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Une nouvelle génération dorée en athlétisme?

Durant la saison en salle, de nombreux jeunes athlètes belges ont signé de fameuses performances. Est-ce le prélude à de grands succès en seniors?

Jente Hauttekeete (18 ans) a signé le résultat belge le plus significatif en établissant un nouveau record du monde junior en heptathlon. Il est le premier junior à franchir le cap des 6.000 points (6.062). Il y a également eu la meilleure performance de l’année en saut en hauteur, en catégorie scolaires, de Merel Maes (1m88). Et en seniors, Thomas Carmoy, le champion d’Europe junior en titre du saut en hauteur, a franchi 2m28, se qualifiant ainsi, à vingt ans, pour l’EURO indoor de Torun, en Pologne, la semaine prochaine. Rani Rosius, également âgée de vingt ans et grand talent du sprint, a également réussi le temps minimal sur 60 mètres. Autre qualifié, Eliott Crestan (21 ans), qui a battu le record de Belgique de Joeri Jansen, sur 800 mètres, en 1’46 »40. Ce record datait de 17 ans. Elise Vanderelst (23 ans) a amélioré le record national du 1.500 mètres (4’05 »71). La sélection belge compte douze athlètes et est la plus importante depuis de nombreuses années. Il ne faut pas non plus oublier Daniël Segers (19 ans), qui a signé la troisième performance mondiale en saut en longueur, en juniors, la saison dernière.

Les ailes flamande et francophone travaillent séparément. C’est dommage, car elles pourraient échanger leurs connaissances. » Milan Augustijns, Atletieknieuws.be

Cet afflux de talents relève-t-il du hasard ou est-il le fruit de la formation dispensée par les fédérations? Ces jeunes peuvent-ils poursuivre leur progression et atteindre l’élite continentale et mondiale en seniors? « C’est partiellement dû au hasard », explique Milan Augustijns, qui suit les athlètes belges pour le site Atletieknieuws.be et d’autres médias. « Par exemple, Carmoy, Maes et Rosius travaillent indépendamment de la fédération, avec leur entraîneur personnel. Hauttekeete a la chance que ses parents soient d’anciens athlètes de niveau belge, qui l’ont bien formé. Jente a maintenant intégré le projet « épreuves multiples » lancé l’année dernière par le coordinateur flamand du sport de haut niveau, Rutger Smith, un ancien lanceur de poids et de disque néerlandais de très haut niveau, un projet dirigé par Fernando Oliva. Les meilleurs s’entraînent une ou deux fois par semaine ensemble à Gand, où ils sont suivis par des médecins, des kinés, des nutritionnistes, des psychologues, des entraîneurs techniques… Je n’entends que des louanges. C’est certainement un plus pour Jente. Il peut ainsi se préparer à rejoindre la catégorie supérieure sans s’exposer à des blessures. Il ne s’est pas encore trop entraîné et a donc encore une large marge de progression, tout comme Carmoy, qui peut vraiment aller très loin.

Fait éloquent, Roger Lespagnard, le coach de Nafi Thiam, n’avait encore jamais entendu parler de Hauttekeete. Il faut dire que les ailes flamande et francophone travaillent séparément. C’est dommage, car elles pourraient échanger leurs connaissances. Depuis son embauche en octobre 2019, Rutger Smith essaie d’améliorer la situation. Il n’hésite pas non plus à prendre des décisions, il communique bien et il a l’art de vendre ses décisions, contrairement à ses prédécesseurs. En plus des épreuves multiples, il se concentre sur quatre disciplines qui bénéficient de plus de moyens: le lancer du javelot, le saut à la perche, le demi-fond (800 et 1.500 mètres) et les relais. Les athlètes concernés bénéficient ainsi d’un suivi plus spécifique et la fédération réduit le risque que de grands talents n’éclosent pas à cause de toutes sortes de problèmes, comme Jeroen D’hoedt, Pieter-Jan Hannes ou Louise Carton dans le passé. »

Dans l’immédiat, il ne faut pas attendre de médailles de ces jeunes dans les grands championnats pour seniors, à commencer par le prochain EURO en salle. « À Torun, je ne vois qu’un candidat à une médaille: Eliott Crestan sur 800 mètres, essentiellement grâce à son sprint final. Les autres ont encore besoin de temps, mais d’ici quelques années, des places en finale et même des médailles constituent des objectifs réalistes », conclut Augustijns.

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