins

« Les soins commencent pour moi après le match du week-end « , dit le milieu défensif bruxellois Alan Haydock.  » En début de semaine, je me rends alors traditionnellement chez une pédicure, pour un check-up des pieds, et chez un ostéopathe, aux fins d’une remise en place de la chaîne musculaire. Le football étant un sport de contact, il laisse inévitablement des séquelles sous forme de bobos divers, de micro traumatismes ou encore de lésions plus graves, comme j’ai pu le vérifier en passant à deux reprises sur le billard en raison d’une rupture des ligaments croisés du genou dans un passé récent.

Les lundis et mardis sont également les jours où je me permets, parfois, un petit écart : un repas un peu plus riche qu’à l’accoutumée, par exemple, voire un verre de vin. Mais à mesure que la fin de semaine approche, je suis de plus en plus strict, sacrifiant la veille de la rencontre au même rituel depuis des années : des pâtes accompagnées de scampis ou de saumon. Chacun a ses habitudes à ce niveau. Patrick Nys, notamment, mange toujours un pigeonneau à 24 heures d’une prestation. Vu son âge canonique, la méthode a visiblement du bon ( il rit).

En matière d’hygiène de vie, j’ai toujours été des plus rigoureux. J’ai banni les sorties à partir du moment où je me suis marié, à savoir au début de la vingtaine, et j’ai aussi supprimé les boissons gazeuses, et en particulier le coca. J’étais franchement accro et il m’arrivait même de me lever la nuit pour en ingurgiter quelques rasades, tant j’étais en manque. Mon père d’abord, puis les entraîneurs et, enfin, un nutritionniste, m’ont convaincu du bien-fondé de déroger définitivement à cette très mauvaise habitude. Il y a six ans que ça dure et je m’en porte d’autant mieux, croyez-moi.

Aujourd’hui, à la place d’une limonade, je bois du jus de canneberge, mieux connu sous son appellation anglaise de cranberry. Il s’agit d’une boisson énergétique, bourrée de vitamines, que je prends le jour des matches, avant et après l’effort, à raison d’un litre et demi. En semaine, je tire les éléments essentiels d’autres fruits comme les bananes, abricots, ananas et papayes. Les complexes vitaminés, par contre, très peu pour moi. Je ne crois pas en ces pilules ou bâtonnets-miracles. Ils n’ont jamais été de nature à me booster ou à faire de moi un Ronaldinho, en tout cas.

J’ai toujours considéré mon corps comme un outil de travail. Dès lors, j’en ai pris grand soin. J’ai invariablement été réceptif, aussi, aux conseils qui m’ont été donnés tout au long de mon parcours. Je pense en avoir été récompensé par une longue carrière, puisqu’à 32 ans, j’en suis à ma 14e saison pro. Quand je jette un coup d’£il dans le rétro, je me fais parfois la réflexion d’être un privilégié – ou un bon élève – car je remarque quand même que ceux qui faisaient partie de la même génération que moi, ont décroché au plus haut niveau. Je songe à des gars comme Raphaël Miceli, par exemple, ou encore à des Laurent Wuillot, Stéphane Stassin, ou William Verbeeck qui ont joué jadis en Espoirs à mes côtés.

Le repos a toujours été un point essentiel aussi. Comme tous les teenagers, je suis parfois sorti très tard après un match. Ou très tôt, c’est selon ( il rit). Jusqu’au jour où j’ai pris conscience que mon corps s’en ressentait. De fait, celui qui ne prend pas immédiatement du repos après un match puise dans les réserves de ses réserves. Le joueur se retrouve complètement vidé dans ces circonstances. C’est pourquoi, je conseille toujours aux jeunes – s’ils se sentent des fourmis dans les jambes, du moins – de ne pas faire des heures sup après un match mais d’attendre 24 heures afin que leur corps ait récupéré. Tant pis s’ils ne trouvent pas le sommeil en raison de la fatigue et du stress inhérents à une prestation : rester couché les yeux grands ouverts vaut mieux que se trémousser sur une piste de danse. Je remarque d’ailleurs que beaucoup ont déjà suivi mes conseils « .

Tim Smolders (Charleroi) : L’ entraînement

A Charleroi, à l’entraînement, ce sont les anciens qui montrent l’exemple. Comme le médian Tim Smolders. Assidu, intransigeant et volontaire : tels sont les termes qu’on pourrait lui appliquer.  » A la base, pour être dans le coup à l’entraînement, tu dois toujours te mettre en tête la notion de plaisir. C’est toi-même qui rythme l’enthousiasme. Si tu ne te donnes qu’à 50 %, tu te mens à toi-même car tu sais que cela ne sert à rien. Moi, en tant qu’ancien, mon rôle est aussi de transmettre mon envie aux plus jeunes. Cela peut se faire sur le ton de la plaisanterie : par une blague ou en faisant semblant de tacler de loin. Cela détend l’atmosphère et cela ne nuit en rien à la concentration. De la sorte, tout le monde est content de s’entraîner et qui dit envie, dit bon entraînement « .

Une fois sur le terrain, Smolders n’est pas du genre à rechigner à la tâche, ni à se poser des questions quant à la pertinence de l’exercice imposé.  » Je ne me dis jamais que l’exercice est bizarre. Pendant l’entraînement, je le fais sans réfléchir. Ce n’est qu’après que je l’analyse. C’est aux Pays-Bas que j’ai connu les entraînements les plus… originaux. Il arrivait qu’on effectue des 15 contre 3 « .

L’intensité d’un entraînement varie en fonction du mois et du programme de la semaine :  » On dit parfois que c’est particulièrement dur de reprendre le collier le lundi ou le mardi après un jour de congé. Mais cela dépend de ce que tu fais pendant le week-end ( il rit). Certains veulent reprendre en douceur. Pour moi, cela peut être dur directement. Je préfère. Même quand j’ai exagéré les jours précédents. Cela me permet d’éliminer. Et puis, tu sais que tu ne dois pas aller en boîte le lundi soir ! Généralement, les débuts de semaine sont plus physiques et les fins plus techniques. C’est là qu’interviennent les entraînements avec ballon. Certains détestent les débuts de semaine mais le football devient de plus en plus physique et c’est une composante importante du travail d’un pro. Par contre, je ne suis pas un partisan du deuxième entraînement sur la journée. Je préfère me relaxer et donner l’occasion aux muscles de se reposer. Comme footballeur, tu ne peux pas travailler de 8 h à 17 h. Les muscles ne le supporteraient pas. Moi, la veille d’un match, j’aime bien aller un peu dans le rouge. Pour sentir de la tension dans les muscles. C’est aussi à ce moment-là qu’on rentre dans son match : la concentration se fait de plus en plus intense « .

Quel que soit son statut ?  » Je suis titulaire mais si je ne l’étais pas, j’aurais la rage de montrer ce que je vaux. Et comme je n’aurais pas la fatigue du match, j’aurais également plus d’énergie et de fraîcheur à l’entraînement « .

Savoir gérer une année est difficile :  » Je suis toujours content quand la trêve arrive car je sens que j’ai vraiment besoin de repos. Tant physiquement que mentalement. Pour moi, octobre et novembre sont les mois les plus durs à gérer car cela fait deux mois que le championnat est commencé et tu dois encore attendre deux mois avant la trêve. On se retrouve dans la même situation en mars et avril mais c’est plus facile à digérer car tu as souvent encore quelque chose à gagner et cela te motive. Physiquement, c’est en fin de saison que tu sens la lourdeur de tes jambes mais tout le monde est dans le même cas. Cela se voit sur le terrain : les adversaires manquent également de fraîcheur « .

C’est cependant à ce moment-là que le joueur sent les bienfaits de l’entraînement :  » A la fin de saison, si tu t’es montré régulier, tu peux voir où tu as progressé. Et cela, tu le dois aux entraînements « .

Et lors de la trêve, Smolders ne se relâche pas complètement :  » Tous les jours, j’essaye de faire un peu d’exercice. Que ce soit de la course ou du vélo « .

Siramana Dembele (Standard) : Le match

Après la sueur des entraînements, la compétition constitue la plus belle récompense des footballeurs. Tous ne brûlent pas les planches comme Johnny Hallyday au Zénith à Paris, mais il n’y a pas de grand spectacle sans un bon orchestre même si les critiques musicaux parlent moins du batteur et du pianiste que du chanteur.

Le médian défensif des Rouches Siramana Dembele ne prend pas toujours place sur la scène mais on ne trouve pas grand frère plus serviable que lui au Standard. Que ce soit dans le trou du souffleur ou face à la foule, cet avocat de la cause commune est un passionné.

 » Tout est remis en question durant 90 minutes. C’est chaque fois un examen individuel mais surtout collectif. Que ce soit en D1 ou au c£ur du monde amateur, un match, c’est d’abord du plaisir. Rien n’égale une bonne rencontre. J’ai exercé un autre métier, dans la publicité jusqu’à mes 25 ans, avant de gagner ma vie grâce au foot. Un joueur rode ses atouts durant la semaine dans l’espoir de se retrouver sur la pelouse dès le coup d’envoi. Quand on prend place sur le banc, il s’agit d’être encore plus positif que d’habitude. Pas facile mais l’équipe a besoin de réservistes constructifs, pas de boudeurs. J’ai tout connu le jour des matches : jouer 90 minutes, céder sa place, rester sur le banc, monter au jeu à différentes séquences d’une joute. A la limite, mes joies sont plus diverses, plus complètes, que celles du joueur qui entame toujours un match. Il y a des sensations tellement fortes qu’un éternel titulaire oublie. Jouer peut devenir automatique pour lui : or, c’est tout sauf banal…

En général, j’entre dans le décompte final après la théorie qui suit la collation de 16 heures. Avant cela, je suis assez cool. Le coach dévoile ses plans, procède aux rappels tactiques, souligne les qualités de l’adversaire que nous ne snobons jamais. Il reste généralement alors trois heures avant le premier coup d’envoi et tout évolue parfois dans tous les sens. Un joueur peut se blesser à l’échauffement, l’entraîneur est susceptible de modifier son schéma pour l’une ou l’autre chose imprévue. Si je joue d’emblée, avant l’entrée sur le terrain, je me concentre d’abord sur ce qui m’a été demandé : protéger la défense, décaler vers la gauche ou la droite, m’occuper d’un médian adverse, bien laver les ballons, communiquer, etc. Je m’enferme alors quelques instants dans ma bulle et je m’imprègne totalement des directives de Michel Preud’homme et du staff technique. Ce sont des moments importants mais je suis là aussi pour partager le travail commun avec les autres.

Sur le banc, il faut tout suivre. On ne peut pas entrer dans un match en ne connaissant pas bien le scénario en cours. Plonger dans le vif du sujet n’est pas chose facile. Même si on a pris la peine de bien s’échauffer, il faut atteindre tout de suite le bon rythme de croisière, accomplir sa mission, profiter de sa fraîcheur, gérer la montée d’adrénaline. C’est dur. Une équipe doit être capable de résoudre mille problèmes tactiques, physiques ou techniques. Un match, c’est une terrible partie d’échecs et le danger peut surgir de partout.

J’ai la chance de posséder plus de vécu que pas mal de joueurs du Standard, qui sont encore très jeunes. Mon acquis, je pourrais le garder mais ce n’est pas ma façon de voir le foot : il faut partager pour être heureux sur un terrain. En 90 minutes, on peut passer rapidement par tous les états d’âme : euphorie, inquiétude, déception, fatigue. C’est une cascade de sentiments qu’on doit gérer. Quand mon équipe marque, je suis heureux même si je ne joue pas. C’est plus facile de dire cela à 31 ans qu’au début de sa carrière mais c’est la vérité « .

C’est un fait, personne ne s’exprime aussi bien que lui au Standard :  » Il n’y a rien de plus beau que le terrain. Je ne ferme pas facilement l’£il après les matches : il faut d’abord évacuer pas mal de stress après avoir retrouvé la famille… « 

par pierre bilic, bruno govers et stéphane vande velde

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