VIRAGE DE CUTI
Le DT brugeois casse son image et explique pourquoi il veut de l’organisation avant de la création : » C’est la victoire qui compte « .
Voilà déjà quatre ans que Marc Degryse est directeur technique du Club Bruges et il n’a pas toujours été épargné par la critique. 17 transferts et le limogeage de Jan Ceulemans ont suscité bien des commentaires. » Nous avons un peu provoqué les critiques de l’an dernier en négligeant l’esprit d’équipe. Or, tout individu doit se rendre compte qu’il sera plus fort au sein d’un collectif performant. C’est l’ensemble qui compte et le reste doit suivre. La base d’une équipe, c’est son organisation. Nous l’avions perdue pendant un certain temps mais nous l’avons retrouvée. Après trois mois, nous savons ce qu’ Emilio Ferrera pense et comment il travaille. Chacun de ses entraînements a un thème tactique, technique ou physique. C’est du travail de pro et on réfléchit tous ensemble à la façon d’attein-dre ses objectifs « .
Quand on lui demande si sa vision du foot correspond à celle de Ferrera et si les transferts sont effectués dans cette optique, Degryse ne répond pas : » Dans ce métier, on ne peut pas tout dire. Les gens ne peuvent pas tout savoir et nous devons donc accepter qu’ils disent des choses fausses. Mais comment les gens peuvent-ils connaître mes idées ? Dans mon métier, il faut gagner. Et on se soucie peu de la façon dont on arrive à ce résultat. Donc, je laisse les gens parler. Je ne peux pas toujours jouer cartes sur table et je n’ai pas envie de tout justifier à chaque fois. J’avais, soi-disant, des idées complètement différentes de celles de TrondSollied tandis que j’étais soi-disant sur la même longueur d’ondes que Ceulemans. Mais quand on voit ce qui s’est passé, on se rend compte que ce n’était pas comme cela. Nous savions, en avril, comment l’entraîneur actuel travaillait et nous lui avons demandé quelles étaient ses priorités. C’est sur base de cela que nous avons transféré Salou Ibrahim, Koen Daerden et, plus tard, BrianPriske. Si l’entraîneur dit qu’il a besoin de quelque chose, nous le suivons « .
Organisation avant tout
Quel genre de foot a-t-il voulu inspirer à Bruges depuis son arrivée ? » Je connaissais le style maison et n’ai pas voulu tout changer en trois coups de cuiller à pot. Il fallait garder ce qui était valable et Bruges avait une bonne marque de fabrique. Je pouvais bien sûr apporter mon aide mais, en discutant avec les entraîneurs du genre de joueurs qu’ils souhaitaient, on savait évidemment quel style de jeu on allait avoir. Tout était donc question de négociations. J’ai essayé de m’adapter et de travailler à long terme. Tout doit pouvoir être comme avant mais il faut évoluer avec son temps. On nous reproche de ne pas avoir suffisamment de technique mais je ne partage pas cet avis. On a des joueurs créatifs : JeanvionYulu-Matondo, Daniel Chavez, Bosko Balaban, Kevin Roelandts, Elrio Van Heerden, Daerden … Ils sont tous capables d’entamer une action individuelle. Mais le collectif est le plus important et les choses se mettent au point. Lorsque ce sera le cas, les qualités individuelles de certains joueurs apparaîtront au grand jour. Voyez Chelsea, qui a acheté MickaelBallack et AndriyShevchenko : pourquoi ne les a-t-on pas encore vus ? Sont-ils mauvais ? Laissons le temps faire son £uvre car c’est souvent lui qui apporte la solution « .
Le Club joue-t-il mieux que la saison dernière ? » Je ne veux pas faire de comparaison de ce genre. Nous avons joué une petite vingtaine de matches avec Ferrera aux commandes et les chiffres sont là. C’est cela qui me donne confiance. L’équipe ne peut que progresser. Après cinq ans d’ère Sollied, le temps doit faire en sorte que notre train devienne un TGV. J’ai encore lu récemment une analyse de la Ligue des Champions et de la Coupe du Monde qui affirme que l’organisation est le meilleur moyen de ne pas se faire prendre en contre. C’est, en quelque sorte, un retour à la bonne vieille mentalité belge. Même les grands clubs veillent, avant tout, à ne pas encaisser. C’est comme ça que l’Italie est devenue championne du monde et la Grèce, championne d’Europe. En Belgique, aucune équipe n’a les qualités de Barcelone. Il faut donc bien s’accrocher à quelque chose pour essayer de construire. Si des clubs comme Liverpool ou Chelsea jouent de la sorte, c’est que ce n’est pas mauvais. Evidemment, on accepte la domination de l’adversaire et, quand on n’a pas le ballon, il n’est pas aisé de contrôler le match. Mais contre Mons, par exemple, nous n’avons pas eu le courage d’aller presser l’autre, de le prendre à la gorge. On a dit que nous manquions de fraîcheur. C’était après un match de la Belgique contre l’Arménie et plusieurs joueurs avaient été absents. Du coup, on n’a pas vu ce que je souhaitais : jouer sur la moitié de terrain adverse et dominer… tout en veillant toujours à ne pas offrir de possibilité de contre-attaque « .
RAOUL DE GROOTE
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