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Visite Pepale

Que fait Pep Guardiola quand la préparation d’un match de coupe est faite ? Il comble les vides de son agenda. Donc, le 28 janvier, quelques heures avant le match à Cardiff, il a téléphoné à Paul Naudts, une des chevilles ouvrières de la Kevin De Bruyne Cup. Son message ?  » Paul, j’accepte ton invitation.  »

C’est comme jouer au lotto, dit-il. Samedi, Paul Naudts n’a pas cessé d’expliquer comment il se faisait que le meilleur coach du monde, Pep Guardiola, l’homme qui a donné son visage au football de ce siècle, avait passé 24 heures à Gand et à Drongen. Sans poser d’exigence, en posant pour la photo avec tous ceux qui le voulaient et en distribuant gentiment des autographes. Il n’avait même pas besoin de garde du corps. Non, Pep ne demandait qu’une chose : aller voir Vincent et Kevin à Tubize, où l’équipe nationale préparait le match contre le Portugal, pour leur souhaiter bonne chance. Il n’a pas eu le temps d’assister au match. Guardiola, qui avait interrompu ses vacances à Barcelone pour le tournoi, a repris l’avion.

Guardiola est incroyablement simple. Il a déjà largement fait ses preuves mais il n’exige rien.  » – Herwig De Bruyne

Herwig De Bruyne, le père de Kevin :  » Nous pensions arriver après le lunch à Tubize mais nous étions trop tôt. Kevin a dit qu’ils avaient une réunion avant le repas. Je pensais que nous devrions patienter une demi-heure dans la voiture mais les portes du complexe se sont ouvertes. Les gardes avaient vu Pep et il pouvait entrer.  »

Guardiola a pris place à la table de Roberto Martinez et de son staff pendant que le père De Bruyne et ceux qui avaient accueilli le Catalan à l’aéroport attendaient au bar. Quand Pep les a retrouvés une demi-heure plus tard, il a remarqué qu’ils n’avaient rien mangé. Herwig :  » Il a immédiatement demandé au personnel de l’hôtel s’il était possible de nous servir quelque chose. Un homme fantastique.  »

Après une nuitée à l’hôtel Reylof de Gand, Guardiola a passé la journée au tournoi U15 patronné par Kevin. Ce tournoi acquiert une certaine renommée dans le monde entier. Le Barça n’y participait pas mais il y avait des équipes comme le PSG, Manchester City, Chelsea et l’AZ, qui allait finalement perdre la finale contre Anderlecht.

Tous les clubs sauf Gand et le Club Bruges ont été logés par l’organisation, à l’hôtel, dans un club d’aviron et dans des auberges de jeunesse du centre-ville. Les matches ont été diffusés sur un écran géant et la pause de midi a été agrémentée d’animations. Naudts :  » Nous avons un budget de 250.000 euros. C’est une fameuse somme. Ce tournoi occupe des gens toute l’année.  »

LE PHYSIQUE

De la cantine, transformée en salle VIP, Sven Vermant suit le tournoi attentivement : son fils joue en U14 du Club Bruges. Il nous fait remarquer l’ampleur du talent du jeune numéro 8 anglais de Manchester City. Malgré son retard physique, il fait excellente figure face à une équipe brugeoise qui aligne les jumeaux Audoor, fils de l’ancien joueur Yves. Le Club ne peut éviter la défaite. L’ailier droit de City est dans un bon jour. Vermant :  » Ce n’est pas parce que vous êtes parmi les meilleurs en U15 que vous serez encore bons plus tard. Certains s’appuient sur leur force, ils sont plus rapides que les autres, sautent plus haut, tirent plus fort. Voyez ce 8 : il évite intelligemment les duels. La technique est la base. Le reste vient après.  »

Guardiola avait opéré le même constat quelques heures plus tôt quand on lui avait demandé s’il avait décelé le nouveau Kevin De Bruyne.  » À cet âge, les différences physiques sont telles que c’est difficile à dire.  » Plus tard, dans une interview exclusive à la VRT, il parle de l’évolution que le football va suivre, selon lui.  » Tous les joueurs sont bons physiquement. À l’avenir, la technique fera encore plus la différence.  »

Les scouts n’en prennent pas moins des notes, en tentant de déceler les futures perles. Kristof Vandersmissen, qui tient un bureau de management avec son père Guy, suit attentivement tous les matches, en constatant que c’est  » un monde difficile « .  » Quand on téléphone à des parents, on est souvent le vingtième manager à offrir ses services. Quand les grandes agences anglaises, style Stellar Group, veulent vraiment un joueur, elles l’ont.  » Elles versent facilement 50.000 euros aux parents. Patrick De Koster, l’agent de Kevin De Bruyne, est bien placé pour le savoir. Il apprécie donc que Luc Devroe et Marc Coucke aient déjà concocté un plan pour les jeunes et aient déjà réussi à conserver Jeremy Doku, malgré l’intérêt de la Premier League.

Carl Hoefkens est également un spectateur attentif. Il va bientôt encadrer les jeunes talents du Club Bruges.  » Je vais essayer de les convaincre de faire leurs gammes en Belgique et pas en Italie ou en Angleterre.  »

UN CAFÉ ?

Et Pep ? Il a apprécié ce qu’il voyait. Herwig De Bruyne :  » Il est d’une simplicité incroyable. Il a déjà tant prouvé mais il n’a posé aucune exigence. Une photo avec le trophée de Premier League qui est ici ? Pas de problème. Je comprends vraiment pourquoi Kevin lui voue une telle admiration.  » Si le trophée a passé le week-end à Drongen, c’est grâce au Blue Moon, un club de supporters de Manchester City. En Angleterre, le club qui gagne une coupe la fait circuler une saison dans ses clubs de supporters. Herwig De Bruyne :  » Blue Moon a fait en sorte d’avoir le trophée pendant le tournoi, pour que nous puissions l’exposer.  »

Guardiola a regardé tranquillement les matches d’un coin de la cantine. Son City contre le Club et Besiktas mais aussi les U15 de Genk contre l’AZ. À midi, il s’est installé à table avec les joueurs du PSG. Il a plongé l’assemblée dans l’émoi en demandant un numéro à un des entraîneurs du PSG. Y aurait-il un transfert dans l’air ? Et quand il est allé se chercher un café en plaisantant avec les dames responsables du catering, il a gagné tous les coeurs. Par moments, Pep semblait faire partie de l’organisation. La simplicité catalane.

Il a complimenté les Diables Rouges lors des deux points presse, l’un pour tous les journalistes, l’autre en exclusivité pour Sportweekend. Il a déclaré que l’équipe nationale belge devait croire en elle au Mondial. Guardiola :  » Votre pays croit-il vraiment en ses joueurs ? Et la presse ? Il faut.  » Selon lui, le Brésil, l’Allemagne, la France ou l’Argentine ne sont pas plus forts que la Belgique.  » Mais ils ont déjà gagné ce tournoi. Ils sont persuadés de pouvoir encore le gagner. Les Belges doivent s’en convaincre.  » Puis, étonnamment, il cite l’équipe de base belge.  » Il est incroyable qu’un pays ait autant de joueurs d’exception au même moment.  »

Guardiola souhaite devenir sélectionneur, un jour.  » Participer à un Mondial ou à un EURO ? Je ne demande pas mieux. Avec la Belgique ? Mais vous avez déjà Roberto ! Un autre pays ? 90 % des sélectionneurs sont issus de leur nation, je pense.  » Lisez : ce sera l’Espagne. Un Catalan peut-il obtenir le poste ?  » Le problème ne se pose pas encore. Je suis sous contrat à City et tout va bien. Mais un jour…  »

En fin d’après-midi, après quelques selfies, il finit par s’en aller. Le fils spirituel de Johan Cruijff reste modeste.  » Je travaille beaucoup mais ce sont souvent les joueurs qui me présentent les solutions.  »

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