Une rage de vaincre balkanique

Ake Kallenberg a été entraîneur des jeunes et manager de Malmö FF pendant 22 ans. Il a repéré Zlatan au FBK Balkan et l’a coaché pendant deux ans en Espoirs, une équipe avec laquelle il a été champion de Suède.

 » Quand je visionne des joueurs, je tente de déceler s’ils ont un c£ur pour le football. C’était le cas de Zlatan. Il effectuait tant d’heures supplémentaires après les entraînements qu’il devait devenir bon. Il a rapidement compris qu’il pouvait aller loin. Alors que nous étions à Milan, après un stage au Lac de Garde, nous sommes allés voir un match de l’Inter contre Bari. Deux anciens footballeurs de Malmö s’y produisaient. A notre arrivée au stade, Zlatan a regardé l’échauffement et m’a dit : – Un jour, je jouerai ici. Il était toujours optimiste. Je l’apprécie car il a bon c£ur mais il peut aussi se fâcher. Il a une mentalité étrange. Il ne digérait pas toujours très bien les défaites. Pourtant, je préférerais retrouver plus souvent ce trait chez les joueurs suédois. C’est un atout quand on l’utilise à bon escient. Il disposait d’un bon physique même s’il n’était pas très grand. Il s’est développé sur le tard, en l’espace d’un an. Il a commencé à pousser à 16 ans. Beaucoup de joueurs ont alors des problèmes de genoux ou perdent une partie de leur technique. Pas Zlatan, qui a également su exploiter ses nouveaux atouts physiques. Il pouvait évoluer à l’avant-centre ou en décrochage mais il n’était pas un buteur pur-sang. En revanche, il dribblait aisément deux ou trois joueurs puis tirait d’un angle impossible.

Au Lac de Garde, nous avons joué contre Hellas Vérone. Nos adversaires sont sortis du vestiaire avec un complexe de supériorité, style : – Nous sommes Italiens, nous allons facilement nous imposer. Mais à l’heure de jeu, nous menions 5-0 et ils ont cessé de jouer. Ils sont partis ! Mes joueurs ont été fantastiques ! Ils avaient compris qu’ils avaient l’occasion de montrer leur valeur.

Je n’ai pas compris que Zlatan ne soit pas sélectionné en -16 ans et en -17 ans. L’entraîneur m’a répondu qu’il avait déjà visionné Zlatan mais qu’il ne pouvait aligner de concert mes deux attaquants Tony Flygare et Zlatan car c’étaient deux fortes personnalités, qu’il ne pouvait gérer. La tactique aurait été calquée sur eux, au détriment des autres. Or, ils étaient les meilleurs attaquants de Suède à ce moment ! Incompréhensible… Il m’arrive de travailler pour la Fédération et nous en discutons. Nous devons apprendre à nos jeunes à vouloir vraiment gagner. Les footballeurs des Balkans ont cette rage de vaincre. Regardez Zlatan : il gagne. Toujours. L’Ajax a été champion, comme la Juventus et l’Inter « .

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