Visé juste

Jérôme Colinet est le seul francophone de la forte colonie belge du Roda JC.

Après avoir passé neuf ans chez les jeunes du Standard, Colinet, âgé de 18 ans, estima qu’il était temps de prendre son avenir en mains. Il décida donc de rejoindre l’armada belge de Roda : « Je garde de bons souvenirs du Standard. Nous formions un véritable groupe d’amis qui, pour la plupart, fréquentaient la même école sportive. Mais le club ne pouvait pas m’intégrer au noyau A alors que j’avais reçu des offres du GBA, de Feyenoord et de Roda. Celle émanant de ce dernier était la plus intéressante, tant financièrement que sportivement. C’est une bonne équipe mais elle ne joue pas nécessairement les premiers rôles. Pour un jeune, c’est l’idéal. De plus, c’est plus près de Liège qu’Anvers ou Rotterdam ».

Jérôme Colinet mesure ses paroles et garde son calme en toutes circonstances. Ce n’est pas une grande gueule, ce qui ne doit pas être facile parmi tous ces Hollandais : « Je n’ai pas pensé à cela au moment de signer. Il est vrai qu’il m’a fallu du temps pour m’adapter, surtout à la langue. Je pensais avoir appris le néerlandais à l’école mais je ne savais pas grand-chose. J’ai demandé à être accueilli par une famille hollandaise. Heureusement, il y a beaucoup de Belges à Kerkrade. Au début, Sven Vandenbroeck et Kevin Van Dessel m’ont servi d’interprètes. Maintenant, j’habite à Visé ».

Barré par Van dessel

Colinet a signé jusqu’en 2006. En cours de préparation, il disputa pratiquement tous les matches amicaux et prit confiance. Mais au premier match de championnat, contre Ajax, il était dans la tribune : « Ce fut comme un poing dans la g… J’étais content de m’être imposé directement puis, d’un coup, sans explication, on m’éjectait. L’entraîneur, Jan van Dijck, éprouvait manifestement des difficultés à communiquer avec moi. Aujourd’hui, c’est Georges Leekens qui a repris le commandes. Il est parfait trilingue et me parle beaucoup. Il m’a intégré deux fois dans le noyau, face au PSV et à NAC, mais je n’ai pas joué. Dommage car, à l’entraînement, je n’ai rien à envier aux autres. A ma place, il y a Garba Lawal et Kevin Van Dessel. Kevin est très bien considéré ici. Etre capitaine à son âge, c’est quelque chose. Sur le terrain, tout le monde l’écoute. Dès lors, pas facile de prendre sa place.

De plus, alors que cela allait mieux pour moi, j’ai dû être opéré du ménisque. J’ai recommencé avec les Réserves et je compte sur la fin de championnat pour me mettre en évidence. Comme Lawal n’a pas resigné et s’en ira en fin de saison, j’ai une chance de me montrer ».

« Le football hollandais est plus technique que le belge et ce style me convient davantage. Ici, tout se fait avec ballon et, tactiquement, les joueurs sont plus mûrs. On observe mieux l’adversaire et, j’ai beaucoup progressé en placement. Des joueurs expérimentés comme Anastasiou et Van der Luer me conseillent régulièrement ».

Remarque-t-il une différence de mentalité entre Belges et Hollandais? « Il faut se faire respecter partout… », dit-il.

Son père estime pourtant qu’au début, Jérôme était un peu trop timide. « S’il ratait une passe de quelques centimètres, il se faisait insulter. Mais ça l’a rendu plus fort ».

Colinet estime aussi qu’en Belgique, les joueurs sont aussi bien formés qu’aux Pays-Bas. « J’ai beaucoup appris sous les ordres de Simon Tahamata, par exemple. Seulement, en Hollande, on fait davantage confiance aux jeunes. Voyez Rafaël van der Vaart, de l’Ajax. Il n’a qu’un an de plus que moi mais est déjà un des meilleurs buteurs du championnat. En Belgique, c’est impensable ».

Matthias Stockmans, , ,

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