Visite d’Alger avec Rabah Madjer

En 1985, je me rends pour la première fois en Algérie. But de mon voyage : le match de qualification pour le Mundial mexicain entre les Fennecs locaux et les Aigles de Carthage, leurs frères-ennemis tunisiens. Dès les préparatifs, le ton est donné.  » Je veux bien vous réserver une chambre mais à condition que vous m’apportiez une bombe de peinture pour ma voiture gris métallisé « , me dit, au téléphone, le réceptionniste de l’hôtel Albert Ier. Et je ne suis pas encore au bout de mes surprises car au moment du check-in, c’est ni plus ni moins un alternateur pour une Golf qu’un quidam me demande gentiment de délivrer sur place. Avec le recul, je me dis aujourd’hui que j’ai été fou d’accepter ce paquet d’un illustre inconnu. Même si, à l’arrivée, on m’a rendu ce double geste au centuple. Car les deux personnes dépannées se sont vraiment pliées en quatre pour faciliter et agrémenter mon séjour sur place : acheminement au stade, repas : le photographe Alain Schroeder et moi n’avions à nous soucier de rien.

Un autre Algérois, autrement plus célèbre, se sera montré un hôte de choix lui aussi : Rabah Madjer. Après le match, qui s’était soldé par une victoire 3 à 0 des locaux, le joueur, actif au FC Porto à ce moment, m’avait été présenté par une connaissance commune, Hédi Hamel, le rédacteur en chef du mensuel Jeux d’Afrique.  » Vous êtes venus spécialement de Belgique pour couvrir ce match ? Dans ce cas, vous êtes mon obligé. Je passe vous prendre demain à l’hôtel et nous irons ensemble à la découverte de la capitale. «  A 9 heures précises, le lendemain, une rutilante Mercedes s’arrête devant notre lieu de séjour. Avant d’embarquer, on sacrifie, en compagnie de Rabah, au rituel du thé à la menthe. Ce ne sera pas le dernier ce jour-là : au total, c’est quinze tasses qui nous attendent ! Et deux couscous, midi et soir. Car, avec cette star comme guide, nous sommes reçus partout avec les honneurs. D’abord à Hussein Dey, son fief à Alger, et l’endroit où il fit ses classes avant d’émigrer au Racing de Paris, puis à Kouba, autre quartier de la capitale, où réside son grand pote de l’équipe nationale, Mohamed Kaci Saïd.  » Mentionnez son nom dans votre article, car il le mérite « , dit-il.

Deux ans après ce contact avec Mus (car Rabah se prénommait en réalité Mustapha), le gars allait entrer dans la légende du football en inscrivant le but victorieux pour son club portugais en finale de la Coupe d’Europe des Clubs Champions face au Bayern Munich (2-1). Ce soir-là, notre Jean-Marie Pfaff national n’avait rien pu faire contre sa talonnade victorieuse. Avec son bagout et son sens des affaires, l’ami Madjer lança un parfum dans la foulée. Son nom ? Talonnade, bien sûr !

PAR BRUNO GOVERS

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