Vince  » devince « , Wayne  » dégayne « 

Joueur : 6 clubs, 3 pays, 400 matches (1 bon), 2 buts en Coupe d’Europe. Batteur : 3 groupes, 130 concerts (1 sold out).

L’intemporalité du foot… Deux mots et déjà je vous gonfle ! Pas vrai ? Certes le foot est intemporel, certes on n’a pas encore fini d’affirmer une chose que les faits ou les parasites affirment le contraire. So what ? Ce qui compte c’est d’affirmer avec dignité et conviction. Je vous affirme que si l’histoire s’écrivait toujours au présent, elle n’aurait aucune influence sur le futur. A l’heure du fast-food, on n’est pas obligé de devenir Fast Writer. L’urgence est rarement signe de bonne digestion. Cool ! N’oubliez jamais que, prendre du recul, c’est aussi prendre de l’élan. N’oubliez jamais que, le nez dans le guidon, on va plus vite mais on ne profite pas du paysage. Ni des senteurs coquines et inspiratrices qui mènent à l’envie.

Tout ça pour vous dire que, même si c’était il y a 11 jours, je vais vous re-réjouir de mes escapades mancuniennes. Et oui, du recul il en faut parfois pour pouvoir juger du passé. En tout cas moi, il m’en faut pour vous avouer mes doutes. Mercredi dernier, je vous affirmais avec conviction et sincérité mon ressenti : les Mancuniens sont pour City. Le taximan qui m’emmenait au derby m’avait encouragé.  » Vous êtes pour United ? Ah, pas du tout ! Alors ça va, je vous emmène dans ce trou à rats qu’est Old Trafford. Mais mon taxi est sponsorisé par Man City…  » En fait, un collègue anglais m’a affirmé qu’il y a autant de fans d’United que de City à Manchester :  » Tu crois que ManU remplirait aussi facilement 76.000 places uniquement avec des gens venus d’ailleurs ? »

Mais que le foot est beau. Jamais je n’aurais imaginé croiser des hordes de  » visages pâles  » style aspirine coiffé de sombreros avec Chicharito écrit dessus. Jamais, je n’aurais imaginé croiser une sublime dame de 120 kilos en-samedi-manchée d’un maillot de la Corée du Sud avec écrit Park dans le dos.

Tiens au moment où j’écris ces lignes, un king s’assied à côté de moi. Gianfranco Zola. Assis ou debout, ça ne change rien. Aussi petit que son talent est grand. Mon parfait italien nous rassemble. Le temps de lui présenter mes respects qu’il confirme ce qu’il dégage. C’est la cla-a-a-a-assse. Presque gêné de recevoir des louanges d’un confrère belge. Il est consultant pour la TV italienne. Je le quitte pour aller prendre place dans le Théâtre des Rêves.

Ensuite, l’Histoire avec un grand H s’écrit à la 78e minute de ce derby. Wayne  » dégayne « . Wayne entre dans l’histoire un peu plus fort, un peu plus sublimement, un peu plus définitivement. Sir Alex déclare après le match :  » Dans l’exécution du geste, c’est le plus beau but que j’ai vu à Old Trafford « . 25 ans qu’il est là Ferguson. Et pas le genre à branler dans le sens des studs. Exécution est le mot. Rooney a exécuté les derniers espoirs de titre de City.

Un coup de jambe en l’air pour foutre en l’air les espoirs de ceux qui aimeraient avoir l’air. Manquait que les jarretelles pour rappeler que les titres, ce n’est pas à coup de milliards qu’on les obtient mais à coup de millions de répétitions. On ne trouve pas l’amour en l’achetant. On le trouve en prenant le temps. Le temps de se connaître, de vivre ensemble, de se rendre meilleur. De se rendre seuls au monde. Wayne l’a fait. Moment d’éternité. Moment de suspension. Moment de stupéfaction pour le stupéfiant Vincent Kompany. Une glissade qui ne doit pas faire oublier que Vince est à la défense ce que Wayne est à l’attaque. Un génie. Rooney buteur victorieux, Kompany défenseur devenu dieu. Notre compatriote est élu joueur du match ! Juste derrière moi, Marcel Desailly hurle dans son micro :  » Le Belge est un des meilleurs défenseurs du monde !  » On est tous d’accord. Vince a la classe mais Vince est défenseur, Wayne attaquant. Man U a gagné, Man City a perdu. Une chose est sûre, Manchester est la ville d’un Diable Rouge…

PAR FRÉDÉRIC WASEIGE – JOURNALISTE BE/TV

 » Wayne Rooney peut atteindre les sommets s’il garde la tête sur terre…  » David Unsworth (qui a joué 12 ans pour Everton)

Rooney buteur victorieux, Kompany défenseur devenu dieu.

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