UNE COMÈTE

L’Espagnol est le cauchemar de Roger Federer, le numéro 1 mondial.

R afaël Nadal Parera est la nouvelle idole de la terre battue, le pire concurrent de Roger Federer sur cette surface. Le jeune Espagnol aux boucles noires a tout juste 20 ans mais il a décroché d’emblée, il y a un an, le seul trophée qui fasse encore défaut au Suisse : Roland Garros. Cette année, il a d’ailleurs battu Federer à trois reprises déjà. Il est le seul à avoir fait plier la vedette helvétique en 2006. Avant Paris, Nadal a remporté 53 matches sur terre battue de suite, égalant le vieux record de l’Argentin Guillermo Vilas. Autre record égalé : avec sa seizième victoire à Rome, avant ses 20 ans, il a fait aussi bien que Bjorn Borg. Mais le spécialiste de la terre battue rêve de s’adjuger un jour Wimbledon…

Son jeu de jambes, son énergie inépuisable, son enthousiasme ont séduit le milieu. Il doit pourtant améliorer son service, chercher davantage le filet pour affiner son style et se faire plus esthétique, s’il veut gagner un jour à Wimbledon mais aussi pour s’éviter des blessures. Il y a deux ans, il a ainsi dû déclarer forfait pour Roland Garros et juste avant les Masters de Shanghai, il s’est occasionné une fracture de stress au pied.

Le succès n’a pas changé Rafa. Comme les jeunes de son âge, il raffole des chips, du coca et du football. C’est d’ailleurs son premier sport. Ce n’est pas un hasard : son oncle, Miguel Angel Nadal, a longtemps joué dans la défense du FC Barcelone. Le petit Rafaël est devenu avant mais un autre oncle, Toni, l’a dirigé vers le tennis où il est devenu défenseur. Sa marque de fabrique est claire : l’enthousiasme et l’amour du travail. Lorsqu’il a gagné, à huit ans, un tournoi réservé aux moins de douze ans, les observateurs ont compris qu’ils tenaient un diamant brut.

Le petit Nadal a alors commencé à jouer de la main gauche, alors qu’il est droitier.  » Je prenais les coups droits des deux mains. Comme je jouais du pied gauche en football, mon oncle Toni m’a demandé d’essayer d’une main, de la gauche. Ça a marché « . A douze ans, Rafa était champion d’Espagne et d’Europe dans sa catégorie d’âge.

Il excellait dans les deux sports jusqu’à ce que ses parents le somment de choisir, ne voulant pas qu’il compromette ses études. De même, lorsque la fédération espagnole de tennis, décelant son talent, lui offrit une bourse pour qu’il s’entraîne à Barcelone, ses parents avaient refusé, préférant que leur gamin de 13 ans reste dans le giron familial.

Apprendre à perdre

L’histoire de Rafa est en fait une histoire de famille, celle d’un garçon bien élevé, bien entouré, qui reste les pieds sur terre malgré sa popularité et un compte en banque de 4,5 millions d’euros. Il vit toujours à Manacor, sur l’île de Majorque. Il partage avec MariaIsabel, sa s£ur, l’étage supérieur de la demeure familiale. A l’étage en dessous, ses parents. Son coach Toni avec sa femme et ses trois enfants occupent le deuxième, ses grands-parents le rez-de-chaussée. Sa famille prospère. Son père Sebastian vend des châssis de fenêtres et possède un restaurant. Rafa témoigne :  » Ma famille est l’essentiel dans ma vie. A Manacor, je suis un garçon comme les autres. Les gens me félicitent quand ils me voient en rue mais sinon, ils me traitent comme les autres jeunes. Ils m’ont connu tout petit. Vous savez, je n’ai qu’un objectif dans la vie : être heureux. Il n’a pas changé « .

Alors que les Espagnols et les amateurs de tennis en général attendent sans cesse davantage de lui, qu’il est devenu une idole dans son pays, on peut le voir, à une heure d’un match important, taper joyeusement de la balle avec Toni. Il s’amuse.  » Mon oncle me le répète : je dois apprendre à perdre, car c’est inhérent au sport. Les meilleurs ont des jours sans. Il a raison mais gagner est évidemment plus chouette ! Je suis en train d’apprendre cette leçon. Lorsque je remonte sur le court après une défaite, je suis encore trop nerveux « .

FILIP DEWULF

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