VDE anti-Anderlecht ?

Deschacht et Legear à nouveau ignorés par les Diables Rouges. Parce qu’ils ont de grandes gueules ?

Pour l’année de son centenaire, Anderlecht aura bu le calice jusqu’à la dernière goutte. Le titre gagné par le Standard à Liège, la cata en Ligue des Champions mais aussi une sous-représentation historique en équipe belge. On ne tient pas compte ici du match Allemagne-Belgique à Nuremberg, au mois d’août, en pleine fièvre olympique, avec une cascade jamais vue de forfaits. Quatre Mauves ont participé à cette grande farce : Bart Goor était titulaire, ce qui voulait tout dire sur les possibilités de sélection du moment. Jelle Van Damme, Mark De Man et Guillaume Gillet étaient montés au jeu.

On s’intéresse donc aux sept autres matches joués par les Belges en 2008, amicaux ou comptant pour la Coupe du Monde. Le bilan des Anderlechtois : Belgique-Maroc, Gillet titulaire ; Italie-Belgique, Gillet monté au jeu ; Belgique-Estonie, Van Damme monté au jeu ; Turquie-Belgique, aucun Mauve au coup d’envoi et aucun introduit en cours de match – avec l’humiliation pour Van Damme, expédié en tribune à une heure du coup d’envoi – ; Belgique-Arménie, Gillet et Van Damme titulaires ; Belgique-Espagne, Gillet et Van Damme montés au jeu ; Luxembourg-Belgique, Gillet titulaire, Van Damme monté en cours de match. Soit quatre titularisations en sept rencontres : une misère.

Pour le match de ce mercredi contre la Slovénie, deux Anderlechtois seulement ont été repris dans les 25 : Gillet et Tom De Sutter. Van Damme est blessé. Mais Olivier Deschacht et Jonathan Legear sont opérationnels. Aptes et non appelés : une constante pour ces deux joueurs. René Vandereycken ne les aime pas, c’est un secret de polichinelle. Dans notre numéro de la semaine dernière, Roger Vanden Stock se plaignait du boycott mauve par VDE. La dernière sélection confirme la tendance. Et des questions inévitables pointent. Snober systématiquement ces deux joueurs a-t-il quelque chose de logique ? Quels sont les arguments de Deschacht et Legear pour revendiquer une place dans le groupe des Diables ? Sont-ils coupables de délits de grandes gueules ? Vandereycken et Frankie Vercauteren règlent-ils leurs comptes de coaches virés avec Anderlecht ?

Walem a parfois du mal à s’y retrouver dans les critères de Vandereycken

 » Une sélection fait toujours des déçus, des mécontents « , lance Johan Walem, entraîneur des Espoirs du Sporting.  » Et pas seulement parmi les joueurs. Les entraîneurs aussi peuvent être déçus quand leur club n’est pas bien représenté en équipe nationale. Pour eux, chaque convocation d’un de leurs joueurs est valorisante, cela veut dire qu’ils bossent bien. Parfois, c’est difficile de comprendre les sélections. Surtout quand on est le premier concerné. J’ai des souvenirs très forts de jours où je n’ai pas été repris dans le noyau de l’équipe nationale. Il faut voir la réalité en face : un footballeur est un égoïste, donc il n’est plus tout à fait objectif quand une décision négative le concerne. J’ai parfois été frustré. Aujourd’hui, je vois les choses autrement : je sais que pour un entraîneur, ce n’est pas toujours simple de faire les bons choix.

Faire des déclarations incendiaires dans les journaux parce qu’on n’est pas repris, je suis persuadé que ce n’est pas la bonne solution. Deschacht et Legear ont tort de tomber dans ce piège-là. Exprimer des idées fortes, c’est positif, ça veut dire qu’on a de la personnalité, du charisme. Mais cela peut vite se retourner contre toi. Même si tu es sûr d’avoir raison, tu dois avoir une certaine réserve.

Je ne connais pas les critères de Vandereycken pour ne pas les sélectionner. J’ai parfois du mal à m’y retrouver. J’espère que ce n’est pas une vieille ranc£ur vis-à-vis du club. Ce serait malheureux d’en arriver là quand on est à la tête de l’équipe belge. Il y a des choses qui m’échappent. Deschacht est adoré ou détesté mais il y a une chose qu’on ne peut pas lui enlever : il est très régulier à un très bon niveau. Et Legear a un profil très rare en Belgique. Il est explosif et capable de faire la différence tout seul sur son flanc. Mais il y a son éternel problème de blessures et je ne serais pas étonné que ça joue contre lui en équipe belge comme ça le handicape à Anderlecht. S’il n’avait pas toutes ces contrariétés physiques, il serait vraiment très fort et indiscutable, sans doute autant chez les Diables qu’au Sporting. « 

Nicaise pense que Deschacht souffre du syndrome Anelka

Le Standard a aussi ses forts en gueule. Par exemple le Français Benjamin Nicaise, qui n’a pas l’habitude de mettre le frein à l’interview.  » Oui, mais je le fais avec parcimonie. Je ne rentre pas dans le lard tous les quatre matins ! Il m’arrive de refuser des interviews : quand on n’a rien d’intéressant à dire, c’est mieux de la fermer. Je ne fais pas du bruit pour rien. Je ne suis pas un deuxième Mohamed Dahmane qui est tous les jours dans les journaux et qui parle à tort et à travers. Deschacht souffre du même mal : son gros problème est là. Il a assez de qualités pour être dans le noyau de la Belgique. Je ne dis pas qu’il surclasse tous les autres backs gauches possibles, mais il pourrait être dans le groupe. Mais en disant n’importe quoi, il se pénalise. Comme Nicolas Anelka l’a fait longtemps en équipe de France : c’était la seule explication de sa non-sélection. Concernant Legear, je suis encore plus catégorique qu’avec Deschacht : il doit être dans le groupe. Sans hésitation possible.

Quand on me parle d’un règlement de comptes vis-à-vis d’Anderlecht, j’ai du mal à le croire. Vandereycken et Vercauteren ont entre les mains une partie de l’avenir du foot belge. Je les imagine mal s’amuser avec des petites guéguerres pareilles. Je les crois trop intelligents pour en arriver là. De toute façon, le coach fédéral est toujours critiqué. Et en Belgique, on aime bien la polémique. Si Vandereycken avait pris Deschacht et Legear, vous lui auriez reproché de ne pas en avoir sélectionné d’autres. Il y a plein de choix possibles parce que je vois un réservoir énorme en Belgique, quoi qu’on en dise. Il y a une centaine de joueurs qui ont le niveau de l’équipe nationale. « 

par pierre danvoye

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