VERY LIGHT

Le verdict de la balance n’est finalement pas si important.

Avez-vous reçu dans votre courrier électronique un mail faisant état d’une découverte par des soldats américains de limonade light à l’aspect plus que douteux ? Après avoir été exposée longtemps au soleil, à plus de 33°, cette boisson a lancé la polémique sur le caractère cancérigène de l’aspartame, composante récurrente des produits de type light. On a pensé, en effet, que dans un estomac à 36 ou 37°, ce genre de boissons pouvait faire des dégâts.

Mais est-ce vraiment une surprise ? J’aurais tendance à dire que c’est plutôt une confirmation tardive, après que la culture light soit devenue pour beaucoup un mode de vie et de consommation bien réel. Avons-nous été bernés une fois de plus par cette illusion sans calories, avec en toile de fond l’assurance de ne pas prendre de poids, de répondre par conséquent à des critères superficiels basés sur le physique et l’apparence, déculpabilisant dans une société qui loue la beauté, l’hygiène, l’équilibre, la silhouette, le paraître ?

C’est vrai que nous sommes en permanence agressés par des magazines, des photos, des émissions, des articles qui nous expliquent l’importance des calories, des régimes, et chacun y va de son laïus diététique.

Bien sûr, l’alimentation diététique représente un facteur essentiel de bien-être. Mais faut-il mourir prématurément d’un cancer après avoir cru bien faire, en consommant ce qui nous a séduit à un moment ou un autre ? Peut-être sommes-nous indifférents, prêts à tout pour garder notre poids de forme, sans penser que nous le paierons un jour.

Au même titre qu’on ne maigrit pas dans un sauna, je pense qu’on ne maigrit pas en consommant du light. C’est un problème de conscience, de culpabilité, de raison, et les grandes marques alimentaires ont parfaitement réussi à exploiter les faiblesses psychologiques du consommateur.

Buvez ou mangez light, évitez les calories : beau slogan, facile même, qui prouve qu’on aime entendre parler de nous, qu’on s’occupe de nous, qu’on nous prend en charge face aux tentations et que finalement, on peut quand même manger ou boire à volonté.

Le choix de produits light est multiple : beurre, confiture, pain, fromages, yaourts, sodas, chocolat, jusqu’aux cigarettes. Et quand ce n’est pas light, on tombe dans la catégorie bio. Le bio, naturel, sans additifs, mais pas sans addition.

Peut-être faudrait-il, si la preuve officielle est apportée que l’aspartame est cancérigène, poser sur les bouteilles ou produits light les mêmes slogans que ceux qu’on peut voir sur les paquets de cigarettes (le tabac tue, etc…). :  » le light tue  » ou  » boire du light provoque une mort lente « …

Triste débat, mais on constate donc qu’on permet la vente de poison et dans ce cas de figure, c’est à l’insu des gens. L’alcool, le tabac sont reconnus néfastes à la santé, pourquoi pas le reste ? N’avoir jamais fumé ou bu d’alcool et mourir d’un cancer… où est la logique ? Il doit y avoir une raison.

Nous avons tous entendu parler des hormones dans les élevages de poulets, de porcs, de bovins, mais ça ne semble plus essentiel. Nous devrions peut-être en revenir à une consommation plus classique, celle que nous ont enseignée nos parents. Des aliments sains, des bons plats, de la simplicité, de l’authenticité. Mais comme nous aimons la nouveauté, nous avons voulu montrer une fois de plus que l’ancienne génération avait tort de ne pas vivre avec son temps.

Mais ils avaient raison, ceux qui nous ont élevés sans luxe, sans marques, sans sucres de synthèse, sans colorants. Et dix ou quinze ans après, on découvre qu’il est trop tard. Comme on ne vit qu’une fois (enfin, je crois), ne boudons pas le plaisir des bonnes choses, et le verdict de la balance n’est finalement pas si important.

Les vrais bons produits, le foie gras, la truffe, le Bordeaux, n’existeront jamais en version light. Un bon verre de vin n’a jamais tué personne mais il semblerait que d’autres liquides en soient capables. Le plus important est de ne pas se sentir coupable de son alimentation mais d’être heureux de bien profiter de l’existence. Même s’il faut desserrer la ceinture d’un cran, on réfléchit mieux l’estomac rempli. Bon appétit !

(P. Bilic)

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