Une crème de MEC

Pour Toni Brogno, revenir à Charleroi, c’était un rêve. Un défi aussi, une dernière occasion de se transcender. Son premier passage au Sporting, en 94- 95, lui était resté en travers de la gorge. Georges Leekens était le coach et Jean-Pol Spaute, le président. Spaute :  » Au dernier match de la saison, en Réserve, contre le FC Liège en faillite et face à des joueurs en quête de contrats et donc hyper motivés, il m’avait sorti une prestation exceptionnelle sur le flanc droit. Peut-être avions-nous commis l’erreur de l’aligner systématiquement en pointe. J’ai hésité à le garder et, finalement, je lui ai conseillé d’aller s’aguerrir à l’Olympic, en D3 « .

Ce que peu de gens ont su c’est que, durant toute cette première saison au Sporting, Toni souffrait d’une recto-colite grave qui l’affaiblissait considérablement. Il avait même dû stopper toute activité sportive pendant trois mois. Quand il revint à la compétition, sa chance était passée.

A l’Olympic, Toni passa deux saisons sous la direction d’ André Colasse et s’y refit une santé physique et morale. Colasse n’a toujours pas compris aujourd’hui pourquoi le Sporting ne l’a pas récupéré et l’a laissé filer à Westerlo où il allait éclater de manière aussi inattendue que spectaculaire. De 1997 à 2000, il y sera un titulaire indiscutable, marquera 49 buts en 84 rencontres, dont 30 en une seule saison, celle où il s’offrira le titre de meilleur buteur de la compétition à égalité avec le Norvégien Ole-Martin Aarst.

Toni est une crème de mec. Posé et calme, il a toujours privilégié et protégé sa vie de famille. Je ne lui connais pas de défaut. Ou alors s’il en a un, c’est bien celui d’avoir l’art de les cacher ! Honnête avec ses copains, toujours prêt à se mettre à la disposition des autres, il possède, pour un footballeur, un sens anormalement développé de l’écoute.

Comme l’affirme Mario Notaro (staff technique des Zèbres) :  » Je le verrais bien dans des £uvres caritatives tellement son goût des autres est développé « . Véritable boute-en-train de vestiaire, tous les entraîneurs, avec qui je me suis entretenu à son sujet, sont unanimes à ne voir que du positif chez lui.

Sans ce profil exemplaire, je crois d’ailleurs que Jacky Mathijssen n’aurait jamais accepté de le voir intégrer le noyau carolo vu la proximité de son frère Dante. Il y a eu des hésitations quant à l’opportunité de son retour chez les Zèbres. Mais sa mentalité exemplaire plaidait tellement en sa faveur qu’on a occulté les risques éventuels que ce retour pouvait engendrer.

En retrouvant le Pays de Charleroi, il est revenu à ce niveau de jeu qui lui avait ouvert les portes de l’équipe nationale. Son explosivité est intacte, son crochet court toujours aussi dévastateur, sa faculté d’improviser permanente, son instinct de buteur toujours aussi aigu, ses changements de direction et ses choix de trajectoires constamment judicieux. Son séjour en Ligue 1 française a encore amélioré sa technique en mouvement et sa vitesse d’exécution. Et en perte de balle, il travaille plus qu’avant.

Toni n’est plus seulement le frère de Dante. Il s’est désormais forgé un prénom et une personnalité propre sur le terrain et dans la vie. Même si leur jeu recèle certaines similitudes… Notamment dans l’art de tomber. Tiens voilà enfin un défaut ! Quoique ! Moi je pense qu’il ne simule pas systématiquement la chute ce qui lui avait valu une méchante polémique dans l’Hexagone et une soirée mémorable avec Amand Ancion… Non moi je pense qu’il possède au plus haut degré l’art de se faire REELLEMENT accrocher par le défenseur. Il provoque plus qu’il ne simule et voilà pourquoi les deux Brogno sont devenus les bêtes noires des hommes en noir.

par André Remy

 » Il possède aussi l’art de se faire RéELLEMENT ACCROCHER PAR LE DéFENSEUR  »

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