Une autre ère

La lutte contre le dopage porte ses fruits.

PAR BENEDICT VANCLOOSTER

Il aura fallu quatre années de bagarres juridiques mais Alejandro Valverde a enfin été suspendu dans le monde entier. Le vainqueur de la dernière Vuelta est écarté jusqu’à la fin de l’année 2011. De tous les coureurs impliqués dans l’ Operación Puerto, l’Espagnol était le seul à encore exercer tranquillement sa profession.

Le jugement du tribunal international du sport de Lausanne (TAS) encourage les chevaliers de la lutte antidopage, une semaine après un autre jugement historique, prononcé cette fois en Italie. Pour la première fois de l’histoire, un coureur a été puni sur base de son passeport biologique. L’Italien Francesco De Bonis (ex-Gerolsteiner), qui n’a jamais été positif, a eu le douteux honneur d’être le premier coureur suspendu pour deux ans suite à des valeurs sanguines fluctuantes. La sanction ne se limite plus à une suspension. Depuis trois ans, l’UCI se réserve également le droit d’infliger des amendes aux dopés. Le 19 juin 2007, Mark Cavendish et Sandy Casar ont été les premiers à signer le Contrat pour un nouveau cyclisme. Cette charte contraint les coureurs convaincus de dopage à verser l’équivalent d’un an de salaire.

Initialement, le texte se voulait plus symbolique qu’autre chose. Nul ne s’est donc étonné qu’au début, les cyclistes impliqués soient épargnés. Michael Rasmussen et Alexandre Vinokourov s’étaient même tournés vers la justice pour contester leur amende.

L’UCI a réagi en renforçant le système d’amendes, repris dans le règlement antidopage. Au début de cette année, l’Espagnol Iñigo Landaluze, un ancien vainqueur du Dauphiné Libéré, a été le premier à être condamné à une amende (27.300 euros) sur base du fameux article 326. Depuis, l’UCI a récolté 650.000 euros en amendes. L’ancien vainqueur du Giro, Danilo Di Luca, doit alimenter le fonds antidopage de l’UCI à concurrence de 280.000 euros.

Il y a treize ans, quand les premiers contrôles du taux d’hématocrite ont été effectués à Paris-Nice, trois coureurs modestes avaient été attrapés, comme si le cyclisme ne connaissait pas de problème de dopage. Plus tard, la bombe Festina et l’ Operación Puerto ont éclaté. Il s’agissait d’être ferme. Le test de détection de l’EPO a été introduit, puis le passeport biologique. Depuis quelques années, de nombreux coureurs ont été confondus. L’avance des tricheurs sur les garde-chasses se réduit.

Cette lutte reste cependant éternelle, comme le démontre le récit de Davide Cassani à propos de la tricherie mécanique. L’ancien coureur transalpin, consultant de la RAI, a montré comment insérer un moteur dans un vélo de course. La recherche de méthodes (illégales) pour développer plus de watts que l’adversaire reste l’essence du cyclisme.

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