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Danish dynamite et bonnes idées créatrices dans l’entrejeu de Gand.

Une affaire en or ! Fin 2010, des scouts de Gand se rendent quatre fois au Danemark pour visionner Jesper Jörgensen (27 ans), capitaine d’un club moyen, Esbjerg. Le deal se fait très vite et le joueur coûte une croûte de pain : 35.000 euros. Dans sa première interview belge, Jörgensen égrène les raisons de son premier déménagement vers l’étranger :  » Je suis venu parce que le championnat belge est plus relevé que la compétition danoise. Parce que les joueurs de Gand sont plus doués que ceux d’Esbjerg. Parce que je vais pouvoir donner un coup de boost à ma carrière. Parce que je suis sous le charme du football que Francky Dury veut pratiquer. Parce que je fais un pas en avant sur le plan financier.  »

Il fait ainsi ses adieux à la quatrième plus grande ville du pays, qui abrite son plus grand port. Et qui a longtemps été réputée pour son industrie de la pêche. Adieu, aussi, aux insultes répétées des supporters adverses :  » Parfois, lors des matches en déplacement, ils chantaient qu’on puait le poisson… « 

Gand l’achète comme back-up pour un Bernd Thijs qui prend de l’âge.  » Je sortais de plusieurs saisons comme pur médian défensif. J’avais envie de faire autre chose, j’en avais un peu ras-le-bol d’arracher des ballons puis de les donner simplement vers la gauche ou vers la droite. Mais je ne pouvais pas être trop difficile non plus : cette opportunité de jouer enfin dans un plus grand championnat, je devais la prendre sans me poser de questions.  »

C’est malin !

A Esbjerg, Jörgensen était une star de l’équipe en compagnie de Niki Zimling, aujourd’hui au Club Bruges. Il y a aussi joué avec l’ancien Buffalo Anders Christensen – qui lui a conseillé de foncer vers la Belgique. Il a également été international Espoir. Aujourd’hui, il vise clairement l’équipe nationale A. Avec un coach ( Morten Olsen) qui habite en Belgique, ça doit pouvoir se faire ! Surtout au vu de la saison qu’il est occupé à faire avec Gand. A la place du vieux Thijs, alors ? Ben non ! Dans ses parages. L’entrejeu est presque immuable depuis le début de la saison : Thijs, Jörgensen et Tim Smolders. Trond Sollied nous a dit récemment :  » L’important, c’est d’avoir beaucoup d’intelligence tout le long de la colonne vertébrale de ton équipe et dans tout l’entrejeu. Avec ces trois-là, je suis bien servi.  »

De récupérateur, le Danois est devenu un vrai médian offensif. Il joue tout et marque régulièrement, ce qu’il faisait très rarement dans son pays (9 buts en plus de 200 matches). Et il s’éclate.  » Au Danemark, cette étiquette de joueur défensif me pesait, les gens avaient l’impression que je ne savais rien faire d’autre, j’étais enfermé dans un rôle de numéro 6. Aujourd’hui, je revis complètement. J’ai enfin de la liberté, je peux montrer toutes mes qualités. Entre Smolders, Thijs et moi, il y a une vraie alchimie. J’étais un offensif dans ma jeunesse, ce que je fais maintenant me rappelle plein de bons souvenirs. Avec le recul, je me dis que j’aurais dû être plus exigeant, abandonner plus vite mon rôle de récupérateur. J’avais fini par trouver mon métier un peu embêtant, monotone. Pour moi, ça doit être autre chose : aller vers l’avant, donner des assists, marquer des buts, prendre mon pied, sentir que je suis vraiment un pion essentiel de mon équipe. En début de saison, Sollied m’a dit que j’allais avoir ce rôle offensif et il attendait que je score une dizaine de fois. J’avoue que ça m’a fait un peu peur. Mais je me suis dit : -Why not ?  »

Mais qu’est-ce qu’il a ce Jorg ?

Quand Sollied parle de footballeurs intelligents, il pense sans doute à l’érudition du beau gosse. Jorg n’est pas trop génération PlayStation. Quand il jouait à Esbjerg, il était avec Zimling un des joueurs à se faire assister par un coach mental.

 » Je l’ai consulté régulièrement pendant un an et nous avons gardé le contact. Je l’appelle et nous discutons de la vie d’un footballeur. Je lis beaucoup de bouquins sur le sujet car je suis sûr que ça peut m’aider dans la gestion de mon jeu, dans la conduite de ma carrière, dans ma vie de tous les jours et dans ce que je ferai après le football. J’ai appris à me fixer un nouveau but précis tous les six mois. C’est comme ça que je veux progresser, petit pas par petits pas. Le meilleur livre que j’ai dévoré, c’était Gør en forskel (Fais la différence). Il a été écrit par le coach de l’équipe danoise de handball. Avec des joueurs plutôt limités, il a arraché plusieurs qualifications pour des Championnats du Monde. Il donne plein d’explications qui peuvent aider des handballeurs, des footballeurs et plein d’autres gens. Pour le moment, je suis dans la lecture d’un livre composé d’une cinquantaine d’interviews de Danois de haut niveau, choisis dans des secteurs d’activité très différents. Ils donnent tous un bon conseil qui peut faire la différence dans une vie professionnelle et expliquent comment ils ont atteint leur objectif suprême.  »

PAR PIERRE DANVOYE – PHOTO: IMAGEGLOBE

 » Quand j’étais à Esbjerg, les supporters adverses chantaient qu’on puait le poisson. « 

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