Une semaine de rêve

Bruno Govers

En l’espace de deux matches, Anderlecht a repris six points sur Bruges et s’est replacé dans la course au titre.

Dimanche 16 décembre: pas de Mister Michel!

Incroyable mais vrai: sur le parking du stade Constant Vanden Stock, la voiture du manager, Michel Verschueren, brille par son absence. Pourtant, quand il y a une activité quelconque au Parc Astrid, comme en cette matinée dominicale où le groupe A s’entraîne en prévision du match du surlendemain, à Beveren, Mister Michel est toujours là. « Le premier à arriver et le dernier à partir », remarque Monique Gillet, la concierge. Aujourd’hui, la cheville ouvrière des Mauves a une bonne raison de ne pas répondre présent à son bureau: pour la première fois depuis son effroyable accident de la route le 17 septembre dernier, survenu sur l’autoroute E17 entre Courtrai et Gand, son épouse, Marie-Louise Susic, est autorisée à rentrer chez elle, à Grimbergen, l’espace d’une petite journée.

Madame Verschueren, il est vrai, revient de très loin. Relevée avec des blessures au visage, au genou et à la rate, elle fut maintenue pendant près de trois semaines dans un coma artificiel. Opérée à 3 reprises depuis lors, elle quitta les soins intensifs il y a un bon mois afin d’entamer sa revalidation. Car plusieurs semaines seront encore nécessaires avant son rétablissement complet.

« Il est fier de sa femme, qui s’est battue pour sa vie », observe Monique. « Ils ont tous les deux une foi et une force intérieure qui soulèvent les montagnes ». Midi. La séance de préparation du noyau est terminée et, après une douche réparatrice, les joueurs quittent l’un après l’autre la place. Glen De Boeck, venu aux soins, est le premier et Aleksandar Ilic le tout dernier. En principe, c’est toujours Michel Verschueren qui referme la porte d’entrée quand tout le monde est parti. Mais aujourd’hui, c’est à Monique qu’il appartient de le faire: « Cela me fait tout drôle. Vivement un retour à la normale! »

Lundi 17 septembre: Ode s’en va

Jusqu’à cette journée, l’opération dégraissage, au RSCA, avait surtout concerné des éléments qui ne s’étaient encore jamais illustrés en Première au Sporting, tels qu’ Ivica Jarakovic et Miljan Mrdakovic, transférés sur base de prêt à l’Eendracht Alost, ainsi que Nikos Kounenakis, cédé dans les mêmes conditions aux Francs Borains. Cette fois, la mesure s’étend à un sociétaire du noyau A: Ode Thompson, qui trouve un terrain d’entente avec Westerlo après avoir également été courtisé par le Lierse.

« Dès l’instant où j’étais sûr de garder le même salaire, je n’avais pas de réelle préférence pour l’un ou l’autre de ces clubs », commente l’attaquant nigérian. « En réalité, les réticences, au départ, provenaient du club lierrois, tout à fait disposé à m’embrigader jusqu’à la fin de la saison, mais à la condition expresse que je ne participe pas à la Coupe d’Afrique des Nations. Comme je ne pouvais donner cette garantie, le manager des Jaune et Noir, Herman Van Holsbeeck, n’a pas insisté. Son homologue de Westerlo, Herman Wijnants, de son côté, a bien fait de se montrer plus souple car en cours de week-end, la fédération de football de mon pays dévoila la liste des 40 présélectionnés en vue de la CAN et je n’en faisais pas partie. Du même coup, je n’avais plus l’embarras du choix. Pour moi, il importe de jouer si, après avoir déjà loupé la Coupe d’Afrique des Nations, je veux encore avoir une chance de jouer la Coupe du Monde. Or, cette perspective ne m’était pas donnée à Anderlecht. Je n’en veux pas à l’entraîneur, Aimé Anthuenis, qui, au moment de mon engagement, ne se doutait absolument pas qu’il aurait l’embarras du choix suite aux acquisitions de Ky-Yeun Seol, Ivica Mornar et Gilles De Bilde, tous transférés après moi. A Westerlo, je veux prouver que le Sporting et son coach ont eu raison de s’assurer mes services, même si je n’ai pas eu souvent l’occasion de prouver mon savoir-faire. Mais ce n’est que partie remise ».

Mardi 18 septembre: première pour Deschacht

Pour les besoins du déplacement à Beveren, Aimé Anthuenis est pour le moins verni. Alors que jusqu’à ce stade de la compétition il avait souvent dû remodeler son équipe, match après match, en vertu des blessures et autres indisponibilités, il a la chance, ce coup-ci, de pouvoir relancer dans la bataille les mêmes hommes que lors de la journée précédente à Westerlo. A une exception près: Aleksandar Ilic, qui se plaint du genou, est remplacé par Lamine Traoré, le jeune qui monte au RSCA.

Au Freethiel, le défenseur burkinabé n’est finalement pas le seul « bleu ». En cours de deuxième mi-temps, le coach anderlechtois fait effectivement appel à Olivier Deschacht pour supplanter Bertrand Crasson, commis à la garde du remuant Zézéto. Après Junior, monté au jeu contre La Gantoise et Yasin Karaca, appelé sur le terrain contre le Sporting Charleroi, il s’agit du troisième jeune lancé dans la bataille par le staff des Mauves cette saison. « J’ai fait toutes mes classes à Lokeren avant de passer en Scolaires à Anderlecht », dit-il. « Je suis au Parc Astrid depuis cinq ans et c’est ma deuxième saison au sein du noyau professionnel. J’ai longtemps été barré au poste de back gauche par Kevin Nicolay mais, depuis sa blessure, je suis monté d’un cran dans la hiérarchie. Je ne m’attendais pas du tout à devoir effectuer mes débuts chez les Waeslandiens. Une remarque qui était tout aussi valable dans le chef de mes deux compagnons d’âge utlisés cette saison. Au même titre qu’eux, je pense avoir prouvé être digne de confiance. Je suis en fin de contrat et mon souhait le plus cher est de rester à Anderlecht. J’espère, dans cette optique, que le Sporting et moi-même trouverons vite un terrain d’entente. Ce qui m’est arrivé aujourd’hui est fabuleux, en tout cas. Et j’en redemande ».

Mercredi 19 septembre: Jestrogoal dans ses oeuvres

Aux dires de Jean Dockx, responsable de la prospection au RSCA, les doublures anderlechtoises n’usurperaient pas leur place au sommet du football belge. Et c’est vrai qu’elle a fière allure, cette formation Réserve du Sporting appelée à donner la réplique à son homologue beverenoise au « petit Heysel ». Jugez plutôt: au goal, Zvonko Milojevic; à l’arrière, de droite à gauche, Goran Lovre, Melvin Fleur et Olivier Deschacht; dans l’entrejeu Ki-Yeun Seol, Alin Stoica, Yasin Karaca, Junior et Tarek El Saïd; devant Nenad Jestrovic et Anatoli Guerk. Le contraste est énorme avec l’équipe des Jaune et Bleu où les noms les plus connus sont ceux de Stijn Vlaminck, Anouar Bou-Sfia et David Van Steen, les seuls à avoir déjà joué en D1. Plus encore que la veille, au Freethiel, la lutte est disproportionnée entre les deux teams en présence. Au bout d’une demi-heure à peine, la marque est déjà de 3 à 0: un hat-trick de Jestrogoal. Le jeune Anatoli Guerk, particulièrement en verve lui aussi, est en passe de l’imiter mais avec un quatrième goal, une fois encore un pur chef-d’oeuvre dans les 16 mètres, l’ancien puncheur de l’Excelsior Mouscron prouve qu’il est le meilleur canonnier sur le terrain. Et sans doute aurait-il continué à marquer à tire-larigot si, à la 55e minute, il n’avait pas été contraint de céder sa place pour rouspétance. Ce contretemps ne l’empêchait pas d’afficher le sourire après coup.

« J’en suis à 12 buts en cinq matches », dit-il. « Même si la différence est grande avec l’élite, ma production prouve que je suis dans le bon. Aimé Anthuenis a dit qu’il ne comptait pas sur moi avant la trêve, mais j’espère qu’il aura revisé son jugement après ce match. Car en l’absence d’ Ivica Mornar, il y a une place à prendre dans le secteur offensif contre Bruges. Et je souhaite de tout coeur qu’elle me revienne, même si je ne suis pas titulaire au départ ».

Jeudi 20 septembre: démarches en coulisse

L’activité du jour n’a pas tant lieu sur le terrain, où une seule séance est prévue, l’après-midi, qu’en coulisses.

Tout commence de grand matin lorsque le Sporting est avisé par fax, par la fédération de football du Burkina Faso, que Lamine Traoré est sélectionné en vue de la Coupe d’Afrique des Nations, qui se déroulera du 19 janvier au 10 février prochain au Mali. C’est le troisième Sportingman réclamé par son pays car avant lui, Tarek El Saïd avait déjà été mis au parfum, tout comme Aruna Dindane. Avec trois joueurs réquisitionnés, Anderlecht pourrait, s’il en manifeste l’envie, ajourner les rencontres prévues durant cette période. Mais dans la mesure où seul l’Ivoirien a rang de titulaire, cette éventualité n’est pas même évoquée.

Deux nouveaux dossiers de transfert sont à l’étude. Le premier a trait à Yasin Karaca, que Westerlo souhaite acquérir jusqu’à la fin de la saison, tandis que le second concerne Alin Stoica. Si le prêt de l’attaquant belgo-turc a toutes les chances d’aboutir, on se montre beaucoup plus circonspect, en revanche, concernant le Roumain.

« De toute façon, il nous échappera », souligne le secrétaire-général, Philippe Collin. « S’il ne part pas maintenant, je présume qu’il nous quittera en fin de saison. C’est dommage, car je reste persuadé que ce garçon était fait pour un club comme le nôtre et vice-versa. S’il n’a pas fait son trou chez nous, il ne doit pas en chercher les raisons auprès du staff technique, mais chez lui, tout simplement. Avec son talent, il aurait dû s’imposer depuis longtemps. Une chose est sûre: s’il ne change pas sa manière d’être, il suivra exactement le même chemin que d’autres Roumains qui promettaient monts et merveilles mais qui n’ont jamais confirmé. Comme Adrian Ilie ou Florin Raducioiu par exemple. J’ose espérer pour lui que je me trompe ».

Samedi 22 décembre: Van Hout se marie

Après Aimé Anthuenis, qui a soufflé ses 58 bougies la veille, c’est au tour de Joris Van Hout d’être à l’honneur. L’ex-Malinois convole, en effet, en justes noces à Oud-Turnhout avec Bieke, une amie d’enfance. Bon nombre de ses coéquipiers répondent présent à la réception, sauf ceux qui ont décidé de mettre à profit la courte trêve hivernale pour se rendre dans leur pays natal. C’est le cas de Besnik Hasi, qui prend la route du Kosovo, de Nenad Jestrovic, parti en Yougoslavie, et d’ Alin Stoica, qui passe les fêtes de fin d’année en Roumanie. Durant son séjour à Bucarest, le talentueux médian fera le point sur son avenir avec son manager, Ioan Becali. Pour lui, il est acquis qu’il reviendra au Sporting après la trêve. Reste à voir si la direction du club l’entend de la même oreille. Réponse le 2 janvier, à la reprise des entraînements.

Bruno Govers

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