© BELGAIMAGE

Une bonne claque pour les mathématiciens

Le titre de Bruges est une bonne claque pour tous ces joueurs, entraîneurs et dirigeants qui disent que le championnat commence en mars, que le plus important est de se qualifier pour les play-offs parce que dans ces matches, tout est possible. Oui, tout est possible, on a encore bien failli le voir cette saison.

Mais tous les gens qui raisonnent comme ça, les apothicaires, les mathématiciens pourraient jeter un oeil sur le classement après neuf journées de phase classique. On était au début du mois d’octobre. Bruges survolait avec 24 points sur 27, Anderlecht avait 15 points, le Standard comptait neuf points, Gand n’avait que six points.

Après deux matches de play-offs, Gand était devenu un candidat au titre. À trois matches de la fin, Anderlecht aussi pouvait toujours y croire. Quand il ne restait que deux matches, le Standard avait encore des chances. Très bien, ça veut dire que tous ces clubs ont eu des bonnes séquences, avec pas mal de victoires, que ce soit en phase régulière ou en play-offs.

Mais ces mêmes clubs ont bâclé leur début de championnat et, au bout du compte, ils l’ont payé. Pendant que Bruges déroulait dans les premiers matches, ça calait ailleurs. Et ce sont ces points-là, notamment, qui permettent aujourd’hui au Club d’être champion. Donc, oui, tu peux coiffer le titre en faisant des play-offs magnifiques, mais si tu engranges plus tôt, tu augmentes tes chances. Tout le monde ne l’a pas compris.

Chaque équipe a eu un passage à vide mais Bruges a eu le mérite de limiter le sien. Ses joueurs n’ont pas connu une vraie traversée du désert, simplement l’une ou l’autre période de plus basse conjoncture. Au contraire des autres candidats au titre, le Club n’a jamais été très mauvais. Et dans le match de l’année, dimanche à Sclessin, il a géré.

Un enseignement de ce choc est le manque de fraîcheur des joueurs du Standard. Comme si, d’un coup, l’accumulation de fatigue les avait frappés. Ils ont énormément dépensé depuis le début des play-offs, ils ont continué à le faire pendant la première demi-heure contre Bruges, puis la machine a un peu bloqué. Ça se comprend, aussi, quelques jours après leur prestation et leur victoire sur le terrain d’Anderlecht. Subitement, Mehdi Carcela et Edmilson n’ont plus trouvé les espaces, ils n’ont plus su multiplier les occasions, et ça s’est immédiatement payé.

Tout le monde n’a pas encore compris que c’était mieux d’être prêt dès le mois d’août.

On dit partout que le titre mérité de Bruges est celui d’un collectif. C’est exact mais on doit quand même ressortir l’une ou l’autre individualité. Je choisis Ivan Leko, qui a dû succéder à MichelPreud’homme puis gérer l’élimination européenne dès l’été. Il a fait ça comme un grand. Je cite aussi Hans Vanaken et Ruud Vormer, dont les statistiques sont excellentes. Anthony Limbombe devait faire oublier José Izquierdo, c’est réussi. Marvelous Nakamba a fait le job dans l’ombre de Vormer et Vanaken.

Marc Degryse
Marc Degryse© BELGAIMAGE

Abdoulay Diaby doit être mentionné aussi. Et il y en a un autre dont on parle peu, mais c’est un phénomène de la saison : Brandon Mechele. Un défenseur qui a 100 % de temps de jeu, en phase classique puis en play-offs, c’est remarquable. Tous les autres joueurs ont été tirés vers le haut par ceux-là. Sauf les gardiens, évidemment. Tu as besoin de cinq gardiens différents parce qu’il n’y en a aucun qui donne satisfaction, puis tu finis encore champion, c’est un autre enseignement fort de la saison.

Aujourd’hui, la lutte pour la deuxième place est illustrée par la guéguerre entre Hein Vanhaezebrouck et Ricardo Sa Pinto. Les coaches d’Anderlecht et du Standard qui se piquent, qui s’affrontent publiquement, qui se démolissent mutuellement. Où va-t-on ? Quel manque de classe, des deux côtés ! On attend d’eux qu’ils soient les vitrines de leur club. Elles ne sont pas belles, les vitrines. Sa Pinto va partir, il va rentrer au Portugal avec la tête haute, ça semble écrit. Je retiendrai ses excès mais aussi son bilan sportif qui est remarquable et la façon dont le vestiaire l’a suivi. Changer encore une fois d’entraîneur après un parcours pareil, ça étonne, c’est un raisonnement difficile à suivre. Encore et encore.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire