Vie à 2 A la rencontre des Englebert Crevettes et diamants

Gaëtan Englebert : Nous vivons ensemble depuis deux ans et nous nous marierons le 9 juin. Ce sont les circonstances qui nous ont conduits à vivre ensemble avant de passer devant l’autel. Nous nous connaissions depuis environ huit mois quand j’ai été transféré de St-Trond à Bruges. Je vivais chez mes parents, Véronique se partageait entre son kot et le domicile parental, près d’Herentals. Elle a abandonné ses études en communication pour me suivre. Ce changement ne m’a pas causé de problème. J’ai entraînement tous les jours et je suis souvent parti, mais Véronique s’est retrouvée seule, sans connaître grand monde. Depuis, nous nous sommes intégrés et nous organisons d’ailleurs la fête à Bruges, en terrain neutre.

Pourquoi avoir élu domicile à Coxyde?

La plupart des joueurs habitent les alentours de Bruges mais je préfère ne pas vivre trop près du stade. Simons et et Verlinden ont aussi choisi la côte. D’ailleurs, lorsque j’ai signé à Bruges, Dany a proposé de me chercher un appartement. Mes parents habitent aussi à la campagne, à Villers-L’Evêque. Coxyde est très calme, surtout en hiver. Notre premier appartement, dans les dunes, l’était encore plus. Il était neuf et nous l’avons complètement aménagé. Nous étions souvent seuls dans le building. Malheureusement, le propriétaire a décidé de l’habiter. Nous avons effectué les travaux pour rien. Habiter au centre de Coxyde est plus facile pour les courses mais moins pour le parking. Pendant les vacances, c’est plus bruyant. Les premiers jours, nous avons été réveillés en sursaut, à 7 h, par les camions-poubelles. Mais à 19 h, tout est vide. Hors-saison, certains magasins, même des boulangeries, sont fermés.

Vous désirez des enfants?

Oui. Deux ou trois. Mais nous ne nous marions pas par obligation. Nous voulons nous engager.

Comment vous êtes-vous connus?

Par St-Trond, mon club précédent. Nous nous connaissions déjà par la fille de Poll Peters, qui était son amie. Nous avons été à un concert à Gand.

Quels sont vos loisirs?

Il n’y a pas grand-chose ici. Nous nous promenons en bord de mer, nous allons parfois au cinéma, à Ostende. Souvent, il n’y a que dix personnes dans la salle! Nous n’avons pas de préférence. Disons que nous choisissions souvent des films américains. Véronique regarde la télévision mais je suis incapable de passer deux heures devant un film. J’ai toujours joué au tennis et nous allons nous y remettre. Je ne supporte pas de perdre! J’aimerais pêcher les crevettes. De notre premier appartement, je voyais les pêcheurs. Véronique lit plus que moi. Je me contente de petits livres, des Agatha Christie, quand je pars en vacances ou en stage.

Aidez-vous Véronique?

Nous ne salissons pas beaucoup mais je passe l’aspirateur et quand elle travaille tard, je cuis les pommes de terre. Il ne faut pas me demander des choses trop élaborées. Véronique est le chef, à l’intérieur. Elle aime apporter sa touche personnelle.

Regardez-vous tous les matches retransmis à la télévision?

Non! Je suis supporter du Bayern mais j’ai raté son match contre le Real. J’étais pris dans les bouchons. Je regarde les grands matches, sans plus. Véronique pas. Nous parlons peu de football ensemble, si ce n’est quand je reviens de l’entraînement. Elle demande s’il s’est passé quelque chose de spécial. Je préfère déconnecter.

Vous êtes-vous recréé un cercle d’amis?

Au sein du milieu, ce sont plutôt des collègues, même si nous sommes plus liés que dans d’autres métiers. Verlinden et moi effectuons les trajets ensemble. Je suis souvent avec Simons et De Cock, avec Vermant aussi.

Vous partez en voyage de noces?

En Thäilande. L’année dernière, nous avons été en République Dominicaine. Je veux me reposer car nous n’avons que deux semaines. Véronique aime le changement, les visites. La Thaïlande offre les deux.

Véronique Van Nunen : Au début, je ne le comprenais pas, surtout au téléphone. Au bout d’un mois, ça allait, pourtant. Comme nous avons commencé à parler en français, nous continuons car changer de langue semblerait artificiel. Toutefois, Gaëtan tire bien son plan. Nous utilisons certaines expressions flamandes entre nous. Il a appris le néerlandais à l’école et il le parle à Bruges, où il est le seul Wallon. Son accent a beaucoup de charme. Les Wallons ont souvent peur de parler une autre langue, de faire des fautes. Ils ne devraient pas.

Ne regrettez-vous pas d’avoir abandonné vos études?

J’ai hésité mais il serait resté seul dans son appartement, alors qu’il a souvent une demi-journée de congé. J’aurais pu le rejoindre le week-end mais me connaissant, les week-ends auraient commencé de plus en plus tôt et se seraient prolongés. Je suis trop nerveuse pour rester à la maison. J’ai cherché un travail à mi-temps. Ce n’était pas évident, puisque je n’avais pas achevé mes études et que j’étais dépourvue d’expérience. J’aurais aimé travailler pour un bureau d’interim, pour l’aspect relationnel et l’importance de la comunication, mais c’était à plein temps. Ce qui a joué en ma faveur, c’est que je travaillais le week-end, quand j’étais étudiante. Je suis employée par une bijouterie, tout près d’ici. Je m’occupe de l’administration comme de la vente. En fait, le plus dur, c’est de perdre ses habitudes et ses amis. Nous restons en contact mais les coups de fil s’espacent, même si nous sommes heureux de nous revoir. J’étais amie avec la copine de Jochen Janssen mais depuis qu’il joue en Autriche, il est difficile de garder le contact.

Vous avez été sportive. Pratiquez-vous toujours?

Moins et je devrais m’y remettre. Gaëtan n’aime pas jouer au tennis contre moi. Il dit qu’il n’y a pas match. Je fais un peu d’aérobic. Avant, j’allais au fitness, je faisais du VTT avec mon père. Mon problème, c’est que je n’aime pas être seule. Quand je passe devant une piste en tartan, je me laisse envahir par la nostalgie. Je me laisse absorber par ma vie conjugale, mon travail, alors qu’avant, je combinais études, travail et sport.

Aimez-vous le football?

J’aime le Club. Sinon, je me contente de regarder les résultats. Avant le match contre Anderlecht, j’étais nerveuse dès le matin. L’excitation des autres femmes est contagieuse. Les femmes s’entendent très bien, à Bruges. Nous nous donnons rendez-vous pour nous promener, aller manger un bout, nous rendre aux matches. Seule, j’hésiterais à suivre Bruges en déplacement. En fait, je n’ai raté que quelques matches en hiver, quand il gelait. Le baby-boom actuel a quelque peu disloqué le groupe car il n’est pas toujours facile de trouver une baby-sitter mais après les matches, certaines viennent avec leur poussette au foyer des joueurs. Les femmes m’ont réservé un accueil très chaleureux, d’emblée. Tous les nouveaux bénéficient de la même aide, de la même chaleur. Nous tentons de surmonter la barrière de la langue pour communiquer avec la femme de Mendoza. L’ambiance est fantastique.

Souffrez-vous parfois de votre statut?

Souvent, les gens reconnaissent Gaëtan, lui disent bonjour et lui parlent en me tournant le dos, comme si je n’existais pas. Au début, j’étais furieuse. Maintenant, je continue mon chemin, jusqu’à la prochaine vitrine. En fait, ils sont tellement contents de rencontrer un footballeur qu’ils ne réalisent pas qu’il est accompagné. Mais nous sommes des gens normaux, pas des stars.

Vous énerve-t-il parfois?

Je ne supporte pas le désordre. Pour lui, ça peut toujours attendre mais je ne suis pas en paix tant que tout n’est pas fait. Gaétan dispose d’une pièce à lui. S’il le faut, j’y dépose ce qui traîne ailleurs…

Pascale Piérard

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