Une question d’ALCHIMIE

Matthias Stockmans
Matthias Stockmans Matthias Stockmans is redacteur van Sport/Voetbalmagazine.

L’esprit d’équipe mène loin et permet à un petit club de s’attaquer aux monstres wallons.

Les observateurs étaient unanimes en début de saison : Bree allait surprendre son monde. Au tiers du championnat, c’est bel et bien le cas. L’invincible Charleroi a déjà trébuché trois fois, Ostende présente deux visages selon qu’il joue à domicile ou en déplacement, Mons ne sait trop s’il va s’implanter dans le top ou en décrocher définitivement, et Anvers, si brillant la saison passée, est victime de remous internes. Mais le championnat a quand même ses contes de fées. Les Limbourgeois de Bree restent sur une série de six victoires et partageaient la première place avec Ostende jusqu’au week-end dernier. Lors de la deuxième journée de championnat, Bree avait battu Ostende. L’équipe côtière a pris sa revanche le week-end dernier, s’imposant de justesse 79-77 et restant seule en tête. Bree demeure cependant à la deuxième position du classement, ex-aequo avec Liège.

Au-delà du résultat, la surprise, c’est que deux clubs flamands emmènent le classement national, qui semblait être une affaire strictement wallonne. En début de saison, l’entraîneur de Bree, Chris Finch, ne faisait pas mystère de ses ambitions : les playoffs. Etait-ce du bluff de la part de cet Américain qui ne connaissait pas notre championnat ? Jusqu’au week-end dernier, Bree a gagné sept de ses dix premiers matches. Il aligne quelques-uns des meilleurs joueurs de l’exercice : Yves Dupont, Travis Conlan, Alton Mason et Brian Lynch. Les statistiques ont leurs limites mais quand même : Dupont est dans le Top 10 des assists et des rebonds. Conlan est deuxième au classement des assists, Mason quatrième à celui des marqueurs, Lynch est aussi dans le Top 10 des rebonds et des points. Brian Lynch et Yves Dupont figurent également dans le Top 10 des joueurs les plus importants.

Un coach sans palmarès

On en oublierait presque le principal atout de Bree : son esprit d’équipe, son alchimie. Comme Georges Leekens, le manager, Rudi Kuyl, et Finch organisent des activités pour souder l’équipe : concert de Clouseau, match PSV-Arsenal…

Alton Mason :  » Nous prestons grâce à cette alchimie. Peu m’importe où je joue, pourvu qu’on gagne « .

Yves Dupont :  » Nous aimons travailler avec le nouvel entraîneur. Chacun joue en confiance. Nous pouvons et devons viser les playoffs « .

Jim Cantamessa :  » Le nombre de points et de rebonds que je réussis ne compte pas. C’est l’équipe qui gagne « . Les joueurs de Bree puisent dans le dictionnaire des clichés mais ceux-ci laissent percer un réel esprit d’équipe.

Il n’y a pas de mystère derrière cette ambiance, seulement du know-how, explique Rudi Kuyl, l’architecte du Bree new-look.  » Il faut faire le ménage quand on reste en deçà des attentes quelques années de suite. La saison passée, le rapport qualité/prix n’était pas bon. Je ne regrette pas tous ces départs. L’équipe actuelle est moins chère. Conlan et Lynch ont suivi Finch qui les avait connus en Allemagne. Nous pouvons nous féliciter d’avoir suivi les conseils de Finch. Il croyait en eux, comme nous croyions que Dupont, Herbert Baert et Mason avaient le niveau requis. Nous tenons parole : nous défendons mieux, nous sommes meilleurs sur le plan collectif, le poste de distributeur est plus étoffé, nous avons de meilleurs passeurs et nous sommes plus forts en déplacement. Tout nous réussit mais nous devons rester réalistes. Deux fois, nous avons gagné aux prolongations alors que nous aurions aussi bien pu perdre « .

Chris Finch, âgé de 35 ans, n’a pas de palmarès, ni comme joueur ni comme entraîneur. Il ne connaissait pas le championnat de Belgique à son arrivée. Pourtant, il suscite l’admiration générale. Kuyl :  » Nous avons préféré un inconnu. Un jeune Américain. Il a du charisme. J’avais coché deux noms sur une liste de 25 : Louis Casteels et Chris Finch. Nous voulions conserver JohanRoijakkers et le nouvel entraîneur devait donc s’entendre avec lui. L’approche de Finch confère de la sérénité au groupe. Un Américain entraîne différemment : ses séances sont plus brèves, plus intenses, avec plus de pauses. Les joueurs n’ont jamais couru des kilomètres sans but. Pour le moment, nous avons deux jours de congé consécutifs, le lundi et le mardi « .

Yves Dupont n’avait jamais travaillé avec un coach étranger.  » Il insiste sur la défense. Le ballon circule bien et nous trouvons aisément l’homme en forme. Il change de match en match : le danger vient de partout. Nous avons quand même un avantage : éliminés rapidement de la Coupe de Belgique et non qualifiés pour l’Europe, nous pouvons nous concentrer sur le championnat « .

Passons à l’entraîneur. Un homme aimable, au flair de Richard Gere dans Pretty Woman. Pas un homme à tout bouleverser, style Matteo Boniciolli, ni fanatique comme Niksa Bavcevic. Non, un homme ouvert et convivial, qui convient à un club de province. Finch :  » Découvrir un championnat est agréable. Johan Roijakkers, Rudi Kuyl et quelques joueurs m’ont aidé. Le basket belge se situe entre le style anglais et l’allemand. Son niveau est plus proche de l’allemand, son style de l’anglais : rapide et basé sur la technique. Le championnat belge est passionnant car tout le monde peut battre tout le monde. Ma première tâche a été de faire la connaissance de mon équipe. J’avais vu des vidéos de Herbert Baert mais c’est en travaillant au quotidien que j’ai compris son importance pour une équipe. Quand Yves et lui sont revenus de l’équipe nationale, j’ai dû effectuer un choix. En repensant à mes premiers mois, je ne modifierais qu’une chose : la saison prochaine, la préparation devra être plus dure « .

L’attention durant les bons moments est une qualité essentielle. Finch la possède.  » Notre banc pourrait être plus régulier. Jarvis Kelley-Sanni et Hugo Sterk doivent accomplir un pas en avant. Nous devons marquer plus de paniers à trois points. La défense est solide mais je remarque parfois un manque de concentration. Notre place actuelle ne compte pas. Nous devons veiller à continuer sur notre lancée pour conserver un bon classement jusqu’en mai. L’alchimie de l’équipe est notre atout. Tout le monde s’entend bien. Même en début de parcours, quand nous avions quelques problèmes, l’ambiance est restée au beau fixe. Le glissement d’Alton Mason à la position 2 a été capital. Il est avant tout un scorer. Je savais que notre équipe avait un bon passing et, surtout, voulait faire des passes. Je voulais avoir deux bons distributeurs pour ne pas devoir faire appel à un jeune de 20 ans à ce poste crucial en cas de blessure. J’ai connu pareille situation : un jeune ne peut porter le poids d’une équipe. Je savais ce dont Travis était capable. Comme Herbert, il apporte beaucoup de choses qu’on ne décèle pas au premier coup d’£il. Il joue intelligemment et me met en valeur car il prend les bonnes décisions ! He makes me look good « .

Matthias Stockmans

 » Il faut FAIRE LE MÉNAGE quand l’équipe ne répond pas aux attentes  » (Rudi Kuyl, le manager)

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