Valence se relance

Souffrant de mille maux la saison dernière, les Espagnols ont retrouvé la santé. Les Brugeois devraient souffrir là-bas dans une semaine…

Mais qu’y a-t-il de changé au FC Valence ? La saison dernière, l’équipe avait connu un véritable chemin de croix, au point de terminer en 10e position (avec la conquête de la Coupe du Roi comme  » consolation « ), et cette saison, avec très peu de transferts significatifs, elle joue de nouveau les premiers rôles. En début de championnat, elle avait même occupé la première place, ce qui n’était plus arrivé depuis septembre 2004, et si elle a perdu l’un ou l’autre match ces dernières semaines (notamment contre le Santander de MéméTchité), elle a rendu leur fierté à ses supporters.

Comme au temps de Benitez

Ce Valence-ci rappelle, sous bien des aspects, celui de la saison 2003-2004. RafaBenitez avait, à l’époque, réalisé le doublé championnat d’Espagne-Coupe de l’UEFA. Depuis son départ pour Liverpool, l’équipe n’a plus jamais retrouvé le même niveau. ClaudioRanieri entama une certaine italianisation de l’équipe, mais le jeu plus frileux qu’il préconisait a refroidi l’enthousiasme des exigeants supporters. Ranieri fut limogé en cours de saison. Avec QuiqueSanchezFlores, Valence en est revenu à un jeu plus offensif, mais les mauvaises relations qu’il entretenait avec le directeur sportif AmedeoCarboni sonnèrent finalement le glas des… deux hommes. RonaldKoeman utilisa la manière forte, écartant certains cadres de l’équipe comme le gardien SantiagoCañizares et les médians DavidAlbelda ou MiguelAngeloAngulo, mais sans succès. Des coaches adjoints comme AntonioLopez ou SalvadorGonzalezVoro jouèrent aux pompiers de service, mais ils ne parvinrent pas à éteindre complètement le brasier.

Pour remettre le train sur les rails, il fallait un homme possédant une personnalité suffisamment forte pour élaborer un projet auquel tout le monde adhérerait, avec le handicap de ne pas pouvoir engager de noms ronflants étant donné les difficultés économiques du club. Le choix s’est porté sur UnaiEmery, qui avait fait monter Almeria en D1 et l’avait hissé à la 7e place pour sa première saison parmi l’élite. Arrivé au chevet du FC Valence, le docteur Emery a établi un diagnostic correct – le patient souffrait d’un manque de confiance, d’un manque de solidarité et d’un ego trop exacerbé – et trouva le bon remède. Il est pourtant, à 37 ans (depuis le 3 novembre), le plus jeune entraîneur de la Liga, mais c’est un préparateur hors pair : intelligent, travailleur, méthodique, exigeant et adepte d’une planification tactique, physique et psychologique.

 » Il faut récupérer le temps perdu « , déclara-t-il lors de sa présentation. Aussitôt dit, aussitôt fait. La première mesure que prit Emery fut de rouvrir la porte aux bannis de Koeman : Albelda et Angulo, puisque Cañizares a mis un terme à sa carrière. Vu le rendement des deux joueurs, ce fut une sage décision, d’autant que leur retour a contribué à ressouder les liens dans le groupe. Afin de maintenir en place les structures de l’équipe, la direction a également fourni un effort pour retenir des joueurs-clefs comme l’attaquant vedette David Villa, l’ailier gauche international DavidSilva (qui s’est malheureusement blessé très tôt dans la saison) et l’ailier droit Joaquin.

Les joueurs ont adhéré aux principes d’Emery dès le premier jour et Villa lui-même n’est pas avare de compliments :  » Notre nouvel entraîneur nous a apporté beaucoup. Lorsque je monte sur le terrain, j’ai parfois l’impression qu’il y a six ou sept nouveaux joueurs. Or, c’est quasiment le même groupe que la saison dernière. « 

Le bloc s’est reformé

Au-delà de la personnalité de l’entraîneur, force est de reconnaître que le FC Valence est redevenu un bloc solide, difficile à man£uvrer et d’une grande fiabilité, notamment au niveau de la défense et de la ligne médiane. Emery utilise la plupart du temps un 4-4-2 flexible (se transformant parfois en 4-4-1-1) qui se rapproche davantage du système de jeu de Sanchez Flores (4-2-3-1) que de celui de Koeman (4-3-3). Il emploie deux médians récupérateurs, avec Albelda (qui a digéré, tant mentalement que physiquement, ses déboires de la saison dernière) et Fernandes (dont l’impact est de plus en plus important). Ce dispositif permet également aux joueurs offensifs de se déployer sur diverses portions du terrain. Les rotations effectuées par l’entraîneur s’opèrent sans que le rendement de l’équipe n’en soit affecté. Angulo, le milieu offensif PabloHernandez, l’attaquant FernandoMorientes et Joaquin ont rempli des rôles divers, parfois même au cours d’un même match, ce qui rend l’équipe plus imprévisible.

Les deux seuls joueurs offensifs qui, en principe, n’entrent pas dans le système des rotations sont Villa et Juan Luis Mata. Les deux compères forment actuellement l’un des duos d’attaque les plus performants d’Espagne. Ils s’entendent comme larrons en foire, l’un délivrant des assists à l’autre. Les prestations de Mata ont presque fait oublier la blessure de Silva, l’autre crack du FC Valence la saison dernière. Surprenante pour le grand public, l’explosion de Mata l’est moins pour les initiés. Asturien, bien que né à Burgos parce que son père y jouait il y a 20 ans, Mata a suivi la filière des équipes d’âge du Real Madrid sans parvenir à se frayer un chemin jusqu’à l’équipe Première. Sa carrière prit une autre orientation lorsqu’il signa à Valence. Peu utilisé par Sanchez Flores en début de saison dernière, il donna un premier aperçu de son talent en Coupe du Roi sous la houlette de Koeman.

D’abord en demi-finale, lorsqu’il inscrivit deux buts face au FC Barcelone, puis en finale, lorsqu’il ouvrit le score contre Getafe. Cette saison, il a poursuivi sur sa lancée et VicenteDelBosque n’a pas été insensible à ses progrès, puisqu’il l’a convoqué une première fois en équipe nationale la semaine dernière.

Le seul point qui suscite la controverse est le poste de gardien. Lorsque Cañizares annonça qu’il n’avait pas l’intention de prolonger son contrat, la voie vers le poste de n°1 semblait toute tracée pour l’Allemand TimoHildebrand. Mais, durant l’été, le FC Valence se mit malgré tout à la recherche d’un autre gardien. MiguelAngelMoya (Majorque) et AndrésPalop (FC Séville) furent contactés, mais ni l’un ni l’autre ne débarqua. En dernier recours, le club engagea le jeune Brésilien RenanBrito, ex-Internacional Porto Alegre. Pour devenir le n°2, pensait-on. Pas du tout : c’est lui qui a entamé la saison en qualité de titulaire, et Hildebrand le vit très mal.

par roger xuriach (esm) – photo: reuters

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