Tombé en disgrâce au Cercle, le latéral droit brugeois vrombit à nouveau de plus belle depuis son transfert à Louvain.

F rédéric Boi (Bruges, 25 octobre 1981) compte parmi les joueurs les plus polyvalents de notre championnat. Droitier pur jus, il a déjà évolué à toutes les places sur son flanc : ailier en classes d’âge, puis demi, et enfin back au plus haut niveau. Mais toujours avec le même élan offensif qu’à ses débuts. De quoi expliquer un total peu banal de 30 buts en quelque 250 matches en D1. Avec, pour cet authentique produit du Cercle, dont il a défendu les couleurs l’espace de 23 saisons, une petite prédilection à scorer contre l’ennemi héréditaire, le Club. Comme en 2007, lorsqu’il avait paraphé le seul goal d’un des derbies ou, pas plus tard que la semaine passée, lorsqu’il fit mouche à deux reprises contre les Bleu et Noir, mais pour le compte d’Oud-Heverlee Louvain ce coup-ci. Le longiligne Free égalait un record personnel. Une seule fois seulement, dans sa carrière, il avait réussi un doublé : face à Lokeren, le 7 mars 2010, quand il prit à son compte la moitié des réalisations des siens face à Barry Copa.

A l’époque, tout portait encore à croire que l’intéressé serait à tout jamais l’homme d’une seule et même entité (plutôt que club, mot tabou pour tout ce qui a trait au Cercle). Mais c’était compter sans la volonté du coach, Bob Peeters, soucieux de voir les Vert et Noir se séparer de leur glorieux serviteur. En cause, sa propension à s’installer dans une certaine routine après toutes ces années en équipe première. Et pour un jeune entraîneur aux dents longues comme Baby Face, pareil ronron était intolérable. Aussi, le joueur fut-il poussé vers la porte de sortie en juin dernier. Non sans quelques grincements de dents.

Une séparation abrupte

 » J’aurais aimé que le T1, voire l’un ou l’autre dirigeant me mette au parfum de cette décision « , observe Boi.  » C’est mon manager Didier Frenay qui a été averti de la situation. J’attendais davantage de correction d’une maison que j’ai quand même servie plus de 20 ans, dont neuf saisons en tant que pro. Mais aussi abrupte qu’ait été cette séparation, elle n’occultera jamais les bons moments que j’ai passés au sein de cette grande famille. Avec, comme points d’orgue, la montée en D1 en 2003, une 4e place en championnat en 2008 ainsi qu’une finale perdue en Coupe en 2010. Sans oublier les liens d’amitié que j’ai tissés au fil des ans avec plusieurs partenaires issus des formations de jeunes comme moi, tels Stijn De Smet et Tom De Sutter. Nous sommes vraiment amis pour la vie « .

Contrairement à ceux-là, qui jouent les utilités à Westerlo et à Anderlecht, Boi a trouvé chaussure à son pied à l’OHL où il fait figure d’incontournable depuis l’entame de la compétition.  » Il est plus facile de s’imposer comme arrière que comme attaquant « , nuance-t-il.  » Surtout quand on peut compter sur le soutien inconditionnel d’un mentor à l’image de Ronny Van Geneugden. Par son approche, il me fait irrémédiablement penser à Glen De Boeck, le prédécesseur de Peeters au stade Jan Breydel, sans conteste le meilleur meneur d’hommes que j’aie jamais connu pendant ma carrière « .

Pourtant, entre les deux hommes, ce ne fut pas toujours le grand amour. Comme à l’occasion du déplacement à Zulte Waregem en 2009-2010 quand, monté au jeu en seconde période, il est remplacé 24 minutes plus tard parce qu’il joue soi-disant comme une chiffe molle.  » Boeckie prétendait que j’étais trop brave sur le terrain « , raconte-t-il.  » Il me reprochait aussi, au même titre qu’à d’autres, de ne jamais contester les décisions arbitrales. Il n’avait peut-être pas tort, dans la mesure où nous étions sans doute tous un peu trop gentils. Depuis, le groupe s’est aguerri « .

L’adoration des mages

Le tournant, ce furent des séances de psycho sous la houlette du gourou Johan Desmadryl, actif également à Anderlecht du temps de Frankie Vercauteren. Aujourd’hui encore, dans l’entourage du Cercle, on évoque cette scène de l’adoration des mages que les Vert et Noir furent appelés à jouer en cette période des fêtes de fin d’année sur le marché de Blankenberge. Et ce, devant des passants médusés. Il y avait évidemment de quoi s’étonner avec le gardien Bram Verbist dans le rôle de Joseph et Lukas Van Eenoo dans celui du petit Jésus.

 » Il fallait oser, et certains sont réellement sortis de leur coquille cette fois-là « , se souvient Boi.  » Moi-même, je suis devenu plus affirmé et ma carrière a pris un nouvel élan. Si j’étais passé à l’OHL il y a cinq ans, je pense que je me serais assis sagement dans un coin. A présent, je n’hésite pas à me faire entendre « .

Surnommé Vespa au Cercle, allusion à la fois à son moyen de locomotion fétiche ainsi qu’à son rôle de piston sur l’aile, Boi n’a gardé à Louvain que son rôle d’inlassable navetteur. Les déplacements, il les effectue aujourd’hui en voiture. Même si, par mesure de facilité, il possède un pied-à-terre dans la cité universitaire. Seules autres constantes, d’un entourage à l’autre, ses passions pour d’autres jeux : le golf, le bridge et le poker. Où son côté sage reprend le dessus puisque ses pertes n’ont jamais excédé les 125 euros…

PAR BRUNO GOVERS- PHOTO : IMAGEGLOBE

 » De Boeck prétendait que j’étais trop brave sur le terrain. « 

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