Van den Brom lutte pour sa survie

Que ressent Marc Wilmots dans le carrousel d’opinions qu’on formule à son propos ? Rarement l’opinion qu’on a d’un entraîneur a changé aussi rapidement. Pas d’expérience, pas d’autorité, trop peu de sens tactique. Ici et là, on a cloué Wilmots au pilori, sur base de ses passages peu convaincants à Schalke 04 et à Saint-Trond. La surprise a été grande lorsqu’il a été nommé sélectionneur.

Maintenant, Marc Wilmots a le statut d’un demi-dieu. La Fédération brandit un nouveau contrat, qu’elle souhaite voir signé le plus vite possible. À l’approche du Mondial, les récits vont abonder au sujet de celui qui a mené les Diables Rouges au paradis du football. Ce ne seront que louanges.

Il est toujours dangereux de placer les entraîneurs sur un piédestal trop précipitamment mais à notre époque, les points de vue sont extrêmes et le monde sportif surfe sur les vagues sauvages des émotions. Il n’y a pas si longtemps, Gand se faisait lyrique pour dépeindre les qualités de Victor Fernandez, comme si un grand maître du football avait débarqué chez les Buffalos. C’est tout juste si le club n’est pas tombé en extase quand l’Espagnol a reconduit son contrat.

Quelques mois plus tard, on relevait que Fernandez ne dispensait pas des entraînements suffisamment ardus. La façon dont l’équipe s’est effondrée après moins d’une heure de jeu, il y a deux semaines et demie, contre le RC Genk, était pitoyable. On ne peut que s’étonner que le club ait conservé Fernandez aussi longtemps.

Quels superlatifs l’arrivée de John van den Brom à Anderlecht n’a-t-elle pas suscités, l’année dernière ? Le Néerlandais a placé d’autres accents et a rapidement acquis la réputation d’un innovateur, qui avait enfin ramené le football champagne au Parc Astrid. En outre, il était considéré comme un brillant people manager, qui offrait sa chance aux jeunes. Même Herman Van Holsbeeck, qui ne sombre généralement pas très vite dans l’euphorie, parlait avec une telle admiration de son entraîneur que ça ressemblait à une déclaration d’amour. La question était : pourrons-nous conserver Van den Brom au terme de la saison ?

Qu’en reste-il ? La tête de John van den Brom est sur la guillotine, même si la lame n’est pas encore tombée. Le football mou développé par le champion vendredi à Mons est inquiétant, avant les matches des Mauves contre le PSG et le Standard. Il suffit que quelques joueurs soient en méforme pour que le Sporting ne puisse se raccrocher à rien. Il n’a pas de système, pas d’organisation. Van den Brom continue à s’appuyer partiellement sur son instinct, il n’hésite pas à placer des joueurs sur le banc mais il ne parvient pas à mettre l’équipe sur les bons rails, pas plus qu’il ne trouve les astuces tactiques qui lui permettraient de renverser le cours d’un match.

John van den Brom a entamé une lutte pour sa survie. Alors que, la saison passée, dans les moments difficiles, il se laissait parfois emporter par ses émotions, il affiche maintenant un étrange mélange de flegme et de fragilité. On se demande vers qui il peut se tourner, avec ses doutes. On raconte qu’il dispenserait trop peu d’exercices tactiques et prêterait trop peu d’attention aux phases arrêtées. Une question est bien plus essentielle : pourquoi les soi-disant piliers ne prennent-ils pas les commandes ? Sans eux, les jeunes risquent la noyade.

Dimanche, à Courtrai, Michel Preud’homme a également vu certains joueurs baisser les bras. Il a encore du pain sur la planche. Les trois matches précédents disputés sous sa direction ont été tout sauf convaincants. On peut être certain qu’en janvier, de nouveaux joueurs vont être recrutés, initiant un énième recommencement. D’ici là, le Club a intérêt à bannir toute nervosité de ses rangs. Les entraîneurs portent une responsabilité en la matière aussi, même quand l’arbitrage connaît des failles.

Tout est bien différent à Courtrai. Hein Vanhaezebrouck est un maître tacticien mais surtout, il est en parfait accord avec lui-même. Il maintient ses joueurs éveillés. Parce qu’il sait que le succès ne suffit pas à réunir. Plus fort, même : il accorde à ses joueurs la latitude d’agir autrement, quitte à miner le collectif.

PAR JACQUES SYS

Preud’homme a encore du pain sur la planche.

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