« Verschueren peut toujours m’appeler »

Les confessions d’un footballeur souvent sous-estimé.

Trois fois réserviste

Son discours ne manque pourtant pas de pertinence. Comme en témoignent ses réflexions sur différents thèmes:

Votre quatrième saison à Mouscron est-elle la meilleure?

De Vleeschauwer: Je le pense. La plus régulière, en tout cas.

Etes-vous plus arrière droit ou demi droit?

A Alost, je jouais arrière droit, mais dans une défense à cinq. Je pouvais arpenter tout le couloir. A Mouscron, il y a une double occupation des flancs. Je me suis habitué à mon rôle de demi droit: il me permet de m’exprimer offensivement. Cela avait bien fonctionné aussi lorsque j’avais évolué comme arrière droit avec Mbo Mpenza devant moi, contre Lokeren, mais Mbo a plus de rayonnement lorsqu’il évolue en pointe. Il peut courir à gauche, à droite. Comme demi droit, il ne peut que rentrer dans le jeu. J’ai aussi évolué comme demi défensif, en deuxième mi-temps à Beveren et à La Louvière, mais c’était occasionnel: Tonci Martic était suspendu. Je pense que je pourrais me débrouiller à ce poste, mais je me sens trop bien sur mon flanc pour l’instant.

Vous n’avez jamais été un habitué du banc!

Durant toute ma carrière, j’ai disputé deux matches avec l’équipe Réserve. A chaque fois, c’était pour retrouver le rythme au retour d’une blessure. Alors, lorsque Hugo Broos m’a placé sur le banc voici deux ans, je me suis demandé ce qui se passait. Sur le coup, je l’ai mal vécu. Pourtant, avec le recul, je constate qu’en quatre saisons à Mouscron, je n’ai commencé que… trois matches sur le banc. Il n’y avait donc pas de quoi dramatiser. Mais j’aime trop jouer. Je préfèrerais faire un sacrifice financier et signer dans un club où je suis assuré d’une place de titulaire, plutôt que partir à Anderlecht pour y être 15e homme. (Il réfléchit) Bon, d’accord: si c’est pour gagner le double ou le triple, mon raisonnement serait différent. Mais je connais le salaire d’Yves Vanderhaeghe et il n’est pas trois fois supérieur à ce qu’il avait à Mouscron. Les différences salariales ont tendance à s’amenuiser. Simplement, je pense qu’à Anderlecht, tous les joueurs, du n°1 au n°25, gagnent bien leur vie, alors qu’à Mouscron, il y a un plus gros écart entre le contrat des vedettes et celui des jeunes qui frappent à la porte de l’équipe Première. Rien de plus logique, à mon avis. De nos jours, les jeunes ont tendance à se montrer trop gourmands et les clubs ont tort d’accéder à tous leurs caprices. Je peux paraître vieux jeu, mais j’estime que pour avoir le droit de poser certaines exigences, il faut d’abord avoir fait ses preuves.

Un déclic dans la tête

Pas brillant votre dernier match contre Anderlecht…

J’étais sans doute trop motivé au coup d’envoi, voici dix jours. Dès ma première touche de balle, j’ai loupé mon contrôle. Quelques minutes plus tard, j’ai tacklé et le ballon a abouti dans les pieds de Gilles De Bilde, qui a ouvert la marque. Dès lors, j’ai compris que ce ne serait pas ma soirée. Je me suis encore rendu coupable de quelques imperfections techniques par la suite. En deuxième mi-temps, je me suis surtout efforcé de soigner mes gestes défensifs, afin qu’au moins, on ne puisse pas me reprocher mon engagement. Anderlecht demeure la seule équipe que nous n’ayons jamais vaincue au Canonnier. J’ignore à quoi c’est dû. Le Sporting possède des individualités capables d’inscrire un but sur un coup de patte. Il est toujours motivé lorsqu’il vient chez nous. Et ses joueurs se régalent sur notre billard. Yves Vanderhaeghe m’a déjà dit que je ne déparerais pas dans le noyau anderlechtois et que si l’occasion se présentait, je ne devrais pas hésiter. Mais, si c’est pour connaître le sort de Joris Van Hout ou de Stijn Meert: non, merci! Il est donc inutile que Michel Verschueren me téléphone? Je n’ai pas pensé cela. Après tout, rien ne dit que je ne pourrais pas être titulaire au Parc Astrid… (il rit) Mais bon: il me reste un an de contrat à Mouscron et j’ai déjà entendu des rumeurs selon lesquelles la direction envisagerait de me faire prolonger.

Est-ce la bonne méthode, de garder le même noyau et le même entraîneur pendant de longues années?

Lorsque cela tourne un peu moins bien, certains ont tôt fait d’évoquer une usure du pouvoir. Je suis à Mouscron depuis quatre ans et je n’ai jamais ressenti une quelconque lassitude. Certains entraînements, plus axés sur la préparation physique, sont donnés par Gil Vandenbrouck. Il y a de la variété: tantôt l’on travaille le fond, tantôt l’explosivité, tantôt la tactique avec Hugo Broos. Si l’on peut conserver un noyau qui a donné satisfaction et apporter chaque année une petite amélioration, on progressera immanquablement.

Mais il y a une trop grosse différence entre l’Excelsior du Canonnier et celui qui se produit en déplacement. Surtout dans des petits stades inconfortables, sur un terrain bosselé mal éclairé et dans une ambiance feutrée. Et l’on se dit inconsciemment qu’il ne s’agit pas d’un match très important. Mais si nous voulons viser l’Europe chaque année, il faut gagner ces matches à l’énergie, en faisant fi des conditions peu favorables à la pratique d’un beau football. Ce phénomène d’auto-suffisance n’est pas perceptible lorsqu’on se déplace chez les ténors.

Et l’équipe nationale?

Je n’ai jamais eu les honneurs d’une sélection. Ni chez les jeunes, ni chez les seniors. A 31 ans, je ne nourris plus d’illusions à ce sujet. D’un autre côté: je suis fort lié à Yves Vanderhaeghe et Stefaan Tanghe qui ont rejoint les Diables Rouges sur le tard, alors qu’ils n’y croyaient plus, et lorsqu’ils m’en parlent, j’admets que je les envie un peu.

Daniel Devos,

« Plutôt titulaire à Mouscron que 15e homme à Anderlecht »

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