Uwe Rösler for ever

La coupe n’est jamais pleine. Il y a toujours moyen de la faire déborder. Avec des histoires à vous faire déborder les yeux. Le phénomène au pays de la  » cup of tea  » se nomme Wigan. Des petits banlieusards de Manchester qui, depuis deux ans, font vaciller la City.

Face à eux, les Citizens redeviennent des quidams. Le temps d’une finale en mai dernier et d’un 1/4 il y a 10 jours. Deux contextes différents. En mai, c’était sur terrain neutre. Le 1/4, c’était en terrain miné chez les artilleurs fortunés.

Ces deux exploits ont été menés par deux chefs démineurs différents. RobertoMartinez est parti. UweRösler vient d’arriver. Point commun entre les deux ? Ils ont débarqué incognito en Angleterre. Pour y jouer d’abord, y entraîner ensuite. Martinez à Wigan, Rösler à Man City. Il y a joué et épaté. Son histoire est incroyable, exceptionnelle. Plus forte que la vie.

Voici donc le fabuleux destin d’Uwe Rösler. Né en Allemagne de l’Est. Pour les plus jeunes, avant, y avait deux Allemagne. La riche et la pauvre. Celle de la Trabant et l’autre de la BMW. Uwe est né du côté gris. Du côté qui a vu le soleil quand le mur est tombé.  » Quand je suis arrivé à l’Ouest, tout était plus égoïste, individualiste « . C’était à Nuremberg, en 1992.

Le bonheur, c’est pas ça. Uwe se meurt. Choc des cultures. Alors, sac à dos, il part au pays de ses rêves d’enfant. Il débarque à Manchester.  » Je voudrais faire un test !  »  » Qui es-tu ?  »  » J’ai joué 157 matches pro en Allemagne.  »  » Well ! Why not ? Le lendemain, la réserve joue. Lui aussi. Il marque deux fois. Il est loué trois mois qui deviendront trois ans de pur bonheur.

Et de labeur. A son arrivée, il ne parle pas anglais. Le dialogue passera balle aux pieds mais aussi volant entre les mains. Leur jour de congé, les joueurs de City le passent sur un terrain de golf. Uwe devient celui qui conduit la voiturette et sert les bières aux stars de l’époque. Mc Mahon et les autres.

Ils l’aiment déjà pour son coup de poignet, ils vont l’adorer pour ses coups de pieds. Trois saisons de suite, il sera le meilleur buteur de Man City. Il sera le 2e joueur de l’histoire à mettre un quadruplé en FA Cup.

Les joueurs lui ont offert leur amitié. Les supporters leur amour. La ville, une femme et puis un fils.  » Ce club, cette ville m’a accueilli alors que je n’étais rien. J’y ai pourtant tout reçu « . Pourtant… il part un jour. Pour, par exemple, jouer la Ligue des Champions et y planter un triplé en une mi-temps. La deuxième. Il était sur le banc en première. C’était avec Kaiserslautern.

Et puis, il y aura Berlin (sans le mur), la D2 anglaise et puis la Norvège. Il y arrive en 2002 comme joueur, il la quittera en 2010 comme entraîneur. Mais surtout comme un autre homme. Là-bas, il va connaître le pire qui va lui révéler le meilleur. Il porte le maillot de Lillestrom, il se sent fatigué.

Visite de routine chez le toubib. Diagnostic en nitroglycérine. Tumeur aux poumons. Grosse comme une balle de tennis. Jeu, set et match.  » Ma vie se laisse battre par la mort. Pourquoi moi ?  » C’est la question qu’il se pose. Seul, sur son lit d’hôpital.

Cette même vie à laquelle il s’accroche va lui offrir un moment magique. Sublime. Inouï. Un de ceux qui font re-croire en elle et qui vous donne la force de vous y accrocher. Dans cette chambre d’hôpital, son téléphone sonne. Au bout du fil un ami de Manchester qui lui dit :  » Ecoute ! « . Il entend 40.000 personnes chanter son nom. Son pote est dans le City of Manchester Stadium et tout le stade lui envoie le message : « T’es pas tout seul mec. Ta famille de Manchester est avec toi « . Vive l’Angleterre, vive le foot, vive la vie.

Uwe s’en sortira et reviendra souvent dans la ville qui lui a tant donné. Comme ce dimanche de mars où il est revenu en héros et en est reparti bourreau. Un bourreau dont 40.000 déçus ont encore une fois chanté le nom. Il mérite bien sa place au Hall of Fame de City et de notre coeur d’amoureux. Du foot. Encore et pour toujours.

 » Il mérite sa place au Hall of Fame de Manchester City. « 

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