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VAR – OHL

Fraîchement douchés, les joueurs d’OH quittent la Luminus Arena en traînant les pieds, tenant dans les mains ce qui a tout l’air d’être une boîte contenant des pâtes. Et si pour certains, le coup de fourchette est aussi assuré que le coup de pied, l’air ambiant laisse quand même deviner que la sauce qui accompagne le féculent fétiche des footballeurs a le goût amer de l’injustice. Pour ne rien arranger, la procession des joueurs du vestiaire au bus s’achève par le passage boitillant de Thomas Henry, buteur, qui a donné de son corps pour obtenir le point du nul (1-1). Sorti de conférence de presse dans son impeccable costume bleu, Marc Brys rejoint le bus gris foncé garé sur le parking de son inimitable démarche élégante. Il le sait. Tous le savent. Ils viennent de perdre deux points. Ou plutôt : on leur a pris.

Comment les opérateurs VAR n’ont-ils pas au moins indiqué à l’arbitre qu’il serait peut-être intéressant de revoir une fois l’action ?

Le hurlement collectif est venu briser la monotonie du huis clos. Il est un peu plus de 18h15 à Genk et, alors que les techniciens d’Eleven Sports s’agitent pour préparer l’antenne d’après-match, les joueurs et le banc d’OHL crient comme ils pressent : à l’unisson. Lancé dans la profondeur par Xavier Mercier, Olivier Myny est percuté par Joakim Maehle et tombe sans pouvoir faire autrement. À vitesse réelle, le choc est impressionnant et au vu du silence gêné des uns et de la véhémence des autres, l’issue de l’action ne semble faire de doute. Positionné à une dizaine de mètres, l’arbitre Jasper Vergoote agite les bras deux fois vers l’extérieur avec l’aisance d’un contrôleur aérien : pour lui, il n’y a rien. Vukovic peut relancer vers Ito. On joue la 95e minute, cette drôle de partie se termine là-dessus et sur deux questions. La première : comment, en étant aussi bien placé, monsieur l’arbitre a t-il jugé que l’intervention du Danois était licite ? Pierre-Yves Ngawa dira d’ailleurs que le ref’ lui a glissé à l’oreille qu’il s’agissait  » d’un contact de football « . La seconde : l’erreur étant humaine, comment les opérateurs VAR, intervenus à bon escient à deux reprises dans la rencontre, n’ont-ils pas au moins indiqué à l’arbitre qu’il serait peut-être intéressant de revoir une fois l’action ? Évidemment, chacun a son mot à dire là-dessus, notamment du côté des lésés, où Thibaut Vlietinck a évoqué la possibilité d’un  » var en quarantaine « , tandis que Myny s’est dit  » clairement poussé par Maehle  » et qu’il s’agissait d’un  » penalty à 100% « . Plus philosophe, Marc Brys évoquera le  » droit des arbitres à l’erreur « , mais également le fait que pour OHL,  » ce soit douloureux « . Et c’est là mon point du week-end. Si tout le monde, journalistes les premiers, est à même de se tromper, l’injustice ici réside aussi dans le fait que l’erreur a privé OHL de trois points qui auraient validé une idée de jeu bien réalisée.

Parce que tactique et victoire ne sont pas uniquement des mots nobles brodés au fil doré, où possession, gestes techniques et spectacle sont rois, OHL et Marc Brys ne méritaient pas cette erreur. Décimés avant la rencontre, les visiteurs sont arrivés à Genk avec une équipe jeune, expérimentale, qui jurerait autant par le contre que par sa capacité à empêcher leurs adversaires de développer leur jeu. Frileux diront certains. Pragmatiques diront d’autres. Logique, selon moi. Car en dépit d’une possession faible, OHL aura joué chaque contre à fond et surtout, les aura bien joués, se procurant quasiment les occasions les plus franches de la première mi-temps, si l’on omet une parade réflexe d’ Iversen sur une frappe lointaine de Cuesta. Vekemans aurait par exemple pu, ou dû, c’est selon, ouvrir le score sur une merveille de passe de David Hubert qui a ouvert la défense limbourgeoise comme Moïse les eaux. Dans ce plan de jeu respecté à la lettre, Thomas Henry mérite d’être cité. Non seulement, il y a laissé une cheville, mais il a aussi été celui qui a permis les rares montées du bloc blanc grâce à des conservations de qualité avec de sacrés clients sur son dos. Pour lui comme pour OHL, la fin est cruelle. Le Français rejoint l’infirmerie louvaniste, pleine comme ses boîtes de pâtes. Son équipe est privée d’un résultat sacrément précieux pour un promu. Maigre lot de consolation, elle m’aura, en nonante minutes, plus convaincu que le VAR.

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