UNE PAROLE

Un excellent avant mais surtout un homme de parole, attaché à ses valeurs.

Alors qu’il quittait l’Austria Vienne et discutait avec le Germinal Beerschot, le Standard et Westerlo l’ont contacté. Trop tard : Tosin Dosunmu (25 ans) avait donné sa parole au club anversois. Le Nigérian n’est pas opportuniste. Il est même d’une honnêteté rare à notre époque :  » Mes parents ont toujours insisté sur ces valeurs. Ils n’auraient jamais toléré le moindre manque de respect envers les autres. Ils ont toujours prêché l’humilité. Je leur en suis reconnaissant. Si je m’intègre aussi aisément partout, c’est sans doute parce que je respecte les autres, que j’essaie de me faire des amis où que j’aille. – Traite les autrescomme tu voudrais qu’ils te traitent. « .

La saison passée, son entraîneur viennois écumait, au terme du match à Anderlecht, furieux que l’arbitre n’ait pas sifflé un penalty mérité. Vincent Kompany a présenté ses excuses à Dosunmu au terme du match. L’intéressé les a acceptées :  » Je n’en veux à personne. Le juge de touche avait le nez sur la phase et n’a pas prévenu l’arbitre mais nous ne sommes que des êtres humains « .

Dosunmu est fidèle aussi. André Denul est son manager depuis ses débuts. Il n’a jamais mâché ses mots, ce que son protégé apprécie – un protégé obéissant, qui suit ses conseils. Ses expériences, déjà nombreuses, l’ont endurci sans le rendre cynique. « Elles m’ont aussi ouvert l’esprit. Chaque entraîneur exige autre chose d’un joueur. Plutôt que de râler parce qu’on ne m’aligne pas à ma place de prédilection, je reste positif : chaque expérience accroît mon bagage « .

Tous ceux qui ont travaillé avec le Nigérian en dressent le même portrait : Tosin est un chouette gars, docile, sociable, amical. Son comportement séduit tout le monde. Même en Autriche, où les Africains sont rares, sur les terrains et en-dehors, il n’a été en butte au racisme qu’à une reprise :  » En Coupe, nous jouions en déplacement dans un petit club de province. La ville qu’il représentait ne comptait pas le moindre Africain. Je ne me suis pas attardé sur l’incident, vous savez. Vienne est une grande ville, plutôt multiculturelle mais la capitale constitue une exception. Le championnat d’Autriche ne compte que quatre ou cinq Noirs alors qu’ici, ils foisonnent, y compris en rue. Mais je ne peux me plaindre. Je n’ai pas subi d’ostracisme. Je me suis adapté, c’est tout, même si c’est plus aisé en Belgique, où des gens de tous horizons se croisent, surtout en football « .

Un pas en avant en Belgique

L’attaquant africain a donc retrouvé le championnat de Belgique, un an après avoir quitté Westerlo.  » Sigur Rushfeldt, mon coéquipier, a marqué 19 buts la saison passée, 20 la précédente, mais aucun club étranger ne s’est intéressé à lui. Il est toujours à l’Austria. Le championnat autrichien n’est pas aussi suivi que le belge. Quand, en plus, on ne joue pas… Depuis mon transfert à l’Austria, le Nigeria n’a plus fait appel à moi, car il ne reçoit pas d’images de ce championnat « .

En quittant l’Austria Vienne, il a opéré un choix sportif, au détriment de son portefeuille. Le richissime président du club viennois verse des salaires colossaux mais il a limogé en cours de saison dernière l’entraîneur qui avait embauché Tosin. Son successeur ne voulait pas d’avant rapide mais un homme de rectangle. Dosunmu entrait plus souvent au jeu qu’il ne commençait de matches. Sous la férule du nouvel entraîneur, il a quand même marqué trois buts lors des quatre derniers matches puis, à son retour de vacances, il a appris qu’on ne comptait plus sur lui.

Mais il estime effectuer un pas en avant en revenant en Belgique, et pas uniquement parce que les images de notre championnat sont retransmises plus régulièrement :  » Il y a l’Austria, le Rapid et le Grazer AK, en Autriche. Les autres sont très faibles. Ici, nous avons Anderlecht, le Club, le Standard, Genk mais aussi quelques autres solides formations, susceptibles de secouer les ténors « .

Ce n’est pas la première fois qu’il met de côté ses intérêts financiers au profit de son épanouissement sportif. Ainsi, il avait refusé que le RWDM le vende au Qatar, s’estimant beaucoup trop jeune pour pareille aventure, et il avait ensuite signé à Denderhoutem, en D3. Il n’y avait pas végété, comme tant d’autres : il avait appris à se battre et était sorti plus fort de l’épreuve. Jamais il ne s’était plaint du niveau sportif de son club ni de son manque à gagner. Même si  » ma famille n’est pas riche au point de pouvoir m’aider. J’ai vécu de mes économies « .

GEERT FOUTRÉ

 » JE TRAITE LES AUTRES COMME JE VOUDRAIS QU’ILS ME TRAITENT « 

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