Visite guidée

C’était l’été 2002. Il y a 5 ans. Un siècle. Une éternité. Mons accédait alors à la D1 pour la première fois de son existence. L’équipe était prête ; pas les installations. Le stade était sympathique mais ressemblait plutôt au théâtre d’une équipe de Promotion.

Aujourd’hui, le contraste est flagrant. Mons n’a pas les meilleures conditions de travail de notre première division mais peut quand même faire des envieux. Cédric Berthelin (30 ans), le gardien capitaine, nous fait découvrir le cadre de vie du groupe de José Riga.

Business seats

Les 385 business seats rapportent pas mal d’argent au club. Ils sont loués au match ou à la saison (de 2.000 à 2.250 euros selon l’emplacement, repas non compris). Pour les grosses affiches, l’espace business seats est automatiquement complet. De nouveaux écrans plats viennent d’y être installés. Les rencontres sans grande importance représentent une bonne centaine de repas, et pour les grands rendez-vous, on peut monter à 600.  » Cinq joueurs désignés sont obligés de repasser par ici après les matches à domicile « , explique Berthelin.  » Mais les soirs d’euphorie, il y en a parfois une bonne dizaine « .

Pelouse, tribunes

 » Au niveau de la qualité de la pelouse, Mons est plus que dans la bonne moyenne en D1 « , lance Berthelin.  » A cette période de la saison, le terrain est bon partout. Mais dès que le mauvais temps se pointe, c’est catastrophique dans plusieurs clubs. A Charleroi, c’était déjà fort limite et je me demande ce que ça va donner si on y fait jouer les matches de l’équipe Première du Sporting, de ses Espoirs et de l’Olympic. Quand j’étais à Crystal Palace, Wimbledon jouait tous les 15 jours sur notre pelouse : ce n’était pas beau à voir en hiver. Au Standard, autant je suis sous le charme de l’ambiance, autant je suis déçu de la pelouse. Quand nous y sommes allés l’année dernière, j’avais l’impression de jouer sur du carrelage. J’ai connu le même problème lors de mes premiers mois ici : le terrain était très mal irrigué, c’était surtout du sable sur une moitié « .

La nouvelle tribune principale du stade Tondreau (2.825 places extérieures, 385 business seats, 144 open seats) est devenue opérationnelle peu avant l’arrivée à Mons de Berthelin, en janvier 2005. Une autre va ouvrir très prochainement : située derrière un but, elle fonctionnera dès le deuxième match de la saison à domicile, fin août, contre Lokeren. Elle aura une capacité de 2.800 places et accueillera notamment les supporters visiteurs (900). C’est sous cette tribune que seront regroupées de nouvelles commodités pour les joueurs : cuisine, restaurant, dortoir, salle de gym, salle vidéo, salle de détente.

Cette saison, le stade de Mons aura ainsi une contenance totale de 10.500 places – pour 8.000 l’année dernière. Le club vient d’envoyer un courrier au collège communal pour lui demander l’autorisation de commencer à travailler sur les plans des deux dernières tribunes restant à construire. En espérant le même financement que pour les deux déjà terminées : 60 % par la Région wallonne, 40 % par la Ville. Si le projet aboutit, le stade (communal) de Mons contiendra 13.000 places au bout du compte.

Cédric Berthelin ne reconnaît donc plus le stade dans lequel il a joué lors de ses premiers mois à Mons. Mais pourquoi s’était-il alors embarqué dans cette galère ?  » Je n’avais pas le choix. J’avais quitté Crystal Palace pour des raisons familiales. Ma femme ne parlait pas anglais : elle avait fait des études d’allemand, pas de bol ! Et elle refusait de conduire à gauche… Je pouvais rester à Crystal Palace, je pouvais aussi signer dans d’autres clubs anglais, mais nous avons décidé de revenir en France. Malheureusement, tout le monde m’avait oublié dans mon pays. Je suis rentré en août, je me suis retrouvé les mains vides et je suis allé m’inscrire au chômage. Une expérience douloureuse que je ne souhaite à aucun footballeur. Je me suis posé des tonnes de questions, je ne savais pas ce que j’allais devenir. Du jour au lendemain, j’étais privé de la vie et de l’odeur du vestiaire. J’étais à un stade de ma carrière où je me foutais royalement des installations dans lesquelles j’allais devoir bosser. J’étais au chômage, je voulais retrouver un club pro et rejouer chaque semaine. En plus, Mons était ma seule piste concrète. Il y avait de l’intérêt en CFA, en Ligue 2, en National, mais ça ne correspondait évidemment pas à mon plan de carrière. A ce moment-là, je me suis demandé si j’étais vraiment retombé si bas « .

Vestiaire

Les choses sérieuses ont commencé le week-end dernier. Mons va-t-il confirmer sa saison 2006-2007 inespérée ? Berthelin sait que ce ne sera pas simple.  » Trois paramètres risquent d’être déterminants : l’arbitrage, la chance et les blessures. L’effet de surprise est en tout cas terminé. En plus, nous avons conservé la même équipe et les chances de surprendre les adversaires se réduisent donc encore un peu plus. Tout sera forcément plus compliqué que la saison dernière, même si les automatismes et une année supplémentaire de maturité sont des atouts intéressants. La direction montre en tout cas qu’elle veut y croire, qu’elle refuse l’idée que notre bonne saison n’ait été qu’un feu de paille. Wilfried Dalmat et Hocine Ragued viennent de prolonger pour quatre ans : ce sont des gestes très forts « .

Ville

 » Je ne vais pas souvent en ville vu que j’habite toujours près de Lens, à une centaine de bornes de Mons « , lâche Berthelin.  » Cela représente une heure de voiture le matin et la même chose après l’entraînement, mais au moins, je passe du temps au milieu de toute ma famille et c’est hyper important pour moi. C’est aussi plus intéressant sur le plan fiscal mais ce n’est pas la première explication. J’ai besoin d’être entouré des miens. Mes parents étaient tous les deux originaires de la région de Lens : deux enfants de mineurs. J’ai d’ailleurs perdu un grand-père dans un accident au fond du trou et mes grands-mères vivent toujours dans des cités minières. Je retrouve ici la même mentalité que dans le Nord de la France : les gens ne se prennent pas la tête. Les supporters de Mons découvrent le haut niveau en même temps que le club. Quand je parle avec les anciens, ils me disent que Mons attirait plus de monde en D3. Cela fait réfléchir. Il y a un gros potentiel public ici mais il faut attirer les gens avec des résultats dans la durée. Je suis sûr que si ce club est encore en D1 dans 20 ans, il y aura beaucoup plus de monde dans le stade. Ici, il manque surtout une tradition au plus haut niveau. Je me reconnais dans ces supporters, je pense que nous avons un peu la même mentalité. Quand j’arrive à Mons, j’ai encore l’impression d’être chez moi, j’ai parfois du mal à me dire que j’ai franchi la frontière pour venir travailler. Je ne suis pas du tout dépaysé « .

Terrains d’entraînement

Cédric Berthelin se souvient :  » Quand je suis arrivé, nous nous entraînions au domaine de PHASE, à quelques kilomètres d’ici. C’était folklorique : nous nous changions au stade puis nous prenions notre voiture pour aller à cette espèce de complexe d’entraînement. Ensuite, c’était le retour ici pour la douche. Parfois, nous nous entassions à une quinzaine dans la camionnette du responsable du matériel. En plus, les terrains étaient dans un état lamentable : bosselés, pas toujours bien tondus. Il fallait un temps d’adaptation quand nous nous retrouvions sur un billard le week-end après avoir bossé toute la semaine sur des terrains pourris. Ça faisait un peu CFA. Aujourd’hui, nous avons un outil parfait sous la main. Il suffit de quitter le couloir du vestiaire et nous y sommes « .

On y trouve deux terrains en gazon naturel, un synthétique, une aire d’entraînement en herbe et un bac à sable pour les gardiens.  » Le synthétique est idéal quand la pelouse naturelle est en mauvais état à cause de la météo, mais pour la musculature, c’est mauvais de passer régulièrement d’un à l’autre car les appuis ne sont pas les mêmes et les blessures arrivent vite, notamment au niveau des adducteurs « .

Espace de soins

A deux pas du vestiaire des Montois, une salle est équipée de trois grandes baignoires à jets. Un sauna y sera prochainement installé ainsi qu’une cuve à glaçons dans laquelle les joueurs pourront plonger le bas du corps pour les soins.

Club 44

C’est ici que se négocient des marchés, les soirs de matches. Pour devenir membre du Club 44, il faut s’acquitter d’une cotisation de 1.250 euros par saison et ce montant donne notamment droit à un business seat. Une fois par mois, un invité prestigieux vient à la rencontre des membres, discute avec eux dans une ambiance très informelle. Y ont déjà défilé : Alex Ponnet, Paul Van Himst, Alain Courtois, Elio Di Rupo, Jean-Marie Philips, José Riga, Robert Waseige, Danny Spreutels, Pad’R, Jean Pol Spaute, Johan Vermeersch, Georges Grün, André Remy, Jérôme Nzolo,…

Entrée principale

 » J’ai bossé dans des décors très différents. Je sais la chance que j’ai d’être aujourd’hui à Mons mais il ne faut évidemment pas comparer avec le club où j’ai fait toute ma formation : Lens, c’était encore un autre monde. Le stade Bollaert, c’est un temple de 45.000 places assises, pas une de moins ! Et un centre d’entraînement extraordinaire : des pelouses à perte de vue, trois terrains synthétiques, une espèce de plaine de jeu plus grande que l’ensemble du complexe d’entraînement de Mons. Lens, c’était vraiment la crème de la crème. Après cela, je me suis retrouvé à Valence, en Ligue 2. Au niveau des installations d’entraînement, c’était pire que la Promotion. Les pelouses étaient lamentables, les douches auraient dû être déclassées. Par contre, la pelouse du stade était superbe, elle a d’ailleurs été élue meilleure pelouse de France. Mais Valence n’est pas du tout une ville de foot. En étant coincée entre Saint-Etienne et Lyon, elle n’avait aucune chance d’émerger. Luton Town, c’était encore une expérience à part. Nous nous changions au stade et il fallait rouler une dizaine de kilomètres pour aller s’entraîner sur une pelouse qui n’appartenait même pas au club. Le stade était typique du foot anglais, en pleine ville et avec les spectateurs à deux pas des lignes de touche. Je me plaisais bien là-bas, j’avais signé pour deux ans mais le club a fait faillite après quelques mois. Heureusement pour moi, Crystal Palace m’a très vite contacté et offert un contrat. A Crystal Palace, l’infrastructure était assez basique. Les terrains n’étaient pas arrosés, à peine entretenus. Le stade avait 80 ou 90 ans mais surtout une qualité que l’on retrouve dans beaucoup de clubs anglais : la mémoire des murs. Il y avait une légende inscrite dans ces briques et ça se ressentait très fort. Sur le plan purement football, j’y ai vécu une expérience unique avec une extraordinaire montée en D1 « .

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