Une vraie bête

Il veut rester impressionnant jusqu’au Mondial de Zolder.

Peter Van Petegem: Le Volk est le premier grand rendez-vous de la saison et est très important d’un point de vue publicitaire. Jusqu’à l’Amstel Gold Race, on dénombre une quinzaine de courses importantes. Tout le monde signerait à deux mains pour en remporter une ou deux.

Comment jugez-vous le Museeuw 2002?

Il a toujours eu besoin de beaucoup de courses pour arriver au sommet de sa forme. Ce n’est peut-être plus le Museeuw d’il y a quelques années mais il reste un excellent coureur.

Pour la première fois depuis deux ans, vous avez passé un hiver tranquille,… même s’il vous arrive de péter les plombs de temps en temps.

Je me suis assagi. Je ne me suis jamais aussi bien soigné que cet hiver mais cette étiquette me colle à la peau. Dès qu’on me voit boire une bière, on se dit que j’exagère. Tchmil exige du vin rouge à table mais personne n’a jamais rien dit.

Suite aux problèmes financiers de Mercury, vous n’avez pas été payé pendant dix mois. Etait-il difficile de s’entraîner dans de telles conditions?

Un coureur ne peut pas faire grève. Nous avions des points UCI à gagner pour retrouver une équipe. A l’entraînement, nous nous motivions donc mutuellement. Le plus dur, c’est que les autres membres du personnel ne faisaient plus aussi bien leur métier.

L’UCI vous a en partie rétribués mais Mercury vous doit encore quatre mois de salaire.

Sporta défend nos intérêts avec l’aide d’un avocat mais, aux Etats-Unis, il n’est pas facile d’obtenir son dû via la justice. De plus, l’équipe est en faillite. Cette fois, j’ai choisi une équipe bien structurée.

Pas seul leader

Vous auriez pu signer chez Team Coast qui vous proposait bien plus d’argent. Pourquoi avoir choisi Lotto?

Je n’avais plus envie de partir à l’aventure. J’ai fait un choix sportif, pas financier. Je voulais revenir au premier plan au sein d’une équipe solide. Chez Team Coast, je n’aurais pu compter que sur Frank Hoj et Lars Michaelsen. L’an dernier, dans les classiques, je n’avais que Van Bondt, Van Bon, Koerts et, en partie, Vansevenant à mes côtés. Mais pour gagner une grande course, il faut huit coureurs qui savent ce qu’ils doivent faire.

Domo-Farm Frites voulait vous engager. La présence de Peter Post vous a-t-elle empêché d’y aller?

Non. Il ne sera jamais mon ami mais ce n’est pas à cause de lui que je n’y suis pas allé. Lotto me voulait davantage.

Chez TVM, vous étiez le seul leader. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Ce n’est rien. L’année où j’ai remporté le Tour des Flandres, j’ai dit à Cees Priem que nous manquions de coureurs capables de tenir le coup dans la finale, voire même de gagner. Par la suite, l’équipe à pu compter sur Ivanov et Knaven. Alors, je préfère avoir Tchmil avec moi que contre moi et laisser les circonstances décider. Mapei a quatre leaders, c’est beaucoup mieux qu’un seul.

Orphelin de ses lieutenants

Regrettez-vous de ne pas avoir pu emmener vos lieutenants, Van Bondt et Vansevenant, chez Lotto?

Oui. Peut-être que, si je m’intègre bien chez Lotto, on me permettra d’en reprendre un des deux.

Etes-vous en train de faire de Glenn D’Hollander votre nouveau lieutenant?

Nous devons d’abord apprendre à nous connaître: un leader doit savoir si son équipier est concentré à 100%. Pour Glenn, l’heure de vérité arrive. Il n’a jamais pu saisir sa chance dans des courses qui lui convenaient et je suis certain qu’il peut beaucoup mieux que ce qu’il a montré jusqu’ici.

Vous avez toujours renvoyé la balle à vos équipiers. En 2000, vous avez aidé Ivanov à remporter le GP de l’E3 et Van Bondt à s’imposer à Gand-Wevelgem.

Ces gars-là se coupaient en quatre pour moi. J’aime transmettre mon expérience aux autres, leur dire où ils doivent faire la course en tête.

Il vous arrive souvent de vous camoufler en queue de peloton. Ne craignez-vous pas de louper la bonne échappée?

Si des gars s’échappent après 30 kilomètres, je ne les accompagne pas. Neuf fois sur dix, ils cherchent juste à se faire de la pub et échouent. Et je n’aime pas envoyer un équipier derrière eux non plus car c’est comme ça qu’on perd un homme. Enfin, le risque de chute n’est pas plus grand à l’arrière qu’à l’avant.

Calme derrière

Vous n’avez jamais l’air nerveux.

C’est vrai, à condition que je puisse rester longtemps à l’arrière. Une fois devant, je suis contaminé par la nervosité des autres.

On s’étonne de vous entendre réclamer la suppression de secteurs pavés comme le Bois de Wallers à Paris-Roubaix ou Wannegem-Lede au Tour des Flandres.

Le risque de chute est énorme et on dépend trop du coureur précédent. Wannegem-Lede arrive après 100 kilomètres de course, quand le peloton est encore groupé. J’aime bien les pavés mais il n’est pas raisonnable de choisir des secteurs quasi impraticables. Par contre, je n’ai rien contre la Paddestraat, où on peut très bien faire la différence également.

Et le Koppenberg?

Aucun problème. Ça monte et le facteur vitesse ne joue donc aucun rôle. De plus, la chaussée a été rénovée. Enfin, il arrive dans les 70 derniers kilomètres de course.

Après vos ennuis chez Farm Frites, vous avez dit que vous aviez l’impression d’être un yoyo et que le monde du cyclisme était mafieux.

Au cours des deux dernières saisons, je me suis souvent demandé ce que représentait encore un contrat. Chez Farm Frites, on nous a imposés un nouveau manager et un nouveau directeur sportif. Moi, je protège mon équipe. Si un directeur sportif me marche sur les pieds, je réagis. Nous vivons dans un monde bizarre dont le vélo fait partie. Mais en cyclisme, tout prend des proportions démesurées. Aux J.O. d’hiver, on a découvert un nouveau produit interdit mais on en a à peine parlé. On attend sans doute que le premier qui l’utilisera soit pris.

L’affaire Vandenbroucke a une fois de plus terni l’image du cyclisme.

C’est regrettable car il était en train de redevenir la figure de proue du cyclisme belge.

Selon Willy Voet, 80 à 90% des coureurs qui prennent le départ d’une classique sont dopés.

Facile à dire mais nous sommes si souvent contrôlés. Les méthodes sont de plus en plus pointues et je suis certain qu’on parlera bientôt moins de dopage. En dix ans, les méthodes d’entraînement ont beaucoup changé mais personne n’en parle… A mes débuts, en janvier, j’allais skier pendant deux semaines. Aujourd’hui, on romprait mon contrat. Les coureurs s’entraînent plus en hiver et roulent moins: 90 courses par an au lieu de 140 et cinq ou six heures de vélo par jour en hiver.

Comprenez-vous que des coureurs se dopent pour réussir?

(Il mesure ses mots) Les conducteurs de poids lourds prennent aussi des stimulants pour tenir le coup trois heures de plus. Je ne veux pas porter de jugement. Mais un âne ne deviendra jamais un pur-sang.

Que ferez-vous après les classiques?

En principe, sauf blessure au printemps, je ne prendrai plus jamais le départ d’un grand tour. Je mise donc tout sur le championnat du monde à Zolder. Ces dernières années, la difficulté des parcours a fait peur. Ce ne sera pas le cas ici et nous devrions assister à un beau championnat du monde.

Roel Van den Broeck, ,

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