Une progression à coups de bras de fer

Infrastructures Stade et école des jeunes : vers une seconde jeunesse

Le stade n’aurait pas dû poser problème tant sa rénovation pour l’Euro 2000 avait soulevé l’enthousiasme. A l’époque, on louait l’originalité architecturale et l’aspect pratique, permettant de démonter une tribune (qui a fini au vélodrome de Gilly) et d’éviter ainsi une construction trop grande pour le seul Sporting. Mais plusieurs menaces planent sur ce stade. Il y a d’abord la décision du conseil d’Etat. Erigé sans permis de bâtir, il a fait la fureur des riverains qui mènent une croisade, notamment contre une tribune, qui devra sans doute être démontée. De plus, depuis sa rénovation, ce stade n’a pas été bien entretenu et tombe en ruine à certains endroits. Et lorsque des travaux doivent y être effectués, le club (locataire) et la Ville (propriétaire) se mettent des bâtons dans les roues.

Dans le cadre de la candidature au Mondial 2018, Charleroi a lancé le projet d’un grand stade. Les deux équipes de la ville y trouveraient refuge.  » Une étude de faisabilité est en cours « , explique l’échevine des Sports, Ingrid Colicis.  » Trois sites sont envisagés : Gosselies, Wayaux et Marchienne.  »

Le projet consiste en une enceinte de 40.000 places pour la Coupe du Monde, dont la capacité sera réduite à 25.000 ultérieurement.  » On veut combiner sport, famille et loisirs. Il faut que le stade ait un attrait commercial et il devra être financé en grande partie, voire totalement par le volet commercial « , continue Colicis. Une fois l’étude terminée et le choix du lieu arrêté, le budget sera concocté. La date de 2013 a été avancée.

Le centre d’entraînement de Marcinelle est également indigne d’un club de D1. Son état oblige les joueurs à prendre leur voiture pour se doucher au stade. Mais cela va changer grâce aux efforts de la Région (60 %) et de la Ville (le reste). Dès 2009, le site de Marcinelle va subir des transformations. Un nouveau bâtiment (avec vestiaires) sera construit mais contrairement à ce qui a été avancé, ces travaux concernent avant tout l’école des jeunes. L’équipe Première pourra évidemment bénéficier du site… Outre les vestiaires, ces travaux aboutiront au remplacement du terrain synthétique et à la création d’un vaste plateau d’entraînement (l’équivalent de deux terrains non marqués comme il en existe au Standard). Coût : 1,5 million d’euros. L’école des jeunes, autrefois fleuron du Sporting, aujourd’hui rarement déclencheur d’une carrière, retrouvera normalement une seconde jeunesse.

Public On bouge surtout quand l’Europe est en jeu

Charleroi a toujours eu un public chaud et nombreux, pointant régulièrement au classement du nombre de spectateurs juste derrière Bruges, Anderlecht, le Standard et Genk. Après une période de vaches maigres, les années JackyMathijssen avaient été marquées par une hausse des abonnés. Ainsi, la moyenne culminait à 12.117 en 2005-2006. Depuis deux saisons, malgré des résultats honorables, le nombre d’abonnés et de spectateurs subit une chute vertigineuse. N’arrivant pas à fidéliser son public ni à capitaliser ses bons résultats, le Sporting s’est fait dépasser par Malines, Gand, le Cercle Bruges et le Germinal Beerschot et n’attire plus que 7.192 spectateurs (même si les Zèbres n’ont pas encore accueilli de grandes équipes).

Qu’en sera-t-il dans le grand stade ? Charleroi a un bon public mais encore trop influencé par une série de bons résultats. L’assistance ne suit que si le Sporting lutte pour l’Europe. C’est dommage car le public carolo est un des plus colorés de D1. Il ne reste plus qu’une frange d’irréductibles, qui savent faire du bruit et du coup, une soirée au stade du Pays de Charleroi n’est donc jamais morne.

Les Zèbres font partie des meubles de la D1 puisqu’en termes de longévité en D1, ils occupent le quatrième rang derrière le Standard, Anderlecht et Bruges. Cela lui procure une image historique à laquelle il convenait autrefois d’ajouter le côté sympathique. Cependant, les débordements récurrents de la direction ont quelque peu terni l’image. La direction, bien consciente de ses erreurs, tente de rectifier le tir notamment en jouant son rôle social et en prêtant son stade à des cours de remédiation scolaire, d’alphabétisation et de permis de conduire.

Gestion Progresser malgré les polémiques

Chaque année, on dit que la famille Bayat, qui a repris le club en 2000, est sur le départ ; pourtant chaque saison, elle s’investit de plus en plus. Sa gestion autocratique a soulevé beaucoup de commentaires, pas toujours élogieux, mais tant le président que ses neveux continuent. Le club est sain et sur le plan sportif, les résultats suivent. Même si certains propos (comme cette volonté de jouer le titre) prêtent à sourire, ils dénotent une certaine ambition.

Sous la précédente législature communale, le club était choyé par des élus politiques utilisant rarement des pratiques catholiques (pour ne pas dire légales). L’arrivée du nouveau collège communal et sa volonté de mettre fin aux privilèges, ne cadre pas avec la politique d’expansion du club. D’où des disputes continuelles. Que ce soit pour le stade (le Sporting n’a jamais payé le loyer qu’il doit à la Ville) ou pour la création d’un centre d’entraînement digne de ce nom. Le bras de fer entre les Bayat et la ville ne fait les affaires de personne.

Politique Ce n’est pas le désert

Outre le projet de réaménagement du site de Marcinelle, la Ville prend également en charge l’entretien, les frais d’amortissement et la consommation énergétique du stade. Soit un coût d’1,2 million par an. De plus, elle alloue à chaque club de la ville un subside pour l’école des jeunes. Celui-ci est calculé en fonction du nombre d’enfants et le Sporting perçoit 2.830 euros.

Finances Les Zèbres font des bénéfices

On a longtemps cru que le remboursement des prêts consentis par les Bayat lors de la reprise allait signer l’arrêt de mort du Sporting : le club avait consenti un emprunt de 4.959.000 euros en 2001 et 2.500.000 en 2003. Dans un premier temps, le club ne remboursait que les intérêts mais depuis juillet 2007, il rembourse également le capital. Ce qui porte la facture, malgré un taux d’intérêt préférentiel consenti par Dexia grâce à l’intervention de la Ville, à 900.000 euros par an.

Mais grâce à de juteuses ventes de joueurs et une politique de bon père de famille, le Sporting parvient à rembourser et les finances sont saines. Après des premières années difficiles (pertes de 1 à 3 millions par saison), les Bayat ont redressé la situation et depuis la saison 2005-2006, le club dégage du bénéfice. Cette situation se fait quelque peu au détriment du sportif puisque chaque saison, le Sporting doit vendre un des ses joyaux. François Sterchele au Germinal Beerschot, Cyril Théréau au Steaua Bucarest, Joseph Akpala et Laurent Ciman à Bruges. Au niveau des arrivées, le club évite toute folie et mise souvent sur des jeunes éléments issus soit du vivier français, soit des divisions inférieures.

Cette saison, le budget de Charleroi a été porté à 7,5 millions d’euros. Le sponsoring (Voo, Eurofinances, Champion, Errea) représente 40 % des recettes. Quant aux droits TV, ils rapportent 2 millions d’euros, soit 30 % du budget. Reste alors le merchandising. Malgré l’énergie dépensée et la créativité en ce domaine (le club fut le premier à ouvrir une boutique en Belgique), il ne rapporte pas beaucoup. Son projet de téléphonie mobile (Sportingmobile) est un échec. Son émission de télévision avec Télésambre n’a jamais vu le jour mais le site www.rcsc.be marche très bien et le club a créé une télévision internet rcscTV, qui propose des petites émissions et des portraits de joueurs. Innovation ne rime pas toujours avec rentabilité mais on ne peut pas reprocher aux dirigeants de manquer de projets.

Et cela ne peut que porter ses fruits.

par stéphane vande velde

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