VADIS, LE VRAI PATRON DU CLUB ?

Chaque semaine, Sport/Foot Magazine pose la question qui fait débat.

Déjà à Anderlecht, alors que son Club pataugeait, il fut l’éclaircie dans la grisaille. Le match à Genk du 9 février ne fut qu’une confirmation d’un état de forme éclatant. Si Maxime Lestienne est depuis le début de la saison l’homme des derniers mètres, Vadis Odjidja occupe un rôle central dans le système de Michel Preud’homme. Récupérateur, premier relanceur, donneur d’assists et gros frappeur, le numéro 32 des Blauw en Zwart sait quasiment tout faire sur un terrain. Des qualités qu’il avait étalées à plusieurs reprises depuis son arrivé au Club en janvier 2009 mais qui furent contrebalancés par de trop longues périodes de disettes. Une des explications d’un séjour prolongé en Belgique, après un passage galère à Hambourg au début de sa carrière. Vadis entame le dernier tiers du championnat avec un gros moteur sous le capot. De quoi rassurer un MPH qui semble lui confier les clefs du jeu. Alors Vadis, vrai patron du Club ?

 » Ça saute aux yeux « , affirme Nordin Jbari, ex-joueur de Bruges, consultant aujourd’hui pour la RTBF et Belgacom.  » Il a un gros volume de jeu, il parle beaucoup, repositionne ses équipiers. Il pourrait en faire encore plus. J’estime toutefois qu’avec Timmy Simons au milieu, et avec tout le respect que j’ai pour sa carrière, il est obligé de trop reculer, d’en faire trop. Lors de la défaite 2-0 au Parc Astrid, c’était criant : il devait à la fois remonter la balle de derrière et être l’homme de la dernière passe. Par contre le duo avec Jesper Jorgensen fonctionne à merveille.  »

 » Jorgensen lui est très utile car le Danois parcourt beaucoup de kilomètres pendant un match « , poursuit Franky Van der Elst, moteur de Bruges pendant 14 ans avec qui il fut 5 fois champion.  » Jorgensen n’est peut-être pas un  » grand  » joueur mais dans des matches à l’extérieur, il a un rôle très important. Ses courses soulagent Vadis. On l’a vu à Genk qui est son match référence cette saison. Vadis était aux quatre coins du terrain, très présent offensivement, avec ses qualités d’infiltreur. Dans le système actuel, il est le meneur de jeu du triangle de l’entrejeu.

 » Le brassard pour le responsabiliser  »

On peut encore lui reprocher de courir un peu trop avec le ballon, de compliquer son jeu. A l’image de Refaelov, il lui arrive encore de rater trop de passes faciles. Mais ses qualités footballistiques mais aussi physiques sont indéniables. Et puis il ne se cache pas, il demande toujours le ballon. Je ne sais pas s’il est le boss mais il a en tout cas les qualités pour l’être.  »

Grande promesse du football belge, il lui a souvent été reproché de ne pas en faire assez pour son métier. D’être quelque peu à l’étroit dans son maillot moulant du Club. Des attitudes qui ont parfois agacé le public brugeois. Jbari :  » Quand Vadis n’est pas prêt physiquement, comme quand on pointait son excès de poids par exemple, il arrivait souvent à s’en sortir grâce à son énorme talent. C’est un joueur que l’on doit mettre sous pression tout le temps : certains matches il la joue trop facile. Si j’étais Michel Preud’homme, je lui donnerais le brassard, pour le responsabiliser davantage, qu’il comprenne qu’il est important.  »

 » Je pense qu’il est temps pour lui de quitter notre championnat « , poursuit Luc Devroe, ex-directeur sportif de Bruges et qui fut à l’origine de son transfert en janvier 2009.  » Il connaît encore trop de hauts et de bas sur une saison et n’arrive plus à se motiver pour 30 à 40 matches de championnat. Mais son potentiel ne fait aucun doute : c’est l’un des joueurs les plus forts de notre compétition.

Son transfert avorté à Everton l’été 2012 (ndrl, la FIFA avait annulé son passage chez les Toffees car les documents étaient arrivés hors-délai) fut néfaste pour le développement de sa carrière. Il a aussi connu la poisse au niveau blessures : d’abord lors des play-offs la saison dernière, alors qu’il marchait fort, puis en juin lors de la préparation, à chaque fois à de mauvais moments dans le cadre d’un transfert. Ces contretemps expliquent pourquoi ce fut plus compliqué pour lui en début de championnat notamment.  »

 » Très écouté dans un vestiaire  »

Et puis Vadis n’a pas toujours connu des sorties médiatiques du plus bel effet. On se rappellera de son  » clash  » avec l’icône Geert Verheyen.

 » Il tient toujours un discours clair, franc « , raconte l’un de ses amis. Il ne va pas colporter des rumeurs. Il ne cache rien. Et s’il se rend compte qu’il est dans le faux, il n’hésite pas à présenter ses excuses. Les gens ont une fausse image de lui. On le dit nonchalant alors que c’est le plus gros bosseur que je connais. Après les entraînements, il lui arrivait de me rejoindre et effectuer du travail en salle.

Il a du charisme et veut que tout le monde marche avec lui. Malgré qu’il n’a encore que 24 ans (25 le 21 février), il a déjà accumulé beaucoup d’expérience. Il était déjà dans le noyau a d’Anderlecht à 16 ans, il a connu l’étranger très tôt, des épisodes qui l’ont rendu mature très jeune.  »

 » C’est un patron. Il dégage une forte personnalité et une autorité naturelle « , enchaîne Devroe. Vadis est quelqu’un de très écouté dans un vestiaire. Et il n’hésite pas à dire ce qu’il pense. Ça passe ou ça casse avec lui. Le public l’a parfois pris en grippe mais à chaque fois il le reprend dans ses bras. Ça prouve que les fans brugeois l’aiment bien en fin de compte.  »

Jbari :  » Il fait partie de ces joueurs à qui on colle une étiquette, et pourtant c’est un mec bien, toujours respectueux. Le foot, c’est un peu comme dans certains films : le méchant n’est pas nécessairement celui que l’on croit et inversement.  »

Alors que nos internationaux essaient de se placer à l’approche de la Coupe du Monde, Vadis peut-il envisager de faire partie du voyage lui dont la dernière sélection remonte à octobre 2011 face à l’Azerbaidjan ?

 » Bien sûr qu’il doit faire partie des 23 pour le Brésil ! « , assure Jbari, assurément sous le charme.  » Et pourtant personne ne parle de son éventuelle sélection. Pour moi, Vadis est plus fort que Defour ! Et il est polyvalent en plus, même si sa meilleure place est selon moi celle de numéro 8, de relayeur, et certainement pas un 10. Il peut également jouer au poste de 6 même s’il part trop souvent.  »

 » Il pourrait se concentrer sur le poste de milieu récupérateur en choisissant le bon moment pour s’infiltrer mais on sent qu’il est un peu bridé au 6 « , confirme Franky Van der Elst.  »

Jbari :  » Et c’est un joueur qui peut autant s’imposer dans un 4-4-2 que dans un 4-3-3 grâce à son volume tant offensif que défensif. Il doit être le symbole d’un Club dominant, qui doit imposer son jeu en toutes circonstances.  »

PAR THOMAS BRICMONT

 » Il doit faire partie des 23 pour le Brésil. Vadis est plus fort que Defour !  » Nordin Jbari

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