VERS UNE COLLABORATION CORDOBA-ANDERLECHT ?

Le président du CA Belgrano, ArmandoPérez, a des allures de JeanPierreVanRossem, l’ancien magnat anversois de la F1 : cheveux longs, lunettes noires, corpulent, la chemise sortie du pantalon. Sa fortune, il se l’est bâtie dans les cosmétiques et a pris en charge le club des Pirates lorsque celui-ci a été déclaré en faillite, il y a cinq ans.  » Pour rendre à ma ville de Córdoba ce qu’elle m’a apporté…  »

On parle des Pirates parce que jadis, un supporter borgne, avec un bandeau sur un £il, venait aux matches en barque, par une petite rivière qui passe près du stade. Belgrano est un des quatre clubs principaux de Córdoba, mais aucun d’eux n’évolue en D1. Avec Instituto, il se trouve en D2. Talleres (qui fut également déclaré en faillite) et le Racing doivent se contenter de la D3. Si Belgrano existe toujours, il le doit à une loi spéciale existant en Argentine et permettant aux clubs en faillite de poursuivre leurs activités à condition de trouver un curateur. Cette loi a été votée après que des dizaines de milliers de supporters du Racing de Buenos Aires étaient descendus dans la rue lorsque leur club, lui aussi prêt à mettre la clef sous le paillasson, avait été menacé de radiation.

Pérez a réussi, en cinq ans, à remettre le budget de Belgrano en équilibre. Et cet homme, qui se déplace en avion privé accompagné de deux gardes du corps et qui partage son temps entre Buenos Aires, où il gère ses affaires, Córdoba, où évolue son club, et Punta Del Este, la station balnéaire d’Uruguay où il a sa résidence d’été, est fier de nous montrer ses réalisations. Dont un magnifique centre d’entraînement à la périphérie. Erigé sur 24 hectares, il va bientôt être agrandi de dix hectares. Il possède dix terrains (bientôt treize) et toutes les commodités, tant en ce qui concerne les infrastructures que l’encadrement.  » L’AFA, la fédération argentine, a récemment réalisé une étude sur l’état des pelouses, et a déterminé que la principale de notre centre d’entraînement et celle du stade où joue l’équipe Première, étaient les deux meilleures d’Argentine « , commente fièrement Pérez.

Chaque année, entre 7 et 8.000 jeunes joueurs posent leur candidature pour un test ici. Seuls 30 à 50 d’entre eux sont retenus et rejoignent les 600 du centre de formation, pour qui l’on est aux petits soins. Il y a tout : médecins, nutritionniste, psychologue, assistants sociaux, pédagogues, sexologue. Il ne manque qu’un endroit où s’abriter lorsqu’un orage éclate.  » Un jour, GérardWitters et WernerDeRaeve assistaient à un match sous un véritable déluge, seulement protégés par un tout petit parapluie. La photo a été publiée dans la presse locale « , rigole Perez.

Alors qu’il croise des parents qui viennent conduire leurs gosses aux entraînements, Pérez ouvre la vitre de sa voiture et les salue. L’accolade suit immédiatement. Un abrazo.

 » On participe au championnat national de l’AFA, qui regroupe 35 équipes de tout le pays. Ces dernières saisons, on a terminé 2e, 4e au général et l’an passé 1er dans une catégorie, alors qu’on est de D2. Devant des clubs formateurs de D1 comme Vélez Sarsfield, Lanús ou Estudiantes. Dans la plupart des grands clubs argentins, les dirigeants restent deux ou trois ans et visent des résultats à court terme, pas des projets de longue haleine avec des jeunes. Je pense qu’on aura bientôt un vrai capital-joueurs. En plus, on fait également un travail social. « 

Pérez rêve d’une collaboration avec un club européen, et pourquoi pas Anderlecht ?

 » On pourrait échanger des joueurs, des compétences, des coaches. Et le Vieux Continent comprendrait comment nous travaillons. Il faut former les joueurs de manière spécifique : on n’enseigne pas les mêmes gestes à un milieu de terrain qu’à un défenseur ou à un attaquant. « 

La cession de MatíasSuarez, PabloChavarria (prêté à Eupen) et PierBarrios (souffrant d’une pubalgie, il est rentré au pays) à Anderlecht a déjà une conséquence : beaucoup de jeunes préfèrent se lier à Belgrano plutôt qu’à un autre club de Córdoba… car il leur offre un débouché vers l’Europe.  » Ce fut un crève-c£ur de vendre Mati à Anderlecht, car les supporters avaient envie de le garder « , explique Pérez.  » Mais on ne pouvait pas entraver sa carrière… et Belgrano se remet à peine d’une faillite. Tout ce que je peux promettre à mes supporters, c’est qu’à force de travail, on formera d’autres Mati.  »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire