VAR..iations énigmatiques

Faut dire quoi, finalement ? Le VAR comme le département, le referee ? Ou la VAR comme Molière, la vidéo, l’assistance ? On entend les deux, et c’est comme un symbole …de boxon : l’innovation rêvant de mettre tout le monde d’accord ne s’accorde même pas sur son appellation ! M’en fous, je dirai les deux, petit bonjour au foot féminin ! Surtout que le VAR n’est qu’un détail, une virgule dans la grande saga des polémiques arbitrales : elles nous tiennent en haleine depuis que le foot est foot, historiquement indissociables de sa popularité ! Ni catastrophe, ni miracle, la VAR n’est qu’un envahissement de plus de la technologie dans notre quotidien ! Énième déclinaison de cette formule débile et indribblable : on n’arrête pas le progrès ! Nondidju, cette  » dégradante obligation d’être de son temps ! « , disait Hannah Arendt, que je vous cite pour vous en boucher un coin…

Le VAR m’enthousiasme peu, mais je n’ai rien contre. Je n’en attends ni monts ni merveilles, mais suis convaincu qu’il fera du bien : en corrigeant quelques erreurs consensuelles d’une part ; en matérialisant l’équivocité des Lois du Jeu d’autre part, nous plongeant ainsi le nez dans notre caca d’addicts de l’interprétation. Alors, ceux qui me tapent sur ce qui me reste de nerfs, ce sont les ricaneurs clamant qu’avec la VAR, c’est le bordel plus qu’avant. Faux : les controverses qui demeurent n’invalident pas le VAR. Elles pourraient même donner à réfléchir, nous occuper l’esprit lorsque les matches se traînent …ce qui arrive régulièrement.

J’dis ça, j’dis rien, mais lorsque Massimo Busacca, directeur de l’arbitrage FIFA, dit que  » Rien ne remplacera bien sûr l’arbitre sur le terrain, même si on a parfois besoin des images pour mieux interpréter « , il lit mal dans sa boule. No, no, Massimo : que ce soit dans 5 ou 50 ans, le souverainisme du siffleur finira par s’estomper ! Le moment ridicule de la VAR d’aujourd’hui, c’est celui où l’arbitre/terrain trottine vers sa petite télé pour mettre ses acolytes d’accord …et les deux équipes en désaccord ! Je mets son sifflet à couper qu’il pétoche pourtant en visionnant, haletant, suant et se disant  » Putain, je fais quoi, je valide ou j’annule, je sanctionne ou j’absous ?  » …et qu’il finit par choisir d’instinct pif plutôt que paf, l’important étant d’exhiber rapidos son autorité !

Or, si 4 mecs voire davantage, derrière des écrans, ont déjà vu et revu une phase et sont majoritairement du même avis, pourquoi le mec au sifflet, devant la même TV, devrait-il ensuite rester le chef ? Il y a plus dans cinq têtes que dans une, et une décision interprétative à la majorité sera en principe moins ahurissante que la pulsion d’un despote ! Tôt ou tard, plutôt qu’être héros ou zéro, le siffleur deviendra héraut, humble messager d’un aréopage. Le VAR n’épaulera plus le siffleur, il s’y substituera ! Et la VAR de demain nous irritera d’autant moins qu’elle s’articulera sur une responsabilité COLLECTIVE, si, si Massimo ! Au passage, je rappelle d’ailleurs qu’à sa naissance en 1877, le referee fut sans sifflet et hors terrain, assis à hauteur de la ligne médiane : superviseur hors-champ de bataille, un peu comme le VAR aujourd’hui ! Éternel recommencement ?

Mais la VAR n’est pas la panacée, le Mondial vient déjà d’illustrer sa pire impuissance : sur coup de coin, là où le match se gagne avec les mains, l’antijeu s’est avéré plus fortiche que la technologie ! Et certains ont trouvé ça normal, si je me remémore ahuri les commentaires/studio-RTBF, lors du but de Steven Zuber face au Brésil ! ! Sur corner pourtant, malgré le cinéma préalable de l’épouvantail siffleur menaçant de sanctions, le VAR augmente la chienlit. Hier ceinturés et bourrés de partout sans guère de réaction arbitrale, les attaquants recherchent désormais le corps à corps. Dans l’espoir d’être vus victimes, ils deviennent eux aussi ceintureurs/bourreurs, provoquant les défenseurs moins crapuleux …qui réagissent, évidemment ! Cela multiplie les duos tricheurs, et donc les probabilités d’obtenir péno via VAR : péno contestable, vu que 10 ou 12 mecs agglutinés trichaient simultanément dans les deux sens ! Plus que jamais ici, le rectangle est foutoir, défouloir, zone de non-droit. À désengorger si et seulement si on modifie le texte de la Loi 17. À moins que la vicelardise fasse partie des plaisirs du foot. Et j’ai bien peur que oui.

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