UNE FEMME MISE HORS JEU

Hors jeu, film iranien de Jafar Panahi, est dans les salles depuis le 6 décembre.

Le 8 mai 2006 : l’Iran est en passe de se qualifier pour la Coupe du Monde de football. Un car de supporters déchaînés est en route vers le stade. Une fille déguisée en garçon s’est discrètement glissée parmi eux ; elle ne sera pas la seule à tenter de transgresser l’interdiction faite aux femmes d’assister aux manifestations sportives. A l’entrée du stade, elle est démasquée et confiée à la brigade des m£urs qui devra décider de son sort.

Enfermée dans un enclos improvisé, elle est très vite rejointe par d’autres filles. Le terrain et le match sont là, en bas, hors de leur vue. La situation est vraie, le film est scénarisé, les jeunes filles jouent leur rôle de supportrices, les garçons tiennent leur emploi de militaire. Elle n’est pas la seule, les femmes aiment aussi le foot en Iran. Ensemble, elles refusent d’abandonner et usent de toutes les techniques pour voir le match.

Le 8 juin 2005, l’équipe d’Iran affrontait celle du Bahreïn, le match devant décider de sa participation à la Coupe du Monde en Allemagne. C’est ce jour-là que Jafar Panahi a filmé Hors jeu, dans les rues qui conduisent au grand stade de Téhéran, puis dans le stade lui-même. Du match, on ne verra que de rares images, on en n’entendra que la rumeur, telle que la perçoivent une poignée de jeunes gens. Les filles ont tout de supportrices : drapeau national peint sur les joues, casquette, excitation, joie et angoisse mêlées ; mais il ne leur est pas permis de voir jouer leur équipe, ni de l’encourager. Les femmes d’Iran sont interdites de stade.

Le film s’attache à quelques-unes de ces filles déguisées en garçons. L’une d’elles échappe à son père, qui se lance à sa recherche. Une autre achète au prix fort son billet d’entrée : en traitant avec une fille, le vendeur prend un risque qu’il entend faire payer. Entre documentaire et fiction, la frontière explose. Dans Hors jeu, il n’y a pas de méchants, il n’y a que des victimes, tous sont soumis à une loi qu’ils doivent respecter, ou faire appliquer. Et rien de tout cela ne les empêche d’aimer le football, d’aimer les autres, d’aimer la vie. A la fin, c’est l’Iran qui gagne. Sur le terrain, mais surtout dans la rue.

par Allison

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