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Une petite semaine de Premier League

Depuis que ça va moins bien, on se rend compte à quel point c’était exceptionnel quand ça allait. La période compliquée que vit Liverpool nous rappelle une évidence. Ce ne sont que des hommes. On l’avait presque oublié. Liverpool peut aussi jouer au même rythme que les autres. Deux saisons qu’ils laminent, labourent, écrasent, essorent jusqu’à la dernière goutte la sueur de leurs adversaires. Et là, on prend conscience de l’énormité de leurs 44 matchs sans défaite. Le convoi de la Mersey roulait tellement vite qu’il a raté l’arrêt à la pompe. Longtemps, ils ont été sur la réserve. À Watford, ils sont tombés en panne. Fini de tutoyer la perfection, ils ont vouvoyé la normalité. Ils ont joué comme une équipe normale. Tellement normale que Watford n’a dû commettre que quatre fautes en 96 minutes. Tellement banale qu’ils n’ont cadré qu’un seul tir. Le train  » kloppien  » est devenu  » kloppin kloppan « . Mais personne pour les traiter de  » klampins « . Trop de crédit. Trop de respect pour ce club, cet entraîneur, ces joueurs qui honorent le football de leurs plus belles intentions.

Pas de doute, José n’est plus que l’ombre de Mourinho.

Dans ce match, deux grands artisans de l’exploit ont l’accent belge. Le coach Nigel Pearson a passé 15 mois à la tête de l’OHL avant de reprendre du service à Watford. Il n’a laissé qu’un souvenir : celui d’un gentleman. Et puis, le numéro 27 dont la ligne qui précède conviendrait également pour le définir. Christian Kabasele s’est baladé dans ce match. Calme, léger, serein, voire altier. En face il y avait le meilleur trio du monde : Salah, Firmino, Mané. Il n’y a quasiment pas eu de duel. Pas besoin. Placement, anticipation, réflexion et, gros plus, construction. Kabasele à tout ça. Ça a crevé l’écran face à la meilleure équipe de la planète. Et là, on se rend compte à quel point notre pays est un nid de  » stoppeurs  » de classe mondiale. Sinon, tel un beau Diable, il serait plus souvent sorti de sa boîte à capes.

Quelques jours plus tard, c’est un autre discret qui est sorti, lui, de ses gonds. Eric Dier a franchi la frontière. Pas bien vu par les temps qui courent. Après l’élimination contre Norwich, il va en tribune pour soulager une frustration. Rien à voir avec Cantona, cette scène s’est déroulée comme au ralenti. Il a pris son temps. Escaladé les sièges pour retrouver l’insulteur. Qui a fui, non pas de peur mais de gêne. Ce geste de Dier a fait prendre conscience à ce supporter qu’un stade est certes un exutoire mais qu’il ne doit pas devenir un bidet où vomir serait un droit qui va avec le ticket. Un petit incident pas bien méchant mai qui a tout son sens. Notamment de nous rendre compte que de Canto à Dier, 25 ans se sont écoulés et que ce genre de mise au point est très très rare. Tant mieux. Acteurs et spectateurs ne sont rien les uns sans les autres.

À Tottenham, il y a un autre qui s’est trop souvent pris pour Dieu. José Mourinho semble d’un autre temps. Mis au placard par ses anciens joueurs, Lampard et Espirito Santo qui font mieux jouer que lui et lui donnent la leçon. Avant cela, un gamin nommé Julian Nagelsmann en avait fait de même avec son Leipzig. Après ça un ex-coach de l’équipe B de Dortmund nommé Daniel Fark est venu de Norwich pour l’éliminer de la FA Cup. José est un monument en péril dont on se demande s’il est encore capable de rénover sa façade. On rappellera, quand même, que depuis qu’il est arrivé à Tottenham, seuls Klopp et Guardiola ont pris plus de points que lui en Premier League. Je le signale avant qu’il ne le fasse lui-même. Pas de doute, José n’est plus que l’ombre de Mourinho.

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