Veni, vidi, Vidic

L’arrière central de Manchester United est toujours concentré sur son sujet.

« N emanja Vidic me sidère par son sérieux « , avance Milan Jovanovic, son équipier en équipe nationale de Serbie.  » Il fait tout à 100 % et n’a jamais un moment de relâchement de la première à la dernière minute de jeu. Même s’il marque de temps en temps, Vidic se consacre totalement à son job d’arrière. Nemanja a toujours été impérial dans le trafic aérien. Sa réussite en Angleterre est formidable. Il est aussi le patron de la défense de notre équipe nationale. Vidic et Dejan Stankovic sont les deux grands leaders de la Serbie. Quand un joueur fait l’unanimité dans un club comme Manchester United, il est forcément un des meilleurs arrières du monde, peut-être le Number One. C’est un phénomène qui ne vit que pour le football. Il est originaire d’Uzice, une ville de 50.000 habitants située à une trentaine de kilomètres de Bajna Basta où j’ai vu le jour.  »

Né le 21 octobre 1981, Vidic plonge ses racines dans cette région accidentée, près des Monts Tara (1.544 m d’altitude) et sur les marges orientales des Alpes dinariques. Dragoljub, son père, a travaillé comme ouvrier dans une usine de cuivre avant de prendre sa retraite tandis que sa maman, Zora, a été employée dans une banque. Nemanja et son frère, Dusan, se passionnent très vite pour tout ce qui touche au ballon rond. A 7 ans, il s’affilie à Jedinstvo Uzice où il reste cinq ans avant de passer avec armes et bagages à Sloboda Uzice. C’est le début de son ascension. Les scouts de l’Etoile Rouge Belgrade remarquent le talent de cet arrière central solide comme le roc et le recrute peu avant ses 15 ans. En 2000, il a 19 ans quand l’Etoile Rouge le prête un an au FK Spartak Subotica.

 » C’est un des secrets de la politique de formation de l’Etoile Rouge « , note Neba Malbasa, un des plus fins observateurs du football serbe.  » Quand un joueur est quasiment prêt, on lui permet d’acquérir du temps de jeu dans un club moins exposé médiatiquement. A son retour, Nemanja avait franchi un cap. A l’Etoile Rouge, il fut couvé et guidé par un arrière central expérimenté : Nenad Lalatovic. A deux, ils ont été impressionnants.  »

Vidic devient même capitaine et gagne tout en Serbie : championnat (2004), Coupe (2002, 2004), etc.  » A cette époque, on ne pouvait pas prévoir qu’il atteindrait le toit du monde mais je savais que ce joueur était destiné à une belle carrière « , souligne Stewan Stojanovic (ex-gardien de but de l’Antwerp), vainqueur de la Ligue des Champions avec l’Etoile Rouge Belgrade en 1991.  » A mon avis, il a bien fait de passer une saison et demi au Spartak Moscou. Il a appris à se débrouiller à l’étranger avant de passer à la vitesse supérieure, à Manchester United. Nemanja aurait tenu sa place sans problème dans la grande équipe de l’Etoile Rouge.  »

 » Nemanja est très important pour nous  » ( Alex Ferguson)

Alors que le grand club de Belgrade croule sous les dettes et les soucis, Vidic progresse sans cesse à Manchester United où il est arrivé en décembre 2005 pour un montant de sept millions d’euros.  » Au départ, il s’est certainement posé des questions car l’écart entre le Spartak Moscou et Manchester est forcément immense « , relève Zoran Stojadinovic de Sportskijournal à Belgrade qui le connaît bien.  » Et une fois de plus, il a imposé son travail, son sérieux et son application. Ce gars-là ne lâche jamais rien. Au premier contact, il peut sembler réservé mais, quand la glace est rompue, on découvre un homme très attachant. Finalement, j’ai été sidéré par son adaptation, son entente avec Rio Ferdinand au centre de la défense et la liste de ses succès en aussi peu de temps : Ligue des Champions (2008), Coupe Intercontinentale (2008), champion (2007, 2008), Coupe de la Ligue (2006,2009), etc.  »

La liste n’est pas terminée. Vidic a fait partie de l’équipe-type de l’année en Angleterre (2007, 2008) et à l’échelle du monde (2007, 2008), a été élu deux fois footballeur serbe de l’année (2005,2008). En novembre 2007, il a prolongé son contrat à Manchester jusqu’en 2012. Alex Ferguson était ravi :  » Nemanja est très important pour nous. Son entente avec Ferdinand est remarquable et fut même la clef de la conquête de notre dernier titre national. Il est très apprécié par le staff et les supporters.  »

Intransigeant dans les duels individuels et dans le trafic aérien avec ses 188 cm sous la toise et une solide corpulence, doté d’une bonne lecture du jeu, il a imposé son numéro (le 15) sur tous les terrains de la Premier League. Le football anglais est vraiment sa tasse de thé. Il a un fils, Luka, et sa femme s’appelle Ana Ivanovic. Elle est belle mais ce n’est pas la championne de tennis : on ne peut pas tout avoir dans la vie.

par pierre bilic – photo: reporters

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire