Vanhaezebrouck remet les indemnités de formation en cause

La saison prochaine, les Espoirs des clubs de D1 joueront en Promotion. Les Espoirs de Courtrai sont bons derniers de leur championnat. Puisqu’ils n’ont pas le niveau de la Promotion, le club cherche des joueurs de divisions inférieures pour renforcer cette équipe.  » Dans le passé, l’école des jeunes a connu des problèmes « , explique Hein Vanhaezebrouck.  » Nous ne débordons donc pas de talents. Nous investissons à nouveau dans les jeunes depuis quelques années. Brecht Dejaegere et Dylan Ragolle ont éclos, Olivier Verstraete va parapher un contrat professionnel et d’autres suivront sans doute mais il est difficile de résister aux grands clubs, qui nous piquent nos talents.  »

Selon lui, le système des indemnités de formation doit être revu.  » Actuellement, il avantage les clubs financièrement puissants. Il ne faut rien verser pour les joueurs de moins de douze ans. Or, c’est à cet âge-là que les grands clubs les transfèrent. Ils profitent du travail de scouting effectué par des clubs comme Courtrai. En plus, beaucoup de jeunes talents s’étiolent dans ces grands clubs. Si d’aventure ils sont mis sous contrat ailleurs, dans un entourage plus modeste, le club-acquéreur devra débourser, lui, une indemnité de 10.000 euros par an. C’est une source de revenus non négligeable. Prenez l’exemple de Brecht Dejaegere. Le Club Bruges l’a formé au poste de gardien mais, à seize ans, il n’en a plus voulu, le jugeant trop petit. Nous l’avons recyclé au poste de médian mais au moment où nous lui avons offert un contrat pro, en 2010, nous avons dû nous acquitter d’indemnités de formation portant sur une durée de 4 ans, de ses 12 à 16 ans. Au total, Courtrai a donc dépensé 40.000 euros pour lui.

Et pourquoi ? Dans le monde professionnel, on a droit à des indemnités lorsqu’on opère des reconversions. Un club, comme le nôtre, qui récupère des talents rejetés par les grands clubs pour les valoriser devrait être récompensé au lieu de devoir délier les cordons de la bourse. Nous sommes, tout bien considéré, un club de recyclage. Comme tant d’autres. Ceci dit, il faut opérer un distinguo entre ce que nous faisons avec des joueurs remerciés ailleurs et ce qu’Anderlecht a fait avec Dennis Praet : il a enrôlé un talent de quinze ans, formé par Genk, pour des queues de cerise parce que les années en dessous de douze ans ne sont pas prises en compte dans le système actuel. Ce n’est pas juste non plus. Il faudrait, dans de tels cas, tenir compte de toutes les années de formation.  »

Vanhaezebrouck connaît bien la Promotion, puisqu’il y a joué et entraîné, sous les couleurs du WS Lauwe.  » Il ne faut pas sous-estimer cette division. Beaucoup de footballeurs évoluent à un niveau inférieur à leur talent, parce que l’élite n’a pas voulu d’eux mais aussi parce qu’ils y gagnent plus qu’en Espoirs d’un club de D1, ou même dans le noyau A d’un club de D2. Mathias Deveugele, un de nos joueurs, rejoint Izegem, en D3, parce qu’il y a reçu une offre plus avantageuse. Chez nous, les Espoirs jouent pour les primes, car nous ne pouvons leur offrir de contrat. Certains partent pour l’argent, d’autres perdent patience. Le fait est qu’en Promotion, nous allons affronter des équipes solides, qui recèlent de très bons joueurs. Ils s’entraînent peut-être moins mais ils peuvent faire la différence sur l’une ou l’autre actions. Courtrai n’est certainement pas le seul à devoir renforcer son équipe.

Nous cherchons avant tout des jeunes joueurs qui ont déjà tâté de la D3 ou de la Promotion et qui sont prêts à relever un défi sportif avec nous, pour parfaire leur développement et, qui sait, rejoindre un jour l’équipe-fanion. Le championnat Espoirs actuel est beaucoup trop jeune. On a tenté d’offrir une formation supplémentaire à ces jeunes pour faciliter leur passage en équipe A mais beaucoup de clubs n’alignent que des joueurs de 16, 17 ou 18 ans, des équipes de jeunes, donc. Il vaudrait mieux recréer un championnat de juniors UEFA en plus d’une compétition pour équipes B, avec des jeunes auxquels on accorderait un crédit de temps jusqu’à 23 ans et qu’on entourerait de joueurs du noyau A, comme ce sera le cas la saison prochaine, avec un vrai championnat.  »

PAR CHRISTIAN VANDENABEELE

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