UNE CULOTTE COURTE

Avant OscarPistorius, la Pretoria Boys High School n’avait encore jamais accueilli d’enfant sans pieds. En tout cas, pas pendant les dix années durant lesquelles BillSchroder en fut le directeur. A un moment donné, il ne put cacher ses préoccupations et demanda :  » Oui, mais… tiendra-t-il le coup ? »

SheilaPistorius regarda d’un air déconcerté. Elle échangea un regard avec son fils, qui haussa les épaules.  » Je pense que je ne vous suis pas « , répondit-elle.  » Que voulez-vous dire ?  » Schroder murmura quelques mots sur la morphologie du garçon, ses… euh, prothèses qui lui servent de jambes.  » Ha « , dit Sheila Pistorius avec un sourire,  » je comprends. Mais ne vous faites pas de soucis. Ce n’est pas du tout un problème. Il est tout à fait normal ! » Elle expliqua qu’elle comprenait parfaitement que la Pretoria Boys High School avait une réputation à tenir en matière de sport mais qu’il ne fallait pas se faire de soucis pour son fils.

Au début de l’année scolaire suivante, Oscar fréquenta la Pretoria Boys High School. Il allait rapidement devoir faire ses preuves. Les nouveaux élèves furent envoyés pour trois jours dans une ferme éloignée de l’école. C’était tôt dans l’année, le plein été, dans la chaleur et la sécheresse des hauts plateaux sud-africains : les conditions idéales pour mettre les nouveaux venus à l’épreuve dans une ascension d’un kilomètre et demi sur un terrain inégal et rocheux.

Il y avait un côté militaire dans les méthodes d’éducation de Pretoria Boys High School. Tout avait trait à la discipline, à la solidarité et à une cohésion mystique. Le personnel était convaincu qu’il devait perpétuer la tradition. Si nécessaire, de manière inexorable. Le leader de l’expédition était Paul Anthony, un coach de rugby qui avait passé l’essentiel de ses 40 années d’existence à l’école, d’abord comme étudiant puis comme enseignant. La plupart des garçons réussirent à escalader la côte et à redescendre en un temps honorable. Mais six d’entre eux éprouvèrent des difficultés lors du trajet de retour. Anthony partit en bus pour récupérer les retardataires.

 » Ce fut ma première rencontre avec Ozzie « , se souvient Anthony.  » Je fus, pour m’exprimer en termes prudents, étonné en voyant ses jambes en bois.  » Pistorius portait une culotte courte, suait abondamment et était rouge sang, la couleur de la terre des hauts plateaux.  » A l’endroit où ses jambes se fondaient dans ses prothèses, elles étaient écorchées et ensanglantées « , poursuivit Anthony.  » Je lui ai dit de monter dans le minibus, mais il a refusé. J’ai insisté en lui disant : ‘Allez, ce n’est pas une honte. Regarde les autres garçons à l’intérieur.’ Mais il n’a pas voulu abandonner. Il fut le dernier à monter dans le bus, mais il a effectué tout le trajet. Son courage et sa persévérance m’ont impressionné.  »

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