Villa abandonnée

Le capitaine et médian défensif des Villains quitte un club qu’il a marqué de son empreinte.

G areth Barry qui quitte Aston Villa, c’est un peu comme si Ryan Giggs partait de Manchester ou Raul du Real Madrid. Surnommé le Steven Gerrard de Villa Park, Barry en était arrivé à représenter le club de Birmingham, grandissant avec lui, se rapprochant des sommets avec lui, le brassard de capitaine vissé au bras. Son statut d’icône locale s’était renforcé l’été passé au bout de négociations sans fin avec Liverpool, qui était prêt à délier les cordons de la bourse pour s’assurer ce fidèle. Aston Villa avait refusé l’offre des Reds à la grande satisfaction de son manager Martin O’Neill, qui avait choisi de bâtir autour de ce grand gaillard la formation devant côtoyer le Big Four durant les deux tiers du dernier championnat anglais. Mais cette saga allait laisser des traces, Barry accusant O’Neill d’avoir tout fait pour bloquer son départ. Résultat : une amende salée pour avoir accordé une interview sans l’autorisation du club. Quant à O’Neill, il reprenait le brassard de capitaine qu’il offrait à Martin Laursen avant de le restituer à Barry suite à la blessure du Danois en janvier dernier.

Mais tout marin sait que le chant des sirènes ne cesse jamais et au lieu de se maintenir ligoté autour du mât jusqu’à la terre ferme, Barry a bravé l’interdit. Avec cette fois-ci, comme résultat, un contrat en or massif chez les nouveaux riches d’Angleterre, Manchester City.

Les Citizens se voyaient déjà maîtres du monde la saison passée. Ils ont pourtant vécu une saison terne et n’ont pu qu’élever les fondations qui leur permettront de jouer dans la cour des grands à terme. Pour la prochaine saison, ils ont eu le temps de cibler leurs transferts. Et le premier courtisé (Barry) a craqué très vite : 12 millions de livres (13,5 millions d’euros) et un salaire hebdomadaire de 110.000 livres (121.000 euros).

Il s’est excusé auprès des fans de Villa dans le journal

A 28 ans, une page se tourne donc pour celui qui avait rejoint les équipes de jeunes d’Aston Villa en provenance du club de sa région natale, Brighton and Hove Albion. Douze années ne s’effacent pas si facilement. Barry laisse une trace indélébile à Villa : 440 apparitions toutes compétitions confondues en font le septième joueur le plus capé de l’histoire du club.

Derrière ces chiffres, il y avait aussi un style de guerrier (cela aide quand on est né à Hastings, célèbre pour sa fameuse bataille de 1066), comparable dans une moindre mesure à celui de Gerrard ou de Frank Lampard. Même fidélité, même abnégation, même frappe de mule et même polyvalence (Barry ayant occupé tous les postes de l’entrejeu) même si c’est comme deuxième médian défensif qu’il s’épanouit. Et même faculté de jaillir de la deuxième ligne, comme en témoignent ses 41 buts en championnat. Lancé dans le bain à 18 ans comme défenseur central, à l’époque de la formation entraînée par John Gregory, plus connue pour son attaque ( Dwight Yorke, puis l’année suivante Dion Dublin et Julian Joachim), il glissa ensuite au back gauche, dans l’entrejeu à gauche avant de se stabiliser comme médian central. Sa faculté d’adaptation allait plaire à tous les coaches qui le titularisèrent sans relâche. A tel point qu’il devint, à 26 ans, le plus jeune joueur de tous les temps à totaliser 300 matches de championnat anglais.

Ce style d’homme à tout faire plait énormément outre-Manche et c’est donc tout naturellement qu’il aboutit en équipe d’Angleterre. Son arrivée en 1998, à l’âge 17 ans lui promettait un avenir rayonnant mais il ne s’est pourtant jamais véritablement imposé comme titulaire dans l’équipe aux trois lions, ne totalisant au bout du compte qu’une vingtaine de sélections.

Aujourd’hui, les fans de Villa se sentent orphelins et reprochent à leur idole d’avoir opté pour un club moins bien placé que le leur. Cela a soulevé un tel tollé à Birmingham que le joueur s’est fendu d’un communiqué dans le journal local, le Birmingham Mail.  » J’avais besoin d’un nouveau challenge. Je craignais de stagner et de m’installer dans un certain confort « , a-t-il notamment écrit.  » J’ai rejoint un club qui, je le sens, va se battre pour gagner les trophées majeurs. Certains doutent de cela mais je suis convaincu que City, à moyen et long terme, va devenir une force majeure du championnat.  »

par stéphane vande velde – photo: reuters

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