United City of Manchester

Joueur : 6 clubs, 3 pays, 400 matches (1 bon), 2 buts en Coupe d’Europe. Batteur : 3 groupes, 130 concerts (1 sold out).

Y ou’re here for the game ? Telle est la question que, toujours, le taximan vous pose quand vous arrivez à Manchester un jour de derby  » Naître pour y être « , telle est l’évidence pour les Mancuniens.

 » Ne vouloir être nulle part ailleurs « , telle est la nôtre. Evidemment qu’on est là pour le match !

La deuxième question est toujours :  » Et vous êtes pour qui ? »

 » Pour personne, je bosse pour une télé belge. « 

Cette réponse est un sésame. Une clé qui ouvre la porte aux confidences, le tiroir aux histoires. Aux histoires d’une vie, d’une ville, d’un homme, d’une famille. L’encre est toujours rouge ou bleue, le verbe toujours franc, sincère, passionné. Un mélange de déraison, d’amour, de nostalgie et souvent de fatalité.

Croyez-en notre expérience de suiveur de derby mancunien : il y a 90 % de chance que votre chauffeur soit un Citizen. Comme la majorité des habitants de Manchester… Ce samedi, Bradley me le confirme une fois de plus. Il est un Citizen. De père en fils, de Guinness en McEwans, de désespoirs en déceptions.  » Il n’y a qu’un club à Manchester, c’est City. United est le club des faubourgs et des étrangers.  »

Mouais, t’exagères pas un peu, Bradley ?

Seulement un peu. Un quart des abonnés d’United habitent à plus de 100 km d’Old Trafford. A chaque match, ils sont des centaines à venir de l’étranger. A se farcir des milliers de kilomètres pour se taper 90 minutes d’United en live. Ça vient de partout : Hong-Kong, Australie, Corée du Sud, Mexique…

Bradley ne comprend pas :  » Ce club, je le hais. Et tu sais que quand mon fils m’a demandé pour faire des études de dessins, j’ai d’abord dit non. T’imagines un truc artistique ? Dans ma famille, on travaille, quoi ! Il a tellement insisté que j’ai craqué mais à une seule condition. Que JAMAIS, il n’utilise la couleur rouge. Jamais je n’ai vu de rouge dans ses dessins.  » Authentique. Juré.

En guise d’au revoir, il me glisse :  » Dis bien à la Belgique que LE club de Manchester, c’est City « . Voilà qui est fait Bradley.

Cela dit, en Belgique comme ailleurs, on constate que les trophées, c’est United qui les accumule et City qui les subit. Depuis le dernier des Citizens en 1976 (une Coupe de la League), United en a conquis 29, dont 11 titres de champion et deux Champions League.

Huit kilomètres séparent Old Trafford du City of Manchester Stadium. Un désert pour les uns, une oasis pour les autres. Le sentier de la gloire pour United, un secteur pavé de Paris-Roubaix pour City. Pas étonnant que pendant 35 ans, les fans de City étaient déjà contents quand leur équipe obtenait un corner à Old Trafford.

Mais cette année, pas de complexe. City a asphalté la route qui mène aux succès. A coups de pétrodollars. Cheikh Mansour pèse 23 milliards d’euros et en a consacrés un tout petit peu à son club.

Premier résultat, le derby de samedi était le premier de l’histoire de la PremierLeague avec les deux Manchester dans le top 3 du classement. City était là, derrière comme toujours, mais de plus en plus près. D’ailleurs, il en a marre de renifler le derrière des Red Devils. Au diable la malédiction. A nous la bénédiction. Et surtout l’addition. En 2010, les revenus cumulés des deux clubs s’élevaient à 485 millions d’euros (148 pour City, 337 pour United) faisant de la ville de Manchester l’une des plus riches de la planète foot. Pratiquement le quart des revenus de toute la PremierLeague.

Sur les terrains, aussi, c’est rentable. Avec les meilleurs buteurs du championnat : le Bulgare Berbatov et l’Argentin Tevez, le plus rentable : Carlitos, l’Apache, le Traître ou encore le Messie, le Boss… le déclencheur de la révolution bleue. A peine avait-il quitté United pour City que des panneaux de 12 mètres sur 10 affichaient fièrement sa tronche conquérante avec un grand Welcome to Manchester. Savoureux. Des panneaux plantés comme des totems. Histoire de (re)marquer son territoire. En ville, c’est Man City qui règne mais c’est hors de celle-ci, à Old Trafford, que les Citizens voudront toujours devenir les maîtres du monde.

PAR FREDERIC WASEIGE JOURNALISTE BE/TV

 » Regarder un match de Man City est le meilleur laxatif du monde.  » Phil Neal

Carlitos, l’Apache, le Traître, ou le Messie, le Boss… le déclencheur de la révolution bleue.

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