Vamos a las Playas

Pour la deuxième fois de rang, les Espagnols de Castellon s’imposent face à Action 21 en finale européenne.

Il n’y a pas eu de miracle pour Action 21 Charleroi en finale de la Coupe d’Europe des Clubs Champions de Futsal. Contraints au partage (1-1) dans leurs installations, à la Garenne, le 16 avril dernier, les Carolos ont courbé l’échine de justesse (6-4), samedi passé, face aux tenants du titre, Playas de Castellon. Un adversaire de très haute lignée qu’ils auront eu le mérite de faire douter jusqu’au bout puisqu’ils eurent la balle du 5-5, par l’entremise d’ Alex à un fifrelin du terme avant qu’ Alemao, sur le contre, ne fixe les chiffres définitifs.

« Etaient-ce les nerfs ou encore l’ambiance démentielle créée par les 4000 spectateurs? Toujours est-il que nous avons éprouvé moult difficultés à entrer dans le match », dit le capitaine, Mohamed Boukamir. « A 3-0, après dix minutes de jeu à peine, nous avons enfin retrouvé notre sérénité avant de terminer la première période sur les chapeaux de roues: 3-2. A ce moment-là, j’ai bien cru que nous avions touché l’opposition au moral. A la reprise, les Espagnols n’en menaient d’ailleurs pas large. Mais à l’image de ce qui s’était passé avant la pause, ils ont eu la chance de placer deux banderilles qui nous ont, une fois de plus, fait très mal. Après, ce fut la course-poursuite avec deux nouvelles réalisations de notre part et cette chance d’égalisation à moins de trois minutes du coup de sifflet final. Si nous mettons ce goal-là, c’est terminé et, compte tenu des réalisations à l’extérieur, nous remportons le trophée. Tant pis, mais ce n’est que partie remise. J’espère bien que la troisième fois sera enfin la bonne. Et, qui sait, contre ces mêmes Espagnolspeut-être?  »

Ce match entre Playas de Castellon et Action 21 Charleroi avait, en effet, des allures de revanche. Il y a un peu plus d’un an, le 4 mars 2002 pour être tout à fait précis, l’équipe ibérique s’était déjà imposée par 5-1 devant les Rouge et Noir, en apothéose de la même épreuve disputée en une seule manche, au Pavillon Atlantique de Lisbonne.

« Cette fois-là, il n’y avait franchement pas eu photo, tant nos adversaires s’étaient montrés supérieurs à nous », observe Marcelinho, l’un des six Brésiliens actifs chez les Actionmen. « Ce coup-ci, par contre, il y a tout de même lieu de nourrir certains regrets. Car à l’aller, nous aurions dû plier royalement le match en notre faveur. Ce soir-là, nous avions péché par une absence flagrante de réalisme en zone de vérité. De fait, à cet échelon du futsal, nous payons un lourd tribut à notre manque d’expérience de rencontres de haut niveau. Nous en avions déjà eu un premier aperçu en demi-finales contre Boomerang Interviu Madrid. Menés 3-0 en raison d’une entame par trop nerveuse, nous étions alors parvenus à infléchir le cours des événements. A 4-3 en notre faveur, nous avions malheureusement eu toutes les peines du monde à conserver notre lucidité afin de gérer intelligemment le temps restant. Les Madrilènes, de leur côté, s’étaient posé nettement moins de questions, eux qui renversèrent la situation pour l’emporter en définitive par 8 à 4. C’est dans ces circonstances-là qu’on mesure l’étendue du chemin qu’il nous reste à parcourir pour mériter le statut de ténor européen. Même si l’écart avec le top s’est amenuisé d’une saison à l’autre ».

Un match européen chaque semaine

Ricardo Menezes da Silva, le coach d’Action 21, le sait mieux que quiconque, lui aussi. Et pour cause, puisque avant d’aboutir sur notre sol, ce Brésilien de 41 ans, originaire de Recife, officia pendant bon nombre d’années comme mentor en Liga Futsal espagnole, au FC Barcelone d’abord puis à Playas de Castellon, précisément, où il oeuvra pendant six mois avant de mettre le cap sur Charleroi.

« Contrairement à ce qui se passe en Belgique, où nous faisons pour ainsi dire cavalier seul, la compétition ibérique est on ne peut plus disputée », explique-t-il. « Les grands clubs, à l’image des deux précités, y disputent ni plus ni moins un match européen chaque semaine. La preuve: souverain en Europe, Playas de Castellon est devancé en division d’honneur de son pays non seulement par Boomerang Interviu mais aussi par El Porzo Murcia et Miro Martorell. C’est significatif de la qualité du futsal là-bas. En réalité, ce que le Real Madrid, le Barça, Valence et le Deportivo La Corogne ou la Real Sociedad représentent dans le football de prairie par rapport au gratin du football belge, ces clubs-là en font strictement de même vis-à-vis de nous. D’un point de vue financier, nous ne jouons d’ailleurs pas dans la même pièce qu’eux. Notre budget est de l’ordre d’un million et demi d’euros, tandis que celui des caïds espagnols est de six ou sept millions. Dans ces conditions, il est évidemment difficile de traiter d’égal à égal. C’est pourquoi, disputer une finale européenne, comme nous venons de le faire deux fois d’affilée, relève ni plus ni moins de l’exploit, pour ne pas dire plus. Compte tenu de nos moyens, nous avons vraiment réussi au-delà des espérances. Puisse chacun s’en rendre compte ».

Pour Action 21, il importe de tourner la page, à présent, et focaliser, dès ce soir, toute son attention sur les playoffs du championnat de Belgique, à la faveur desquels les Carolos en découdront respectivement avec Koersel, Anvers 2000 et les Kickers. Sans quoi cette campagne 2002-2003 risque de tourner pour eux en eau de boudin.

« Tout le monde s’accorde à dire, à juste titre, que nous avons réalisé jusqu’ici une saison phénoménale », souligne le manager du club, Walter Chardon. « C’est peut-être vrai mais il n’empêche que, pour l’instant, nous n’avons toujours rien en mains. Car avant cette défaite face à Playas de Castellon, nous avions subi un premier revers, en finale de la Coupe de Belgique, devant Anvers 2000, mercredi passé: 9-9 et 5-4 aux penalties. Un échec d’autant plus désolant que cette épreuve s’est invariablement refusée à nous ces dernières années, contrairement au championnat où nous avons réalisé la passe de trois dans le même temps. Suite à ces deux échecs dans les épreuves de coupe auxquelles nous avons participé, il importe à présent de mettre tout en oeuvre pour renouveler notre titre de champion. Notre tâche dans les playoffs ne sera pas aisée pour autant car vu notre présence sur trois fronts, ces derniers mois, les sorcières commencent à s’acharner sur nous sous la forme de blessures pour Mustafa Toukouki, victime d’une fracture du gros orteil, ou encore de Mohamed Boukamir, en délicatesse avec ses ischio-jambiers. A l’évidence, notre noyau était un peu trop restreint pour courir jusqu’au bout trois lièvres à la fois. Il faudra en tenir compte à l’heure des bilans ».

A cet égard, les manoeuvres ont déjà commencé en coulisse puisque les sociétaires des Kickers, Luis Aranha et Karim Chaibaï sont annoncés chez les Actionmen, qui lorgnent également le jeune Jonathan Neukermans d’un autre club voisin: le JLB Team de Charleroi. Avec eux, Action 21 veut une nouvelle fois s’éveiller aux plus hautes ambitions la saison prochaine!

Brno Govers, envoyé spécial à Castellon

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