Vers les tours?

La polyvalence du jeune coureur ardennais est déjà impressionnante.

La côte de La Redoute n’est qu’à un kilomètre et demi. Philippe Gilbert (22 ans) vit au domicile de ses parents, sur les rives de l’Amblève, entre Aywaille et Remouchamps. Comment s’étonner que Liège û Bastogne û Liège soit la plus belle course du monde à ses yeux ?  » Avant que les organisateurs modifient le parcours, le peloton passait devant ma porte « .

Le Wallon de la Française des Jeux n’est pas bavard. Il pèse soigneusement ses mots mais il ne se laisse pas faire : malgré une collision à l’entraînement, en février, en compagnie de Rik Verbrugghe, il a commencé la saison en beauté en s’adjugeant le Tour du Haut Var et une étape du Tour de la Méditerranée tout en signant d’excellentes performances dans d’autres classiques. Il aurait aussi pu gagner le GP La Marseillaise.  » Wim Van Huffel et moi étions en tête du final, bien détachés, mais une mauvaise signalisation nous a fait sortir du parcours. J’ai exprimé mon mécontentement à l’UCI par écrit. Pareille erreur peut même faire l’objet d’un procès. Il faut réagir ! La presse ne nous ménage pas ses critiques. Si, en plus, nous nous laissons faire par les organisateurs, c’est la fin de tout « .

Gilbert planifie soigneusement sa carrière. Il y a deux ans, lors de ses débuts professionnels, il a sciemment opté pour une formation française. Il avait discuté avec WalterPlanckaert, pour lequel il affirme éprouver énormément de respect, mais Lotto n’a pas donné suite à cette approche. Le coureur ne regrette rien :  » Rester concentré et se remettre en question n’est pas évident quand on parle trop de vous. C’est un problème en Belgique. La Française des Jeux a l’équipe la plus jeune du Pro Tour. Elle protège et conseille bien ses jeunes coureurs, veille à ce qu’ils ne se brûlent pas. Marc Madiot a une philosophie : -Tout le monde doit avoir sa chance à un moment ou l’autre. Et cela ne vaut pas que pour les jeunes, d’ailleurs. Ici, on s’épanouit et on est plus motivé que jamais car on reçoit sa chance « .

Valet aussi..

Sixième à Milan û Sanremo, il a roulé au service de BradleyMcGee et ThomasLökvist au Tour du Pays basque. Etrange pour un coureur qui avoue franchement détester ce rôle de valet ? Gilbert sourit :  » Je ne voudrais pas mettre de côté mes ambitions toute ma carrière mais je peux travailler pour les autres, comme je l’ai prouvé au Pays basque, en tirant mes coéquipiers, en allant chercher bidons et vestes « .

Son excellent début de saison compte beaucoup à ses yeux, même si, ensuite, il a été victime d’un coup de barre :  » Réaliser de bons résultats d’emblée m’insuffle de la confiance. Cela signifie que j’ai bien travaillé pendant l’hiver « . Travail, un mot-clef pour Gilbert, qu’on aperçoit en cyclo-cross quand il ne s’entraîne pas dans ses côtes ardennaises.  » Le cyclo-cross est un bon entraînement par intervalles. C’est mieux que de rouler avec trois maillots superposés par -3°. Cela dit, s’entraîner dans ma région est un plaisir. Je préfère pédaler six heures dans les Ardennes que courir une classique flamande sur ces pavés si dangereux. Les classiques wallonnes me conviennent mieux que les flamandes, même si je me suis bien débrouillé au Circuit Het Volk, qui constituait une première pour moi. Et en Espoirs, j’ai terminé quatrième du Tour des Flandres « .

D’aucuns lui prédisent le même succès que Tom Boonen mais il précise :  » Je tire mon plan partout sans être un crack dans un domaine particulier, contrairement à Tom. C’est peut-être un handicap. Je serai au mieux troisième d’un sprint massif, et en côte, vous me retrouverez dans le Top 5. Par contre, ma polyvalence peut s’avérer précieuse dans un tour : je peux gagner des bonifications dans les sprints intermédiaires et rivaliser avec les meilleurs en côte. Le Pro Tour me complique cependant la tâche. Je remarque que toutes les courses sont plus rapides. Les Espagnols se préparent aux courses par étapes dès l’âge de 14 ans, ils récupèrent très vite. J’ai besoin d’un crédit de temps. J’aurai quand même le statut de coureur protégé de l’équipe au Giro. L’expérience de la saison dernière m’a appris que je pouvais tenir trois semaines. Jusqu’alors, je n’avais couru que le Dauphiné Libéré, mais il y a une grande différence entre huit jours et trois semaines « .

Roel Van den Broeck

 » Je préfère m’entraîner 6 HEURES DANS LES ARDENNES que courir en Flandre « 

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