Vandereycken-Leterme, même combat

Vu de l’étranger, on ne doit pas comprendre ce qui se passe en politique belge. Cela fait déjà plus de deux mois que les élections se sont déroulées et la Belgique n’a toujours pas de gouvernement. Plus ça va et moins une solution se présente à l’horizon. La raison en est claire : notre royaume est peuplé de gens qui ont le compromis dans les gènes. Et quand un groupe d’extrémistes ou d’ultra novateurs veut imposer quelque chose, il se heurte tôt ou tard à un mur d’incompréhension qu’il est impossible de renverser. Finalement, tout s’enlise et après un certain temps, les révolutionnaires sont bien obligés de dire à leurs électeurs qu’il n’y a pas moyen de fort changer les choses. La Belgique, c’est comme ça. Malgré de temps en temps des discussions orageuses, le consensus basé sur le fait que l’on vit dans un petit paradis sur terre est incrusté dans le conscient collectif. Et cette qualité de la vie ne vaut certainement pas une guerre civile.

Vu de l’étranger, on ne doit pas comprendre, non plus, ce qui se passe avec les Diables Rouges. Depuis la fin des exploits de Robert Waseige à la tête de l’équipe nationale en 2002, Aimé Anthuenis a pu exercer son talent comme coach fédéral pendant quatre ans, sans sélectionner les Diables ni pour l’Euro 2004, ni pour la Coupe du Monde 2006. Et maintenant, c’est René Vandereycken qui reste en place alors qu’il a autant de chances de qualifier le pays pour l’Euro 2008 qu’ Yves Leterme d’aller au bout de son programme électoral. Mais on n’a pas viré Vandereycken, alors qu’il l’aurait été partout ailleurs dans le monde vu le manque de résultats.

A un an des Jeux Olympiques de Pékin, des voix s’élèvent timidement par rapport au fait d’organiser la plus grande compétition omnisports de la planète dans un pays où la démocratie n’est qu’une vue de l’esprit. Ce n’est pas la première fois que l’olympisme installe ses pénates dans une dictature et ça ne le dérange pas. Il n’y a qu’à voir le plaisir irradier du visage du président du Comité International Olympique, notre compatriote Jacques Rogge, lors des cérémonies de la semaine dernière marquant le dernier décompte, pour comprendre que ces gens-là pensent toujours le sport capable de rendre le monde meilleur. C’est vrai que lors de Jeux Olympiques une certaine ouverture s’installe et que les populations locales font des rencontres avec les étrangers. Mais pour quelles avancées ? On attend toujours qu’un président du CIO gagne le Prix Nobel de la paix pour son £uvre.

A Pékin, ce sera très intéressant de voir de quelle manière les autorités légales vont réagir par exemple à l’interdiction de s’embrasser dans les lieux publics, que l’on soit autochtones ou étranger. Faites-nous confiance : il suffira que l’on demande aux athlètes des pays occidentaux de ne pas le faire pour qu’ils le fassent. Au-delà de l’anecdote, on espère évidemment que toutes les libertés d’expression soient boostées par les JO.

Anderlecht, qui jouait hier à Fenerbahce, se déplaçait également dans un pays où on emprisonne (dans le meilleur des cas) les journalistes pour un oui ou un non. Cela fait des lunes que la Turquie participe aux compétitions européennes, mais sa conception de la vie en société ne la rapproche pas, pour autant, de l’entrée dans l’Union européenne.

Si le sport a très peu d’influence sur la politique, l’inverse n’est pas vrai du tout. La lutte antidopage a pris une telle ampleur ces dernières années en Europe, grâce à la décision des autorités de comparer les dopés à des malfaiteurs, ce qui est très bien. Sans ces appuis, les fédérations sportives et l’Association Mondiale Antidopage n’auraient toujours aucun poids. Les sportifs suspendus les attaqueraient devant les tribunaux et auraient toujours gain de cause. Mais quand la loi les place dans le box des accusés, c’est autre chose.

A Charleroi, la politique a enfin joué un rôle vertueux dans le sport local en insistant pour que le Mambourg serve à la fois au Sporting et à l’Olympic. On comprend que la famille Bayat estime prudemment que ce serait donner un avantage à des Dogues qui pourraient constituer, à terme, une concurrence potentielle. Mais la Ville lui a-t-elle jamais promis d’être le locataire exclusif de son beau Stade du Pays de Charleroi ? C’est tout le débat. Cependant, les exemples sont nombreux de coexistence pacifique : Milan, Turin, Rome,… Bruges. Là non plus, vu de l’étranger, on ne comprendrait pas pourquoi deux clubs aux vocations si différentes ne pourraient pas coexister pacifiquement.

PAR JOHN BAETE

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