Vekeman, serviteur discret du football

 » Si Jacky Stockman a marqué les esprits par son talent et une grande carrière, DirkVekeman, aussi récemment disparu (dans son sommeil à 52 ans), laisse le souvenir d’une personnalité positive. Des gens comme lui valent de l’or dans un effectif. Il aurait pu rouler des mécaniques après avoir remporté l’Euro 77 avec l’équipe nationale Espoirs. De nos jours, cela lui permettrait de filer à l’étranger, vers un géant d’Europe, ce qu’Anderlecht était à la fin des années 70. Venu de La Rhodienne, il a parcouru toutes ses classes de jeunes à Anderlecht. Dirk a été la doublure de Jacky Munaron et même un peu de Nico De Bree. Tout a changé quand Tomislav Ivic est arrivé à Anderlecht, en 1980. Avant ce moment-là, il était impossible de deviner qui des deux jeunes, Vekeman et Munaron, finiraient par émerger.

Le nouveau coach bouleversa les habitudes, institua le hors-jeu marié à un pressing haut sur le porteur du ballon. Dans ces conditions, Ivic avait besoin d’un gardien tonique, capable de sortir rapidement pour contrer un adversaire passé entre les mailles du filet. Munaron était plus doué que Vekeman dans cet exercice. Dirk devint en quelque sorte l’assurance sécurité des gardiens de but du Sporting. Quand Jacky avait un souci, Dirk le remplaçait sans problème. On n’imagine pas facilement ce que cela représente : il faut être un grand professionnel au quotidien pour dépasser les déceptions d’un statut de réserviste et répondre de temps en temps seulement à l’attente. Il a été d’une magnifique loyauté à l’égard de Jacky et a contribué à la conquête de quatre titres (1981, 1985, 1986, 1987) et d’une CE 2 en 1983.

Au coeur des années 60, de mon temps donc, nous n’avons pas toujours eu des couples de gardiens de but aussi solidaires. Jean Trappeniers aurait été plus serein avec un numéro 2 à la Vekeman mais la direction lui mit Arpad Fazekas (ex-MTK Budapest, Bayern Munich) ou Zdenko Vukasovic (ex-Rijeka, Split, Gand) dans les pattes, des gars qui avaient déjà un beau parcours. Jean râlait parfois sec, surtout quand Fazekas jouait à sa place en Coupe d’Europe. L’effectif préférait voir Jean dans la cage. Il avait grandi avec nous, était du coin à une époque où les vestiaires n’abritaient pas encore autant de nationalités, et son talent était supérieur à celui de Fazekas ou de Vukasovic. Je suis persuadé que Vekeman aurait pu être titulaire dans n’importe quel autre grand club de D1. A partir de 1987, il a joué au Racing Jet Bruxelles, au RWDM et à Boom avant de coacher des petits clubs et de travailler avec les jeunes comme au RCS Brainois. Devenu facteur, il n’a jamais cessé de rendre service au football.  »

PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE BILIC

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