Veste de motard et Maroc

Moralement, les blessures qui vous poursuivent doivent vous miner?

Régis Genaux (28 ans): Oui car je ressens toujours l’une ou l’autre douleur. J’ai toujours une appréhension. En deux ans, les ligaments croisés des deux genoux se sont déchirés. Il faut du temps pour ne plus rien ressentir.

L’Italie vous a-t-elle beaucoup marqué?

Ce fut le début de notre vie indépendante. Nous nous sommes retrouvés tous les deux, Vanessa et moi. La mentalité, le climat, la vie nous ont séduits. Udine est une petite ville prospère et sûre. Nous étions proches de Venise, des magasins, de la mer, de la montagne. Avant d’être blessé, j’ai skié, un sport que je pratique depuis mon enfance. J’ai initié Summer. Nous habitions une maison dans les montagnes. C’était idyllique.

Liège a-t-elle changé?

Le contraste nous a frappés. Il suffit d’ouvrir le journal pour découvrir des crimes, des actes de pédophilie. Vanessa dira que là, je ne lisais pas le journal. D’accord, mais quand même. A Udine, nous pouvions laisser la voiture ouverte. Nous n’avions pas d’alarme non plus. Ici, nous verrouillons les portières avant de démarrer. D’ailleurs, j’ai vendu ma Porsche.

La mode italienne vous a-t-elle influencé?

Au début, je disais que ça ne m’intéressait pas, mais on finit par vivre comme les Italiens. A notre arrivée, nous portions des vêtements achetés en Belgique. En fait, nous n’oserions pas porter de créations italiennes ici. Une fois, j’ai mis une veste de pluie comme tout le monde en a en Italie. Elle fait un peu motard. Ça n’a pas raté: toute la journée, on m’a demandé: -Tu vas en moto? Les Italiens raffolent des beaux vêtements, des voitures, des montres cossues. Les joueurs se présentent à l’entraînement en tenue de ville. Moi, en survêtement: à quoi bon se mettre sur son 31 pour se changer un quart d’heure plus tard. Mais je passais pour un paysan! On m’a charrié. Un autre exemple: en hiver, ils portent des chaussettes hautes. Ils se sont moqués de mes chaussettes basses. J’ai dû en acheter des hautes!

Votre fille sera-t-elle sportive?

Oui, elle ne tient pas en place! Nous le souhaitons mais nous ne la forcerons pas. En Italie, nous l’avons inscrite à un cours de danse car en plus, elle est coquette. Mais elle ne comprenait pas bien ce que la monitrice disait. Elle a voulu essayer le tennis mais elle est encore un peu jeune. Elle skie, elle sait nager seule, elle met sa tête sous l’eau. Elle rêve de monter à cheval. Elle adore les animaux. J’ai trois chiens, deux dobermans et un labrador. Elle passe des heures avec eux. Nous ne la laissons évidemment pas seule. Elle rêve d’être vétérinaire, pour soigner les animaux. En tout cas, nous attachons de l’importance aux études.

Quels sont vos loisirs?

Ma blessure me limite. Je voudrais aller promener, pour faire plaisir à Vanessa, mais je dois me reposer. Je suis assez casanier. J’aime être dans mon intérieur bien rangé. Avant, je ne ratais pas un match. Vanessa regardait ses programmes en haut. Maintenant, je sature. J’ai regardé les dix dernières minutes de Leverkusen-Liverpool et j’ai vu deux buts. Ça me suffit. Nous adorons le cinéma. De tout, sauf les film d’horreur: comédies, suspense, science-fiction. Les restaurants aussi. Ici, nous pouvons confier Summer à notre famille. Si nous l’emmenons, c’est un restaurant rapide. Nous sommes las de la cuisine italienne car là, nous n’avions que ça. Pâtes et pizzas. Au début, d’ailleurs, nous n’aimions pas la cuisine italienne. Depuis, nous avons nos adresses et nous nous sommes habitués. Mais pour le moment, nous raffolons de la cuisine orientale, et surtout japonaise. Nous devons aller à Maasmechelen ou à Bruxelles. C’est une cuisine raffinée, épicée.

Comment décririez-vous Vanessa?

Oh… Elle fait bien à manger, nous sommes sur la même longueur d’onde. Nous ne nous disputons pas ou alors, pour des bêtises. Elle est entière et jalouse, aussi. Au début, si je rentrais avec une demi-heure de retard, le dîner était à la poubelle. Elle n’était pas sûre d’elle. Elle ne comprenait pas non plus que si j’avais des soins, je devais rester plus longtemps.

Comment avez-vous fait la connaissance de Régis?

Vanessa Georgery (28 ans): Au Sart Tilman, où s’entraînait le Standard. J’étais monitrice et je m’occupais de l’accueil des enfants pendant les stages. Je saluais les parents. Régis est passé et m’a demandé: -Et à moi, on ne dit pas bonjour? Un peu plus tard, il m’a appelée par mon nom. Il s’était renseigné! Nous avions 17 ans.

Aimeriez-vous travailler?

Plus tard, j’ouvrirai une boutique de vêtements avec Régis. Je m’intéresse beaucoup à la couture, je dévore les revues de mode. Mais puisque nous pouvons nous le permettre, je préfère ne pas travailler. Je ne veux pas que Régis s’ennuie, tout seul à la maison. Nous mènerions une existence décalée, puisque j’aurais congé quand il travaille. Nous faisons beaucoup de choses ensemble et j’aime qu’il trouve un repas à table quand il rentre.

Envisagez-vous de donner un petit frère ou une petie soeur à Summer?

Oui, mais je ne voulais pas me retrouver seule en Italie avec deux jeunes enfants. Là-bas, les joueurs sont constamment au vert. Même durant le Nouvel An!

Avez-vous fait des études?

J’ai touché à tout avant de connaître Régis: l’art, le sport. Je m’en fichais. C’est lui qui m’a soutenue et m’a encouragée. En plus, Stéphanie Goossens étudiait. Je voulais que Régis soit fier de moi. J’ai obtenu mon diplôme de comptabilité. C’est un peu paradoxal. D’habitude, on arrête quand on a une relation. Mes professeurs étaient étonnés. J’avais un examen le lendemain de la Coupe de Belgique que le Standard a gagnée contre Charleroi. Le professeur m’a demandé si j’avais fait la fête. Et bien, non! J’avais bûché.

Etes-vous sportive?

Je fais de la musculation à la salle d’Ingrid Berghmans, le Vital Club. Le décès de Marc Vallot, son mari, a d’ailleurs marqué Régis. Nous avons habité en face de leur club et ils étaient amis. Sinon, je déteste le football et nous n’en parlons pas ensemble. En Italie, nous faisions des balades à vélo, pour admirer les maisons, les jardins…

Quelles sont les qualités de Régis?

C’est un merveilleux papa. Je n’aurais pu en rêver de meilleur. Il est plus patient que moi. Il conduit Summer à l’école, il joue aux Barbies avec elle, lui donne le bain, fait des bricolages, l’emmène rouler à vélo. Le soir, par exemple, il se cache pour lui faire coucou. Cinq fois s’il le faut! Plus tard, je compte sur lui pour l’aider dans ses devoirs, tant il est patient.

Qui a décoré la maison?

Nous l’avons fait ensemble mais nous devons la réaménager. Elle est trop petite. Non, ne riez pas: nous avons tout en double, puisque nous avons dû nous constituer un ménage en Italie. Comme nous avons tout ramené, nous manquons de place. Summer avait une chambre de bébé mais elle a cinq ans, maintenant, et nous avons donc dû changer le mobilier. En plus, nous avons choisi des meubles ultramodernes, au début. Nous étions trop jeunes pour savoir ce que nous voulions. Par exemple, nous avons acheté des canapés bleu bic. On s’en lasse! Maintenant nous préférons un style plus cocoon. Nous sommes tombés sous le charme de Marrakech et nous avons décoré la maison d’objets marocains.

Le Maroc est votre destination favorite?

Avant, nous choisissions des voyages lointains, dans des hôtels quatre ou cinq étoiles. Le Mexique, l’Ile Maurice, qui fut d’ailleurs un raté sur toute la ligne: 12 heures de vol après le Thalys et là, c’était la saison des pluies. A 16 heures, nous étions dans notre chambre, devant la télé, car il faisait noir. J’avais emmené des robes légères mais le restaurant était situé à l’extérieur et je m’empressais de commander du thé chaud! L’année dernière, nous sommes partis au Maroc en last-minute, dans un club. Nous nous sommes retrouvés avec des familles, des jeunes, Summer pouvait aller au baby-club, Régis jouait au volley. Pour la première fois, il aurait volontiers prolongé les vacances. Elles nous ont vraiment plu. Cette année, avant la Crète, nous pensions aller en Egypte mais la situation au Proche-Orient nous inquiète beaucoup. Pas seulement pour nos vacances: ces drames nous interpellent.

Pascale Piérard,

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire