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Uwe Rösler voudrait récupérer son mailloT

La RDA a disputé son dernier match international il y a trente ans, le 12 septembre 1990. C’était à Bruxelles, avec une équipe rafistolée, qui n’en a pas moins battu les Diables rouges.

Une question pour un quiz : qui a été le tout dernier joueur à enfiler le maillot de l’équipe nationale est-allemande et quand ? L’homme s’appelle Jens Adler et c’était à Bruxelles. Dans la dernière minute de jeu du match entre la Belgique et la RDA, le 12 septembre 1990, le sélectionneur est-allemand, Eduard Geyer, a accordé une entrée au jeu à son second gardien, dont c’était la première et dernière sélection. Un journaliste du Berliner Zeitung était présent. Il avait suivi tous les matches de l’équipe nationale depuis ses débuts en 1952, et une victoire en Pologne.

Le match était initialement qualificatif pour l’EURO 1992. La Belgique était versée dans une poule reprenant les deux Allemagnes, mais la chute du Mur de Berlin durant l’automne 1989 avait bouleversé le cours des choses. Finalement, la RDA s’était décidée à disputer un match amical à Bruxelles, afin d’éviter une demande de dommages et intérêts.

Quelques heures avant le coup d’envoi, les deux ministres allemands des Affaires Étrangères, ainsi que les quatre occupants, l’URSS, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, signaient un traité validant la réunification allemande, concrétisée trois semaines plus tard.

Eduard Geyer a eu du mal à composer une équipe valable, car après la chute du Mur, les meilleurs footballeurs est-allemands avaient tenté leur chance à l’Ouest et n’étaient plus guère motivés à l’idée de jouer un match amical pour leur équipe nationale. Geyer avait invité 36 joueurs au camp de Berlin. Il avait commencé la préparation avec dix footballeurs et avait finalement rejoint Bruxelles avec quatorze hommes. 22 joueurs convoqués avaient décliné l’invitation. Ils étaient blessés, démotivés, l’un d’eux avait même affirmé ne plus avoir de passeport et un autre avait répondu ne plus se sentir Allemand de l’Est. Ceux qui étaient du voyage y voyaient une occasion unique de se montrer à l’Ouest.

Matthias Sammer (23 ans), qu’ Arie Haan avait fait venir du Dynamo Dresde au VfB Stuttgart un an plus tôt, était là. Mais à Berlin, en découvrant l’absence de nombreux joueurs, comme Ulf Kirsten, qui avait rejoint le Bayer Leverkusen, et Thomas Doll, du HSV Hambourg, Sammer a demandé s’il pouvait reprendre l’avion pour Stuttgart le jour-même. Ce n’était pas possible et Sammer est resté.

En apprenant les problèmes de sélection de son collègue, Guy Thys avait plaisanté pendant la conférence de presse :  » Je pense que leur chauffeur est un bon footballeur.  » À l’issue du match, Thys avait perdu le sourire. Les seconds choix de la RDA avaient joué avec tout leur coeur. Sammer avait été la révélation de la partie, inscrivant les deux buts (0-2). Son premier goal à Bruxelles était le 500e de l’histoire de la RDA.

Côté belge, Enzo Scifo était capitaine et Geert Broeckaert, qui se distinguait depuis des années au Cercle, effectuait ses débuts. Il en avait vu de toutes les couleurs et n’allait plus jamais être repris. Trois joueurs, dont les deux gardiens, débutaient côté est-allemand. Les quatorze internationaux comptabilisaient 109 sélections seulement. Jörg Stübner, le médian droit de Dresde, en avait 46 à lui seul et Sammer en comptait déjà 23.

Le 20 novembre, la fédération est-allemande de football, la DFV, était dissoute et absorbée par la DFB. Les deux équipes nationales devaient disputer un match de gala ce jour-là, mais celui-ci fut annulé pour des raisons de sécurité : un policier avait abattu un supporter durant des bagarres en Allemagne de l’Est. C’est donc à Bruxelles que la RDA a disputé son 293e et dernier match.

Trois des joueurs présents à Anderlecht ont rejoint la sélection allemande : Sammer, Dariusz Wosz, qui jouait pour Hallescher et allait ensuite se produire pour Bochum et le Hertha Berlin, et Heiko Scholz, qui a glané une seule cap au sein de la nouvelle équipe allemande unifiée.

Uwe Rösler, âgé de 21 ans et actif au FC Magdebourg, avait répondu avec plaisir à l’appel de Geyer. Il allait jouer pour Manchester City, Southampton et West Bromwich. Il est maintenant l’entraîneur du Fortuna Düsseldorf et il a confié à la BBC qu’il n’avait qu’un regret :  » De n’avoir pas conservé mon maillot. Je l’ai échangé contre le numéro 5 belge.  »

Si celui-ci veut faire plaisir à Rösler…

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